Art n°3

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Malgré les supplications de Rajib, j'ai quand même décidé de partir deux semaines chez ma sœur Elena. Il me fallait sortir de la ville et prendre un peu plus soin de moi. Et où de mieux que Nice pour se vider la tête ? En ce temps d'été, ça ne pourra que me faire du bien.

C'est donc deux heures plus tard que je me défoule sur mon klaxon devant le portail d'Elena, je peux déjà entrevoir la toute petite tête de Julian, mon petit neveu. Il accourt vers ma voiture suivi de son grand frère et de ma sœur. Cette vue me rend euphorique et je ne peux m'empêcher de sourire de toute mes dents.

« — Alors... Comment ça va ? Demandais-je.

Écoutes, ça va très bien.. Et surtout, comme tu peux le voir, j'attends un autre bébé, une petite fille ! Papa et maman ne le savent pas encore, je comptes les annoncer demain. Je suis trop heureuse ! »

Je vais immédiatement la prendre dans mes bras.

« — Félicitations c'est vraiment génial ! C'est clair que les parents seront contents, surtout papa, depuis le temps qu'il parle d'avoir une petite fille. Mais dis moi, et Gaëtan ? Je ne l'ai pas vu.

Au travail.. Il rentre vers 8h.

— Bien d'accord. Je suis trop trop contente pour toi !  »

Pendant tout le reste de la journée, on a pas cessé de parler, de se commémorer le bon vieux temps, de son mariage et ses enfants. J'ai toujours cru qu'avoir une sœur jumelle serait comme dans les séries, qu'on s'échangerait nos vies ou même de petits amis, mais non. Tout le contraire, on a eu une  enfance basique, comme si on ne ressemblait pas comme deux gouttes d'eau. Par contre, on a toujours eu cette relation hyper fusionnel qui serait apparemment propre aux jumeaux, ça a toujours été à la vie à la mort, et même jusqu'aujourd'hui.

Très tôt le lendemain, on prit chacune notre chemin pour la maison familiale. J'étais légèrement excitée de revoir mes parents, il faut dire que ça faisait des lustres. Au volant je reçois des messages de mon cher colocataire, il a l'air de bien s'ennuyer sans moi. Mais il a surtout l'air très amoureux. C'est vraiment dommage.

J'arrive légèrement plus tôt qu'Elena, elle arrivera une trentaine de minutes après moi.
Les retrouvailles sont effectivement très chaleureuses, j'avais vraiment besoin de ça entre le boulot et mes problèmes personnels.
Je poses mes affaires de deux jours dans mon ancienne chambre de lycéenne. Mes yeux défilent sur les événements marquants de mon adolescence, et je ne peux m'empêcher d'avoir la larme à l'œil. C'était vraiment une période très importante de ma vie, je suis vraiment heureuse de pouvoir toujours les retrouver ici, à leurs place.

Le dîner se prépare et j'aide de très loin. Mes parents sont vraiment heureux de la nouvelle, la maison est vraiment remplie de bonheur aujourd'hui. On a toujours tous été en symbiose, se rapprochant même de la famille idéale, aucune fugue, aucune crise d'ado, rien. Tout s'est toujours bien passé, depuis l'enfance jusqu'à notre entrée à l'université. J'ai vraiment été chanceuse sur ce coup là.

« — Et toi ma chérie ? C'est quand que tu nous donneras aussi une petite fille ? Lance ma mère soudainement. »

Je suis légèrement surprise par sa question car elle me prend au dépourvue, mais j'ai toujours su que ce moment arriverait.

« — Je penses que t'as déjà assez de petits fils non maman. Elena t'en a donné deux et une en route.

— Oui, c'est vrai. Mais je n'ai eu que deux filles dans ma vie, il faudrait bien que vous remplissiez ma maison quand même... Et puis, tu as déjà vingt-neuf ans, même pas un fiancé rien. Comprends mon inquiétude...

