De là-haut [larry]

Partie cinq

Nous n'apprenons jamais le savoir, nous le vivons.

Harry était persuadé qu'aller à la poursuite du savoir n'était pas la bonne manière de s'instruire. Il fallait le découvrir, l'apprécier et prendre son temps. Quel était l'intérêt de se jeter sur la première information venue et de l'imprimer robotiquement dans son cerveau quand il existe un réel intérêt ?

Mais quand il s'agissait de Louis, Harry voulut tout savoir. Il était affamé de sa personne et de son art. Toujours plus, il voulait. Il l'attirait comme un aimant, à un point où ils n'arrivaient désormais plus à se séparer. Tous deux le savaient. Tout venait de débuter et pourtant le final se tenait droit devant eux, à quelques mètres à peine. Ils le virent tous les deux, main dans la main, enlacées fermement. L'été n'était pas éternel. Rien ne l'était. Encore moins leur amour. Ils durent faire face à la vie cruelle, à son acharnement et son avidité de briser les gens.

Les Buttes-Chaumont. Telle fut leur destination d'aujourd'hui.

Après ce qu'il s'était passé il y a deux jours, tous deux trépignaient d'impatience à l'idée de se revoir. Ils auraient voulu se retrouver la veille, mais la pluie du jour précédent avait laissé place à des températures encore plus chaudes qu'elles ne l'étaient avant les averses. Connaissant mieux la ville sous une telle météo, Harry avait — à contre cœur — jugé cela plus judicieux qu'ils restent chez eux. Alors pour passer le temps, ils s'étaient parlés toute la journée à travers leurs téléphones. Comme si rien n'avait changé entre eux et que cette complicité s'était déjà établie bien avant que tout soit concrétisé par un baiser.

Une petite gêne était remontée quand ils s'étaient rejoints à l'entrée du parc car aucun d'eux ne savait réellement comment se dire bonjour. Ils ne se sont finalement pas embrassés. Seule la main de Harry s'est tendue vers Louis pour attraper la sienne et refermer ses doigts autour des siens. À partir de cet instant là, Harry avait décidé qu'il adorerait toujours lui tenir la main, parce que celles de Louis sont toutes petites et que les siennes sont immenses à côté. Et même s'il faisait chaud et que leurs paumes transpiraient, cela l'importait peu. Harry cherchait discrètement tous les moyens possibles pour avoir ne serait-ce la moindre possibilité d'avoir un contact physique avec Louis. Il y avait réfléchi, à cette envie qui lui trottait dans la tête, mais il n'y avait pas trouvé d'explication. Il pensait simplement que c'était naturel quand on appréciait quelqu'un et que Louis devait se sentir de la même manière de son côté.

Malgré le fait que chaque début de relation —si on pouvait appeler ce qu'ils vivaient une relation— soit assez réservé, Harry ne réussit pas à oublier que les jours passaient. Il se fichait des maîtres de l'amour qui répétait sans cesse qu'une relation devait avancer progressivement. Eux ne vivaient probablement pas un amour d'été. Ces personnes pensaient que la meilleure chose dans une nouvelle relation, c'était quand elle débutait et que les deux personnes apprenaient doucement à se connaître. Lorsqu'il voyait tous ses amis se mettre en couple au lycée, tous disaient à Harry que les choses se faisaient progressivement. Qu'on ne pouvait pas tout connaître d'une personne en quelques semaines et que tout cela prenait du temps. Qu'on ne devait pas chercher directement à vouloir tout savoir, mais que tous les détails les plus intimes se feraient connaître naturellement au bord d'une tasse de thé, accoudés à une fenêtre ou en sueur au milieu des draps. Chaque moment vécu nous permettait d'avoir l'occasion d'apprendre de nouvelles choses, que cela concerne une personne ou un sujet totalement random.

Cela avait été très difficile et surtout douloureux pour Harry de réaliser que l'été n'était pas éternel. Rien ne l'était. Le temps s'effaçait et leur couraient après. Au fur et à mesure que les jours passaient, les couleurs de l'été s'estompaient pour laisser place aux feuilles séchées et courbées sur le sol constamment humide. Leur amour était éphémère. En y réfléchissant, tout était éphémère. Même la vie. Mais à une échelle différente. Et celle qui permettait de mesurer le temps restant à passer aux côtés de Louis était malheureusement trop courte.