Art n°4

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J'ai passé tout la nuit entière à étudier minutieusement ce dossier, il m'a fallu un sacré paquet de caféine ce matin pour ne pas fermer l'œil. Et jusqu'à présent, je n'ai toujours pas décollé mes yeux de ces documents. Je ne dois vraiment pas passer à côté de cette affaire, il ne s'agit plus d'un vulgaire délinquant, ou d'un hors la loi comme un autre, il s'agit  du Ministre de l'intérieur.

Cette pensée fait instantanément monter une bulle de stress et je me pose calmement pour respirer ; de nature, je ne suis pas quelqu'un de stresser, au contraire je sais affronter les défis, mais là quelque chose me dit que cette affaire sera l'un sinon le plus gros cas que j'aurai traité de ma vie.

Comme me l'a conseillé ma psychologue la semaine dernière, je me mets à marcher calmement dans mon bureau, ma balle anti stress en main. Bien, récapitulons...

« — Alors Mlle James-Martin, on cogite ? »

Oh non pitié, j'aurais aimé ne pas reconnaître cette voix.

« — Qu'est-ce que vous faite ici ? L'agressais-je.

Tout doux la lionne, soyons civilisés. Entre collègues on devrait s'entraider et non se faire la guerre. »

Il me nargue avec son sourire narquois et la seule chose qui me passe par la tête c'est de renvoyer cette secrétaire qui ne m'a même pas prévenu de sa visite. L'ordre était simple, personne dans mon bureau aujourd'hui sauf sous recommandation de ma part. D'ailleurs, elle apparaît tout de suite derrière lui, à pas de course.

« — Je suis désolée Madame je-

Prenez vos affaires, vous êtes renvoyée !

Mais s'il vous plaît je n'ai que ce travail...

Et qu'est-ce que j'en ai a foutre Martha ? Vous n'êtes pas capable de suivre une instruction simple ! »

J'allais persister mais, les larmes qui remplissaient ses yeux me peina fortement, je ne pouvais résister alors, d'un revers de main rapide je la fais sortir de mon bureau indemne. Mon empathie me tuera certainement un jour.

« — Toujours prête à mordre à ce que je vois. »

Ah, j'oubliais les présentations : Junior Vendal, trente-huit ans, juge d'instruction aussi connu comme mon plus grand rival. Je n'ai jamais apprécié sa gueule de blond bourgeois et ses airs de grand monsieur. Il n'a jamais intégré le faite que je sois meilleure que lui et que par conséquent, je suis toujours saisie des meilleurs dossiers. Il a dû être informé de ma nouvelle affaire, sa jalousie empeste la pièce et je n'ai qu'une seule hâte, qu'il s'en aille.

« — Pour la dernière fois, qu'est-ce tu fais ici ? »

Toujours munis de son sourire épouvantable, il prend place et croise les pieds. Il me recommande de m'asseoir et je compte les secondes avant de perdre patience. Une fois assise, j'attends qu'il ouvre la bouche.

« — Je vois que tu bosses sur le dossier Mercier. Félicitations.

Ton hypocrisie tu peux bien te la mettre où je pense. »

Il sourit encore, je crois que je boue littéralement sur place.

« — Eh bien tu as raison... Je pense que tu n'es absolument pas capable de gérer un dossier d'une telle ampleur, on aurait pas dû te le confier à toi seule.

La voie de recours a tranché. Le président du TPI a commissionné le Procureur de me saisir moi, de cette affaire. »

Enfin son sourire disparaît et sa mâchoire se resserre. Il frappe sur ma table avant de lâcher :

« — Mais putain il ne s'agit pas d'un concours de beauté mais d'une affaire politico financière, avec de lourdes charges !

Ah il s'agit donc de ça... Tu es blessé dans ton égo de mâle blanc privilégié. Eh bien mon cher Junior, si tu n'avais que ça à dire tu peux disposer. Ou je te poursuis pour tentative d'intimidation sur une autorité juridique. »

Finalement il se lève, réajuste sa cravate, me lance un dernier scarface avant de prendre la porte.

Je soupire fortement et rappelle ma secrétaire. Quand elle arrive je peux voir la culpabilité sur son visage et ma colère baisse considérablement.

« — Bien écoutez Martha. En deux ans vous n'avez jamais fait d'erreurs et ça, j'en ai toujours été fière. Mais des erreurs comme ça, n'en refaite plus jamais, parce que la prochaine fois ne sera pas tolérée. Est-ce que c'est compris ? »

Elle hoche doucement la tête et disparaît un instant plus tard.

Avec l'intervention de Vendal et mon incapacité à déceler le bouc émissaire de ce dossier, je commence à être légèrement à cran. Je me lève et refais mon chignon, la tête dans les nuages, j'essaie de penser à autre chose.

Mon téléphone sonne subitement et je suis plus qu'enchantée par cet appel.

[ — Alors la journée ? Tout se passe bien ?

Non Raj.. C'est une catastrophe. Tu devines pas qui est venu me rendre visite aujourd'hui.

À ta voix je dirais Junior... J'imagine qu'il est venu te faire douter de tes capacités et maintenant tu as l'impression qu'il a raison.

Je hoche la tête comme s'il pouvait voir et il continue :

Bien, tu dois te détendre et te reposer un peu. Tu te tortures trop, ce n'est pas le temps qu'il te manque. Je te propose un dîner ce soir au *** et tu n'as pas le droit de refuser.

Mais-

— Manon...

Bien d'accord. À ce soir alors. Dis-je sans grande conviction. ]

Toujours dans le désespoir, je récupère un quelconque format parmi la pile et relis attentivement. Et là, tout devenait plus clair... Mais comment j'ai fait pour passer à côté de ça pendant tout ce temps ? Putain mais c'est plus qu'évident.

De mon fix je contacte ma secrétaire :

« — Martha, contactez ma greffière et dites lui de délivrer un mail d'obligation à comparaître demain à la première heure, envers la personne de Madame Charlie Mercier. »

𝗔𝘂 𝗧𝗿𝗶𝗯𝘂𝗻𝗮𝗹 𝗗𝗲𝘀 𝗦𝗲𝗻𝘁𝗶𝗺𝗲𝗻𝘁𝘀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant