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Layana rentre à la maison le cœur un peu plus léger. Elle savait qu'elle s'engageait dans une étrange aventure, mais elle estimait qu'elle n'avait pas le choix. Faire un bébé pour quelqu'un, c'était un boulot comme tout autre. Elle devait quitter la maison et pour ça non plus, on ne lui avait pas laissé de choix.
Dès son retour, son père l'appela. Elle se dressa devant lui avec un visage triste.
-Layana !
-Papa !
-'papa papa' ne joue pas les filles soumises avec moi, parce que je te connais. Je ne sais pas pourquoi je t'ai ramassé dans le tas d'ordure où tu piaillais. C'est mon plus grand regret aujourd'hui. À moi non plus tu n'as pas porté le moindre bonheur ! Ma femme qui t'aimait plus que ses propres enfants, est morte le jour même de ton dixième anniversaire ! J'ai payé tes études meme si depuis la sixième tu bénéficiais d'une bourse. Je te donne en mariage et tu te permet de refuser cet homme ? Sous prétexte qu'il est manutentionnaire au port ! Parce que tu as de grave dans diplôme, tu te prends pour la perle rare ! Antoine est un homme riche je t'en informe. Tu me dis qu'il est ivrogne mais écoute un homme à bien le droit de boire de temps en temps, non ? Tu n'as plus que quelques jours à passer dans ma maison, tu le sais déjà. Soit tu rejoins ton foyer avec Antoine, soit tu disparais de ma vie pour toujours. Le jour où je mourrai, je ne veux meme pas de tes larmes. Tu m'entends, fille de malheur ?
-oui papa
-tu t'es trouvé du travail ?
-pas encore papa
-tant pis pour toi ! Commence à ranger ce que tu as de bagage car tu pars dans quelques jours. N'attends pas jusqu'à dimanche. Dès samedi pars et je reviens plus . Compris ?
-oui papa

Dans la peau de Layana

Après cette conversation avec mon "père", je suis retournée dans ce débarras qui me servais de chambre. Ma vie n'avait jamais été aussi dure depuis le remariage de mon père. Sa nouvelle femme ne détestait cordialement. Dès le premier jour elle ne m'a pas aimé. Avant, mon père était quand même attaché à moi et m'aimais. Madame Aurelie, la nouvelle épouse fut un peu moins méchante avec moi lorsqu'elle sut que j'étais une sorte de vache à lait. Lorsque j'ai perdu mon boulot, elle m'a laissé tranquille pendant un moment. Le temps de dilapider mes millions avec son époux. Elle recommença à me persécuter encore plus qu'avant quand ils eurent tout dépensé. Mme Aurelie ne se fatiguait jamais de m'insulter, pour elle rien de ce que je faisais n'était bien: ménage, cuisine, vaisselle, tout y passait.
Quant à mon père, il tenta tout ce qu'il put pour m'empêcher de parler avec mes frères et sœurs. Il ne me remettait jamais les lettres qu'ils m'envoyaient, il les interceptait et les retournait en prétendant que j'étais jalouse et mécontente de n'être pas allée en France. Choqués, ils n'ont plus cherchés à me recontacter et j'en avais beaucoup souffert au début mais je m'y suis habitué. Lorsqu'on vivait déjà tous ensemble, ils ne se privait pas de me rappeler très souvent que je n'étais pas leur sœur de sang, leur vraie sœur. La vie était un peu trop dure avec moi . Le marché avec monsieur Adebola pourrait me rapporter de l'argent, et avec ça je pourrais ouvrir une boutique et m'en sortir, si je n'ai pas pu trouver de place dans une entreprise.