Et bien tu t'inquiètes pour rien, ce n'est pas un objectif pour moi. Je ne cherche pas à me marier ni à avoir des enfants, je suis assez stable financièrement pour ne pas dire riche, je fais le travail de mes rêves, c'est ça ma définition de la réussite et vous devriez tous intégrer ça. Le mariage tout ça, ce n'est pas pour moi et je ne le ferai pas juste pour te faire plaisir, j'en suis désolée. Maintenant si vous m'excusez, j'ai assez sommeil. »

J'aperçois le regard désolé de ma sœur et de mon père mais décide quand même de me lever de table. Ce sont des sujets qui ne m'enchantent pas vraiment, et le faite qu'on ne comprenne pas mon choix de vie me peine assez.

Allongée depuis un bon moment à regarder le plafond, je prends mon téléphone pour penser à autre chose. Je tombe sur le compte Instagram de Charlie et scroll tout doucement, c'est une vraie influenceuse ma parole.
C'est vraiment une femme très simple et très belle. D'ailleurs je ne sais même pas pourquoi je m'attardes autant sur sa beauté, et pourquoi ça m'attire autant. Normalement, je ne suis pas censé l'apprécier à ce point.

Concentrée dans mon observation, mon pouce like par erreur une photo et plus j'essaie de dislike, je m'enfonce encore plus. Je soupire et balance mon téléphone vers l'autre bout du lit.

Une notification signale et je suis tentée de jeter un coup d'œil. Une demande d'envoyer un message.

[ Charlie_Mercier off

Je ne savais pas que les juges s'adonnaient au stalk sur les réseaux. ]

À cet instant, j'ai un sourire à en donner des crampes aux joues.

[  – Et bien c'était très rapide, il faut croire que vous n'attendiez que ça...

– J'ai juste été surprise c'est tout. Rien de bien grave. Par contre, Manana_Banana comme pseudo c'est pas très professionnel.

– Vous changez de sujet là... Dois-je m'inquiéter ?

– Au revoir Manon, vous passerez mes salutations à Monsieur le Procureur ]

Sa réponse me vaut un rictus, et je m'endors, l'esprit encombré par le prénom de Madame Mercier, elle commence vraiment à m'embrumer le cerveau, c'en est inquiétant.

Le reste du séjour s'est très bien déroulé, ma mère a beaucoup culpabilisé malgré que je lui ai dit que ce n'était rien de grave. Alors, elle s'est mise au petit soin, elle a été très gentille avec moi —et je ne m'en suis pas plaint. On a fait énormément d'activités familiales, comme au bon vieux temps. Malgré la canicule on a pu s'amuser tous en famille et s'éclater. Je n'échangerai certainement pas ma famille pour quoique ce soit au monde.

Des matinées plus tard, je rentre finalement chez moi, vraiment épuisée par le voyage retour. Je vois a sa voiture que Rajib est là, ce qui est inhabituel puisqu'il n'est pas encore 9h. J'entre et le vois assis sur un fauteuil dans le silence. Il arbore une mine très sérieuse et je me demande bien ce qu'il peut bien se passer.

« — J'ai d'abord voulu attendre que tu rentres avant de te dire. Commence t-il »

Je fronces des sourcils et me rapproche intriguée. Il lance une chemise bourrée de documents sur la table basse et je comprends de suite.

« — Tu me saisis d'une affaire ? C'est pour ça que tu fais autant de drama ?

Ce n'est pas n'importe laquelle... Vas-y regarde. »

Je lèves un sourcil et m'assieds. Une fois la chemise en main, je la décortique et là, je comprends mieux.

« — Michel Mercier est soupçonné de blanchiment de capitaux, détournements de fonds publics et trafic de femmes. Et je suis chargé de démontrer ou démentir ces chefs d'accusations... Ça va être une putain de sacrée affaire... Depuis que je l'attendais celle-là »

𝗔𝘂 𝗧𝗿𝗶𝗯𝘂𝗻𝗮𝗹 𝗗𝗲𝘀 𝗦𝗲𝗻𝘁𝗶𝗺𝗲𝗻𝘁𝘀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant