Chapitre 9

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Bonjour vous ! Je poste ici la suite de cette petite fiction qui me rends mélancolique de l'été qui est déjà bien loin... 

La chanson du jour rappelle elle aussi les longues journées chaudes et ensoleillées de l'été, passées en balade ou à la plage. Je vous laisse l'écouter si ça vous dit :)

Bonne lecture à vous !

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          Damien se préparait à quitter son petit appartement mansardé. Il parcourait avec énergie la surface de son logement. Il enchainait machinalement les gestes de son quotidien : se laver, s'habiller, se coiffer, déjeuner... Pourtant, son esprit était parti vagabonder bien plus loin. Les souvenirs de la nuit dernière virevoltaient dans son esprit et occupait l'ensemble de ses pensées. Il se revoyait entraîner Thomas dans les rues désertées par les touristes et le présenter à ses amis. Ces derniers avaient d'ailleurs apprécié le nouveau venu, même s'il était clair qu'il lui avait fallu un certain temps d'adaptation. Il se remémorait la façon dont Thomas avait rougi quand il l'avait invité à danser et toutes les conversations qu'ils avaient pu avoir. Damien sourit en repensant aux soirées auxquelles Thomas participait, c'est sur qu'elles étaient loin de la spontanéité de celle de la nuit dernière. Pourtant, il lui avait assuré qu'il préférait cent fois celle-ci. Cela ne faisait aucun doute que Thomas cherchait à fuir l'ensemble de ce qui constituait sa vie à Paris. Il semblait à Damien qu'ici il avait trouvé un rythme qui lui plaisait et surtout qui l'apaisait, il allait tomber de bien haut lorsqu'il allait retrouver l'effervescence de la capitale. Les vapeurs de café qui s'échappaient de sa tasse ramenèrent un instant Damien dans le moment présent. Il attrapa une cuillère et remua doucement le liquide marron. Le ciel clair encadré par le velux au-dessus de lui se reflétait dans sa boisson, le parant de petites lueurs brillantes. Il sourit bêtement devant sa tasse et repensa à ces yeux marrons. Même si la majorité de la population avec les iris de cette couleur, ceux-là étaient différents. Il les avait tellement observé que Damien pensait pouvoir les connaître par cœur. De nouveau il sombra dans ses pensées. Malgré la lumière tamisée du bar, il voyait les yeux de Thomas briller, laissant transparaître un bien-être évident. Une fois la piste de danse ouverte, Damien avait pu observer les iris de son ami se parer d'arcs en ciel de couleurs reflétant le moindre éclat de lumière des sports qu'ils réussissaient à accepter. Malgré sa réticence à vouloir se diriger vers le groupe déjà en train de danser, Thomas s'était enfin défait de toute obligation en se déhanchant sur la musique. Ses boucles brunes valsant en rythme, ses yeux mi-clos, ses lèvres mimant timidement les paroles, le tout formait un spectacle splendide dont Damien était le spectateur privilégié. Pourtant, l'image de ce ballet détonant fût brisée par celle de la joue de Thomas, accueillant avec surprise les lèvres de Damien. Qu'est-ce qu'il lui avait pris de l'embrasser comme ça ? L'alcool n'était pas une excuse valable, il était parfaitement conscient de ce qu'il faisait, quoiqu'enivré par la soirée qu'il avait passé. En attrapant sa tasse, Damien ne put se retenir de laisser échapper un « Mais quel con ! » sonore qui réveilla l'appartement silencieux. Il avala rapidement son café et se précipita sur le palier d'un pas agacé par son comportement de la veille. Il ferma à clef le lieu de ses multiples réflexions, n'étant pas tellement certain de ce qu'il vivait et de la façon dont les choses allaient évoluer.


          Une fois dans la rue, il se remercia intérieurement d'avoir aujourd'hui délaissé son fidèle sac de toile pour un sac à dos. Il commença à enchaîner de rapides pas sur la chaussée, son agacement ne diminuait pas. Finalement il se mit à courir, tentant de faire sortir la hargne qu'il gardait au fond de lui. Il adapta son parcours pour le rendre plus long, dans l'espoir de se calmer. Finalement, une fois arrivé près de l'océan, il se sentit vidé. Ses réflexions s'étaient envolées avec la vitesse de sa course. Seule une, résiduelle, se présentait doucement à son esprit : pourquoi réagissait-il comme ça ? Il s'assit lassement sur le muret et soupira. Jamais il n'avait réagi comme ça auparavant il est vrai, mais il n'avait jamais rencontré quelqu'un comme Thomas non plus. Leur relation privilégiée faisait perdre toute forme de discernement à Damien. Le petit bouclé obnubilait ses pensées et rythmait ses journées.

Les limites de l'océanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant