Chapitre 2

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Papier

Numéro 2

Première fois

James n'a pratiquement pas dormi de la nuit. Il n'a eu de cesse de se repasser en boucle leur rencontre, celle qui allait être à l'origine de leur histoire, de leur passion, de leur amour. Car oui, il s'agissait bien d'amour et James ne l'avait compris que trop tard. Les heures s'étaient écoulées avec leurs lots de regrets et James avait cogité jusqu'à ce que l'aube se lève enfin.

Il pousse le drap, se redresse, ses membres sont endoloris, les jointures de ses mains portent encore les stigmates de sa dernière bagarre, trois jours auparavant, dans un bar où un homme avait eu le malheur d'adresser une remarque déplacée à Marylou. James avait bondi sur lui. Il avait le sang chaud. Il était ainsi. Marylou les avait séparés et avait entraîné James dehors où elle lui avait fait une scène en lui hurlant dessus. Par réflexe, James s'était défendu sans prendre le temps d'écouter réellement celle qui partageait sa vie. Il avait gueulé puis s'était fermé comme une huître.

Une fois son café prêt, James s'installe sur le canapé et regarde son portable sans grand espoir. Il a essayé de la joindre une quinzaine de fois la veille au soir, évidemment, elle n'a jamais répondu.

Aucun message. Il fallait s'y attendre.

Il rapproche alors la boîte et hésite un instant avant de l'ouvrir. Il ne sait pas s'il est prêt pour replonger dans les souvenirs. Ça fait un mal de chien. Il peut faire semblant d'être un homme fort, il souffre quand même ! De tous les coups qu'il s'est déjà pris, celui-ci est sûrement le plus douloureux. Ses doigts soulèvent le couvercle et saisissent le papier qui porte le numéro deux. James le déplie et lit : Première fois. Il ferme alors les yeux et revient en arrière, sans lutter.

28 septembre 2019, James

Je bois un verre en terrasse avec des amis quand j'aperçois trois filles rentrer dans le pub. Je reconnais immédiatement Marylou. Je ne l'ai pas revue depuis notre rencontre au club. Un de mes amis ne peut s'empêcher de s'exclamer :

— La brune est pour moi ! Un vrai missile.

J'ai l'habitude de l'entendre faire ce type de remarque quand une femme lui plaît mais cette fois, ça me fout les boules et ça m'énerve.

— Elle s'appelle Marylou et tu l'approches pas, je rétorque, tranchant.

— Oula, on se détend, je ne savais pas que tu la connaissais, me répond Loïc, étonné par ma soudaine froideur.

Mat se marre en cachette mais il n'est pas très discret. Je le dévisage.

— Pourquoi tu ris, toi ?

— Oh pour rien, répond-il en se tenant les côtes. C'est juste que décidemment cette fille te fait tourner la tête, on n'a pas l'habitude, nous, faut pas nous en vouloir.

— N'importe quoi, je dis en haussant les épaules. Je ne vois pas pourquoi tu sors des conneries pareilles.

Mat devient plus sérieux et se penche légèrement vers moi.

— Tu n'aurais jamais amoché Ryan comme tu l'as fait uniquement pour le plaisir, tu n'es pas comme ça. Comme par hasard, ça a eu lieu après la visite surprise de la belle Marylou qui rend tous les mecs du club totalement cinglés. Et là, elle passe devant nous, tu deviens plus blanc qu'un linge et tu ne supportes pas la réflexion de Loïc alors qu'il en sort quinze à la seconde des remarques dans ce genre. Je continue ou tu t'inclines ?

— Ça va, c'est bon, j'ai compris le message.

Je ne le contredis pas, ce serait inutile. Il me connaît bien et tout ce qu'il vient de dire est vrai. Je suis bien obligé de le reconnaître.

La boîte de nos souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant