Daddy

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Caïn regarda le cimetière les yeux dans le vague.

Aïh lui avait donné un nouveau rendez-vous.
Ce serait chez lui cette fois-ci.
Il était 16 heures passées, ils avaient rendez vous dans moins de deux heures.

La mélodie du piano ne cessait de tourner dans sa tête, l'empêchant de dormir parfois.

Aïh avait réveillé quelques mauvais rêves.

Pourtant Caïn n'avait pu détacher ses yeux de la belle silhouette de l'homme assis sur ce tabouret jouant sur ce piano.

Il voulait entendre de nouveau ces notes éraillées, légèrement désaccordées.

- Salut Maman.

La tombe était blanche, quelques feuilles mortes recouvraient la pierre.

Il s'accroupit devant.
L'air était froid.

Il enserra l'écharpe d'Aïh pour se couper de la froideur de la saison.
Il balaya ensuite la pierre avant d'y déposer une petite bougie.

Il sortie en même temps une cigarette et son briquet.

La fumée toxique se mêlait à l'odeur de vanille de la petite bougie.

Sa flamme vacillait.
Le vent soufflait.

- J'ai rencontré quelqu'un.

Il prit une grande inspiration.

- Il a les cheveux noir et la peau un peu mate. Dorée même. Il est beau. Je crois je l'aime pour de vrai.

Il souffle la fumée.

- Il est doux et incroyablement compréhensif. Tu sais lui, eh bah... Il a aussi des problèmes, je crois. Mais il prend soin de moi sans rien demander.

La flamme vacille plus fort.
Des feuilles s'envolent.

- Il joue du piano, tu sais. Il a jouer sur ton piano même. C'était beau, j'ai pleuré même.

Il renifle.
Il allait tomber malade, il faisait froid.

- Je crois qu'il a eu peur d'avoir fait une erreur en rentrant dans son bureau tu sais.

Il protégea la petite flamme d'un violent coup de vent.

- Je vais chez lui tout à l'heure. J'ai envie de lui raconter maman, tu sais. Papa, tout ça...
J'aimerai bien qu'il me parle de ses cicatrices aussi.

Il laissa la cigarette se consumer un temps.

- Maman j'ai envie qu'il rejoue sur ton piano. Même si papa voulait plus qu'on y touche. Je crois que ça te ferait plaisir.

Il rit, essuyant une larme.

- Les gens dans l'université connaissent même pas mon vrai nom... Tu sais, ils m'appellent Siren. Parce que je chante bien apparemment. Personne me connait vraiment ici... Enfin je te l'avais déjà dit.

Il reprit une taffe.

- Je serais là quand ta réalité sombrera. Tu disais ça souvent. Je m'en souvient, j'aimais bien cette phrase. T'étais là meilleure, même si t'étais plus là quand tout est parti en vrille.
Tu me manques Maman...

Il écrase sa cigarette avant de s'éloigner de la pierre.

Aïh l'attendait.










Singing like a SirenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant