Parchemins et confidences

Cœur-de-pierre

Alors que Ron, l'air complètement désespéré, était affalé sur ses livres ouverts, Harry releva la tête dans ma direction lorsque je passai par le tableau de l'entrée de la salle commune.

- Hermione ! s'écria-t-il.

- C'est pas trop tôt, t'en as mis du temps, ronchonna Ron en se retournant vers moi.

- Désolé, je n'ai pas trouvé ce que je cherchais, m'excusais-je en toute vérité.

Une heure auparavant, je quittai la salle commune, laissant mes amis travailler seule, prétendant avoir un livre à aller chercher à la bibliothèque. Évidemment, ce n'était que partiellement vrai puisque je suis bel et bien allée chercher ce livre. Cependant, ce que je ne leur avais pas dit c'était qu'après ça je suis retournée dans le coin derrière les escaliers au quatrième étage pour pouvoir y pleurer sans que personne ne me voit et surtout pour pouvoir discuter avec mon ami inconnu. Malheureusement, non seulement je n'ai pas pu le faire car le parchemin sur lequel on discutait n'est jamais réapparu mais en plus je suis tombée sur un deuxième année aussi tête en l'air que moi dans les escaliers sur le chemin du retour.

Je m'installai alors à la table à côté de Ron à moitié endormi sur son devoir de potion. Il avait la trace de ce qu'il avait écrit sur la joue gauche, ce qui me fit sourire silencieusement. Harry, lui, avait l'air très concentré sur un devoir de Défense contre les forces du mal. De temps à autres il levait des yeux dans ma direction comme s'il essayait de lire dans mes pensées. Je savais qu'il me soupçonnait de quelque chose, mais ne semblait pas encore en être tout à fait sûr pour m'en parler face à face. Il avait surement dû en discuter avec Ron mais ce dernier ne prêtait plus vraiment attention aux théories du complot dont il lui faisait part. Chaque semaine, il avait une nouvelle théorie, en particulier sur l'attitude étrange de Drago Malefoy, à propos de, selon ses dires, sa nouvelle adhésion au sein des Mangemorts. Personnellement je n'y croyais pas le moins du monde, non mais il faut être fou pour penser que Voldemort voudrait du petit imbécile imbu de lui-même tel que Malefoy, mais ça, Harry ne voulait pas en entendre parler.

Bref, tout ça pour dire que je n'avais pas encore su trouver les mots pour dire la vérité à mes amis au sujet de ma mère. Suivant les lettres que mon père m'envoyait presque tous les jours, elle était dans un état plus ou moins stable pour le moment. Consciente un jour sur deux, toujours très fatiguée, mais il n'y a eu aucune rechute depuis que je l'ai vu le week-end dernier. Mon père m'avait proposé de rentrer la voir chaque week-end mais j'ai refusé. Je préférais me concentrer sur mes études comme elle l'aurait très certainement boulu pour qu'elle soit fière de moi, et puis, je savais qu'il veillait bien sur elle. Je savais qu'en cas de besoin elle ne serait pas seule et pour moi c'est tout ce qui comptait.

Cependant, je ne peux pas nier le mal-être et le chagrin que je ressentais à chaque minute et à chaque heure de la journée et de la nuit. J'aurai aimé avoir quelqu'un à qui parler de ça, j'ai essayé pourtant. Je suis retourné au moins une dizaine de fois cette semaine à l'endroit où était apparu le petit morceau de parchemin froissé. Ce même parchemin grâce auquel j'ai fait la connaissance de cette personne dont j'ignore l'identité et dont les échanges que nous avions me faisaient un bien fou. Je commençais vraiment à désespérer, peut-être m'avait-il mentit ? Peut-être n'était-il jamais revenu ? Je ne sais pas et ça me brisait le cœur. Certains pourrait penser que c'est ridicule comme façon de penser, que ce n'était qu'un vulgaire bout de papier, qu'une simple discussion avec un inconnu qui plus est. Mais ce qu'ils ne peuvent pas comprendre c'est que, pour moi, cette rencontre était comme une bénédiction, comme si Poudlard avait ressenti ma détresse et m'avait envoyé de l'aide. Quelqu'un qui saurait comment m'aider. Cette personne, je ne la connais pas, mais elle me manque déjà tellement.