Harry se réveilla de bonne heure. L'atmosphère qui pesait dans son appartement était lourde et le rendait transpirant. Aussitôt debout sur ses pieds, il s'avança vers la seule fenêtre puis l'ouvrit en grand pour laisser passer l'air.
Il détestait les nuits d'été. Elles étaient longues, humides et chaudes. Il était impossible de trouver le confort quand le moindre mouvement le faisait suer comme s'il venait de faire une séance de sport. Rien n'était plus horrible pour lui que de se réveiller en sentant les draps mouillés sous son corps enfoncé dans le matelas. Et en l'occurrence, ceci arrivait chaque nuit depuis début juillet. Depuis, il n'avait rien découvert de mieux que la douche froide au réveil. Ce fut d'ailleurs la première chose qu'il fit après avoir ouvert la fenêtre. Rapidement, il sentit ses cheveux s'aplatir et coller à sa peau tout en laissant l'eau dévaler le long de son corps. Son avant-bras et son front furent tous les deux posés contre le carrelage frais et mouillé de la douche contre lequel il se reposa quelques secondes, le temps de se réveiller. Durant ces quelques secondes où ses yeux furent encore collés de sommeil, Harry pris le temps de respirer profondément et de profiter de la fraîcheur du jet sur lui. Ce fut son ventre qui lui fit ouvrir les yeux ainsi que les bruits qui provenaient de ce dernier. Il avait faim. Inévitablement.
Il franchit la porte du hall de l'immeuble quelques minutes plus tard après s'être lavé rapidement. Son visage se crispa lorsque la vague de chaleur vint lui envelopper le visage à la seconde même où il mit un pied dehors. Heureusement, ses cheveux encore totalement mouillés dans sa nuque le rafraichissait un petit peu.
Sur son chemin jusqu'à la boulangerie, Harry se demanda comment était-il possible qu'il fasse aussi chaud à une heure aussi peu avancée de la journée. Il n'était pas encore dix heures du matin et pourtant, les passants dans la rue furent tous recouverts de taches de transpiration ainsi que d'humidité luisante sur le front. De plus, Montmartre était un quartier situé en hauteur alors souvent, il arrivait que certaines rues soient en réalité de sacrées pentes. Il n'y avait rien de pire que de les monter lors des canicules. L'appartement d'Harry se trouvait aventagement au début de la rue, dans les premiers numéros, avant que le réel effort physique soit nécessaire. Durant l'été à Paris, chaque pas était réduit à une création infinie de sueur, sans même avoir besoin d'accomplir quelque chose de dingue.
Le bouclé fut subitement pris de nausées. Il sentit son ventre se tordre et le menacer de faire remonter le dernier repas qu'il avait mangé la veille. Dans la liste des choses qu'Harry n'appréciait pas se trouvait les boucheries. Il les détestait par-dessus tout. Actuellement, la boucherie de sa rue fut la raison de ses haut-le-coeur. Harry ne supportait ni la vue de la viande exposée de la sorte en vitrines, ni l'odeur immonde qui s'échappait quelques mètres plus loin, plus précisément dans ses narines. Il se demandait réellement quelle était la raison des gens pour les pousser à consommer un tel aliment. En tant que végétarien, c'était difficile pour lui de passer devant ce type de boutiques. Il faisait à chaque fois de son mieux pour ne pas regarder et seulement respirer par la bouche le temps d'avancer un petit peu plus loin. Comme maintenant. Il continua de marcher à grands pas le long de la rue en tentant d'oublier les visions qu'il venait d'avoir. À chaque fois, cela lui rappelait le pire livre qu'on lui avait fait étudié l'an passé, durant sa dernière année de lycée. La curée d'Emile Zola. Dans son sens le plus connu, on appelait « la curée » les morceaux de carcasses de viande non comestibles par l'humain que l'on donnait ensuite aux chiens afin de les nourrir. Quand on lui avait expliqué cette analyse l'an passé — après avoir commencé à lire — Harry ne pu continuer dans sa lancée. Car son but à lui, Zola, était d'utiliser cette métaphore pour représenter la société pendant le Second Empire. Plus particulièrement les grands hommes de l'époque. Les riches. Les personnes qui, au sein de Paris, étaient prêts à tout pour finir avec le plus de richesses. Exactement comme les chiens affamés qui seraient prêts à s'attaquer pour manger le dernier bout de viande. Ainsi, dès que le personnage d'Aristide Saccard entrait en jeu, Harry avait à chaque fois la vision d'un chien enragé et d'un gros morceau de viande fraîchement abattu.
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De là-haut [larry]
FanfictionLouis est un élève anglais en vacances à Paris durant l'été. Ce dernier est à la recherche d'endroits connus à représenter sur ses toiles et améliorer ses talents. C'est au Sacré-Coeur, au sommet de Montmartre où la vue vertigineuse domine la capit...