Pendant que Layana rangeait ses quelques affaires, William avait appelé son homme de confiance, hm véritable agent secret tellement qu'il était discret. Il lui avait demandé de chercher un trois pièces, une villa de préférence, en pleins centre ville. Ce dernier promit que ce serait fini le jour même, car un couple d'Americain libérait une jolie petite villa en zone 4.
Vers dix-sept heures, l'homme de confiance téléphona à William. Il lui donnait rendez-vous pour la visite de la maison. William se rendit sur les lieux et fut conduit par un jeune homme. La maison était vraiment belle, elle donnait directement sur la lagune avec un petit jardin. C'était parfait. Il prit l'adresse de l'agence immobilière qui l'a gérait et appela immédiatement son homme de confiance une fois dans sa voiture. Il lui envoya un chèque et régla tous les détails relatifs à la location et retourna au bureau. Il était content comme si il avait conclu un marché qui devait lui rapporter des millions. C'était tout juste si il ne souriait pas à pleines dents...
Rentré un peu plus tôt à la maison, William prit une douche, se relaxa et se mit en route pour retrouver Layana au restaurant. Elle y arriva à dix neuf heures pile, c'était quand même un rendez vous d'affaires et elle n'allait pas se faire désirer. Elle s'était superbement habillée alors qu'elle n'avait pas tellement d'argent . Son unique amie lui avait donné un peu d'argent deux semaines plus tôt, avant de rejoindre son fiancé en Grande Bretagne. Elle les dépensait seulement pour des choses utiles.
William entrait dans le parking quand Layana franchit la porte du restaurant. Il put comme il voulait admirer ses belles jambes et ... tout le reste. Elle était magnifique. Il se sentit bizarre de penser ça . Elle n'était pas très stylée faute d'argent mais il allait la relooker se disait-il. Mais pour quel but, puisqu'elle n'est que sa mère porteuse ? Et les apparitions en public ? Il ne pourrait pas la cacher jusqu'à ce que l'enfant ait un an !
-bonsoir Layana ! Tu es très ponctuelle
-bonsoir William. J'apprends à être digne du rôle qu'on m'a confié.
William se mit à rire et lui prit le bras pour entrer. Il était élégant, il était habillé d'un simple polo et d'un jean. Ils formaient un beau couple. Certaines personnes reconnurent William et le saluèrent d'un signe de la tête. Ils étaient aussi occupés à se demander qui était cette belle jeune femme avec lui. Sans s'occuper d'eux, William installa Layana et s'assit à la table à laquelle on les avait conduits. Aux yeux des gens, ils étaient comme un couple ordinaire.
- ça y est, j'ai trouvé la maison.
-déjà ? Mais c'est super ça
-elle n'est pas encore meublée, mais ce n'est pas un problème. On va repeindre les murs, nettoyer le carrelage et la moquette. Tu passeras à l'adresse que je vais te donner tout à l'heure pour choisir les meubles. Tu prends ce qui te plaît. N'hésite surtout pas. On va équiper la cuisine également. Tu pourras acheter par la suite ce dont tu auras envie. J'ai un architecte d'intérieur, il pourrait s'occuper de ça, si tu es d'accord bien sûr. Seulement je voudrais que tu déménages dès demain. Tu viens habiter chez moi.
Elle eut un mouvement de recul, comme un réflexe d'auto défense qui n'échappa pas à William.
-n'aie pas peur, Layana. Je ne te toucherai pas. Tu auras ta propre chambre. Ce sera plus facile pour toi d'effectuer les courses avant ton déménagement. Fais moi confiance.
- d'accord ! Dit-elle rassurée
Pourtant elle aurait aimé dormir avec lui, dans le même lit, dans ses bras. Mais ils étaient en affaires et elle n'allait pas tout détruire par des rêves insensés. Ils passèrent au moins une heure dans le restaurant. William lui commanda un taxi puis en la mettant dans le taxi lui fourra une liasse de billets neuf dans la main alors qui venait de lui remettre une de ces grosses enveloppes kaki. Il lui avait dit aussi dit qu'elle pourrait recevoir les deux millions dès qu'elle le demanderait. Elle n'en croyait ni ses yeux ni ses oreilles ...
Malgré tout ce qu'il lui avait fait subir, Layana avait mal à l'idée de quitter son père. Elle n'avait personne d'autre au monde que lui et ceux qui étaient biens confortablement installés en France. Mais, puisqu'il la chassait de sa vie, elle n'avait plus qu'à partir.
Une excitation qu'il avait du mal à comprendre saisit William. Était-ce simplement parce qu'il avait trouvé une mère porteuse pour son futur bébé ? Ou l'idée d'avoir la belle Layana à la maison ?

Le contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant