Chapitre 3 : Incertitudes

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Leurs voitures garées sur l'immense parking de la faculté, Adèle Delettre et Thomas Rocher pénétrèrent dans le bâtiment afin de s'annoncer à l'accueil. Immédiatement, la secrétaire reconnu la criminologue.

-Madame Delettre ! Vous êtes en service ce matin ?, s'étonna-t-elle.

-Bonjour madame Petitjean. Oui, je travaille avec la police le vendredi. Je vous présente le commissaire Thomas Rocher, mon supérieur. Nous avons besoin d'interrompre le cours salle 204. Un... crime a été commis et... la victime est la mère de l'unes de nos élèves, expliqua brièvement Adèle, en essayant d'être la plus évasive possible afin de ne pas trop en dévoiler à cette bavarde de secrétaire.

-Oh, Mon Dieu ! Mais c'est affreux ! Je vous en prie, faites ce que vous avez à faire, vous connaissez le chemin.

-Je vous remercie. Viens, c'est par là, indiqua la jeune femme à son mari.

Le couple emprunta l'escalier le plus proche pour se rendre au deuxième étage. Après avoir arpenté les couloirs à la longueur interminable, ils parvinrent enfin face à la salle 204. Adèle connaissait bien cette salle-là. En effet, il s'agissait de l'amphithéâtre dans lequel elle dispensait ses cours de criminologie le mardi et le jeudi. C'était l'un des plus grands de la fac, c'est pourquoi elle fut quelque peu intimidée à son arrivée. Mais son caractère ténébreux et autoritaire lui permis vite de se faire respecter de bon nombre de ses étudiants. Pourtant, aujourd'hui, elle appréhendait d'apparaître à eux en tant que criminologue. Tous les profs ont des vies après la fac, mais les étudiants ne les connaissent pas. C'est un peu comme un mystère, quelque chose qui faisait débat entre eux tout au long de l'année, comme une sorte de course à celui qui obtiendrait les meilleures infos. Elle se plaça un peu en retrait derrière Thomas, de sorte à ne pas apparaître la première à ses élèves. Savoir qu'ils allaient apparaître, là, les surplombant, et que des centaines de regards allaient se braquer sur eux la mettait dans un état assez oppressant. Son mari toqua spontanément, comme il le faisait toujours, à dix milles lieues de se douter de l'angoisse que ressentait sa femme à cet instant précis. Ils patientèrent quelques secondes, puis un "entrez" se fit entendre. Thomas ouvrit la porte et entreprit la longue descente jusqu'à l'estrade du professeur, talonné par Adèle. La criminologue regarda immédiatement l'estrade afin de découvrir le professeur qui avait pris sa place ce matin. Elle sourit. Il s'agissait de Jean-Claude Moustier, le spécialiste en droit privé. C'était un collègue qu'elle appréciait, et c'était réciproque. Pas des plus futés, mais d'une grande gentillesse, avec toujours le mot pour rire et surtout, dispensant un enseignement de grande qualité. Pas toujours reconnu à sa juste valeur par ses étudiants malheureusement, mais il fallait bien avouer que les jeunes actuels, bien qu'étant adultes, n'avaient pas une réputation de foudres de guerre. C'était dans l'air du temps, il fallait s'y faire. Les yeux rivés sur la projection murale, la jeune femme s'efforçait de ne pas détacher son regard, afin de ne pas croiser ceux de ses élèves. Ils avaient fait à peine quelques pas, qu'elle entendait déjà de nombreux murmures dans l'assistance.

-Hé, mais c'est pas la prof de crimino ?
-Mais ouais t'as raison !
-Qu'est-ce-qu'elle fait là ?
-J'sais pas. On va bien voir.

Ne surtout pas se retourner. Continuer d'avancer en suivant Thomas, vite terminer la descente. Une minute plus tard, ils étaient enfin en bas. Le commissaire s'approcha de Jean-Claude Moustier comme s'il le connaissait depuis toujours, puis lui murmura quelques mots à l'oreille. Ce dernier acquiesça d'un simple geste de la tête, avant de prononcer ces mots à l'attention de ses élèves.

-Mademoiselle Alice Valmont est-elle dans la salle ?

Silence de mort. Était-elle véritablement absente, ou bien trop timide pour se dévoiler ? Après avoir attendu quelques secondes, le professeur de rapprocha de son micro, visiblement exaspéré. Alors qu'il s'apprêtait à parler une seconde fois, une silhouette s'éleva dans l'assistance.

Borderline (Profilage) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant