Prosterne-toi ou je te soumettrai...

Claire

      Je me lève vers treize heure. Ma nuit a été peuplée de rêves qui ont été envahis par le visage du beau brun ténébreux. Je ne sais pas pourquoi il me reste en tête de la sorte. Je n'avais fait que le croiser la veille et pas d'une très bonne façon. Je vois que Iris est déjà debout. Comme à chaque fois, elle me demande comment s'est passée ma nuit. Je lui raconte alors l'évènement de la veille et elle éclate de rire.

- C'est mignon Claire, on voit que tu n'es pas encore habituée à ce genre d'approche dans le métier ! Tu vas voir, bientôt, tu ne feras plus attention à ça. Et puis, si Joe est là, tout ne peut qu'aller bien. 

Iris est très grande et blonde. Elle a de superbes atouts et ne les cache pas. Elle est aussi demandée que moi au club. Nous nous croisons souvent au niveau de nos horaires mais cela arrivent que certaines soirs, nous soyons de corvée toute les deux.

Je prend ma douche, je mange et pars dans le centre faire quelques achats. Je n'arrive pas à le sortir de mon esprit. Cela m'énerve au plus au point. Je sais qu'il n'est pas banal, qu'il dégage quelque chose de différents des autres mais je ne vois pas quoi.

    La nuit tombe rapidement. Il est bientôt vingt-et-une heure. Je dois déjà partir au club. Je prend mes affaires et monte dans ma voiture et pars pour le travail, même si je suis à deux rues du club, c'est toujours mieux d'être à l'abri dans sa voiture. J'ai toujours trouvé cela étonnant de voir les gens rentrer chez eux alors que je pars seulement travailler. C'est amusant. Iris était déjà partie. Elle passe juste avant moi. Nous préférons ne pas nous en aller ensemble car je sais toujours comment elle rentre, au bras d'un homme. Elle adore les relations avec les autres. Surtout avec eux et je ne trouve pas ça déplaisant du moment que ça n'empiète pas sur ma vie dans l'appartement. Quelques fois, quand je me réveille, je trouve un homme entrain de déjeuner avec elle dans la cuisine. Nous parlons un peu ensemble et puis je sais que je ne le reverrai plus. Rien ne dure jamais longtemps avec Iris.

Je passe devant le club avant de m'engouffrer dans le parking privé à l'arrière de celui-ci. Étrangement, il n'y a aucune file ce soir. Même pas de videur alors que nous sommes un vendredi soir. Il est peut-être trop tôt mais normalement il y a toujours quelqu'un à l'entrée. Je pousse la porte de l'entrée de service. Je commence à me changer, le même rituel cinq soirs par semaine. J'ai enfin fini quand on frappe à ma porte. Le signal est donné. Je sors et remarque que les loges ne sont pas très animées, je commence à me demander ce qu'il se passe. Heureusement pour moi, je croise Iris. Elle descend les escaliers presque entièrement dévêtue, seul un string rouge cache encore le nécessaire. Elle sautille sur place et semble plus joyeuse que d'habitude.

- On a un gros client ce soir, dit-elle en sautillant sur place. Et il est tout simplement canon !

- Calme-toi enfin ! C'est ça qui te met dans cet état ? je ris avec elle.

- Non. Tu vas avoir une petite surprise en montant mais je ne te dis rien. dit-elle en repartant.

Je n'ai pas le temps de lui poser une question de plus. Elle s'est déjà enfermée pour se changer. Je monte. J'attends que la musique démarre avant d'entrer dans la salle. Prise par ma chorégraphie je ne remarque pas tout de suite ce qui m'entoure. Lorsque je lève ma tête, je manque de trébucher. J'arrive à me rattraper de justesse. Je n'en crois pas mes yeux. La salle est entièrement vide. Pour qui je danse alors ? Je fais le tour de la salle du regard. Je ne vois personne. Je ne comprend pas mais je continue. Iris m'a dit que j'allais avoir une surprise et j'attends toujours. Je monte sur l'estrade, je m'accroche à ma barre et à ce moment là, je le vois. Je le vois lui, assis au premier rang, à moins de cinq mètres de moi. Le beau brun ténébreux. Je manque encore une fois de m'écrouler.  Il est dans un autre état que hier. Il est toujours en costume sombre mais il n'est pas ivre cette fois. Il me regarde tout sourire. Je ne le lui rend pas. C'est donc lui le client important ? Je frissonne. Il m'observe comme si j'étais une marchandise en vitrine.  Je me concentre pour ne pas mon tromper. Je le fixe intensément. Je peux le faire moi aussi.  Pendant que je danse, un duel de regards s'installe. Ses yeux verts se plissent. Il ne doit pas avoir l'habitude qu'on lui tienne tête.