Fighters

160 12 1
                                    

Je n'eus d'autre choix que de monter sur scène sous les applaudissements féroces et insaisissable des invités qui ne cessaient de s'intensifier autour de moi, tous s'écartant pour me laisser passer, ce qui démontrait une certaine sorte de respect. Ils avaient probablement l'impression que je passais dans une "haie d'honneur" bien que pour moi, dans ma tête, c'était une "haie de la honte" qui signait mon arrêt de mort à coup sûr.

Hissshhhh!

Je me forçai à sourire en regardant le public même si de un, j'allais carrément faire la planche tellement j'étais fatiguée et deux, mon pied gauche était à veille de me dire: "Ouin euh... Faque... Moé... J'pense ben qui s'rait temps que j'parte là, là!".

(JE HAIS LES TALONS HAUTS! C'EST CLAIR?!)

C'est en montant les trois petits escaliers en bois instables que je me suis rendue compte du plan de merde de ce cher DJ YO-C...

(Mais mon dieu que je suis lente d'esprit... ET DITES-MOI, QUELQU'UN POURRAIS M'EMMENER AUTRE CHOSE QUE DES TALONS HAUTS?!)

Dites-moi que je rêve, je vous en prie!

"Applaudissez bien fort pour la fêtée et la première DJ qui a su mettre le sourire au lèvres et partir le party ce soir... DJ E-D!", a-t-il encore dit avec cette énergie exaltante qui paraissait inépuisable.

Réveillez-moi je vous en supplie à genoux, merde!

"Alors Elle, on m'a dit que tu avais produit une chanson il y a quelques semaines. Est-ce exact?", demanda-t-il.

"Va te faire voir! T'as pas d'affaire à te mêler de ça!" aurait été ma réponse parfaite... mais faut croire que je peux pas!

"Euh... Oui... Pourquoi?", demandai-je.

Non, non, non, non, non! Ça ne peut certainement pas être en train d'arriver! Jetez-moi dans une rivière! Non, mieux, le Fleuve! JE VEUX ME RÉVEILLER DE CE CAUCHEMAR!

"Eh bien, remercie tes chers amis et tes parents puisqu'ils m'en ont refilé une copie. J'ai eu la chance de l'écouter en primeur et puisqu'aujourd'hui c'est ta fête et qu'il y a beaucoup d'invités, je trouve que ce serait une bonne façon d'en faire la promotion.", dit-il loin du micro pour que seulement moi l'entende.

LES ANDOUILLES! MAUDITS IMBÉCILES! GAGNE D'INNOCENTS! LES REMERCIER?! QU'ILS AILLENT EN ENFER!

"Alors, êtes-vous prêts à entendre "Fighters" en exclusivité?!", demanda-t-il avec dynamisme aux invités.

Non, non, vous ne voulez pas! C'est de la merde! Nan, nope, never, non, no, jamais! VOUS LA VERREZ SUR SOUNDCLOUD SI ÇA VOUS TENTE MAIS PAS CE SOIR!

La foule criait, riait, souriait, m'encouragerait... Bref, elle faisait tous les temps possible.

N-non-on-on! S'il vous plaît-aî-aît! Je vous prie! Laissez-moi descendre! Z'av-vez pas d'aff-ffaire à être heureux! *faux sanglots*

Et en fait, moi aussi je faisais tous les temps possibles... de l'intérieur! La rage, la peur, le doute, le dégoût, la trahison, le désespoir... Rien ne m'avait pas effleuré le cœur...

(OKAY, STOP TOUT LE MONDE! ON ARRÊTE TOUT! Vous trouvez pas
qu' "effleurer" est un terme trop délicat? Oui, hein, c'est qu'est-ce que je pensais... Désolée, je me reprends! Hum, hum... Mimimimimi! Dodododo! La si ré doooo! Bon, j'suis prête! Qu'est-ce que je disais? Ah oui!)

Rien ne m'avait pas éraflé, détruit, défoncé, poignardé, réduit en miette, brûlé, tué, ré-défoncé, tué une deuxième et re-brûlé (juste pour le plaisir!), etc... le cœur.

EDM LOVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant