Art n°19

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Deux jours plus tard, la réunion que j'avais convoqué se tiendrait dans quelques instants seulement. La veille, j'ai pu échanger avec Vendal sur la manière dont on se chargerait de l'affaire, il n'était plus question de rivalité mais d'un ennemi commun. Alors, d'un commun accord nous avons pu mettre nos différents de côté afin de mener à bien cette instruction. D'ailleurs, je me cache d'avouer qu'une aide de la sorte me diminue les tâches que je portais sur le dos pendant tout ce temps, surtout maintenant que je soupçonne ce nouveau procureur d'essayer de saboter les évidences pour de la petite monnaie.

Après que Philippe ait préparé la salle de réunion, toute l'équipe en charge de ce dossier s'installait peu à peu, tous prêt à m'énoncer leurs conclusions. A ma droite mon collègue et à ma gauche Philippe, les autres se sont dispatchés sur les sièges restants autour de la table. Une fois dans l'accalmie totale, je prends la parole :

« — Si vous êtes tous assis autour de cette table c'est parce que vous faite partie de près ou de loin de l'enquête concernant l'affaire Mercier. Par ailleurs, cela fait déjà un moment qu'on tourne en bourrique, et une deadline nous a été imposé. Alors, je vais vous demander tour à tour, de chacun exposer son bilan, évidences à l'appui.

Dès que j'eus terminé mon speech, l'un des experts présent ne tarda pas à enchaîner.

Bien Madame, à la fin de mon investigation, j'ai pu découvrir un cas de corruption à l'encontre de Mercier, ce qui l'aurais permis d'acheter une villa de luxe à Marrakech grâce à 5,25 millions d'euros donnés par deux hommes d'affaires belge et saoudien en échange de l'octroi par Michel Mercier de contrats à Bordeaux et en Namibie. »

Il me passe le document que je saisi, après l'avoir brièvement vérifié, je le passe à mon acolyte par défaut. Il fronce des sourcils, tout aussi satisfait que moi. Au moins, on est sur la même longueur d'onde.

Je fais signe au suivant de déballer son bilan et il ne tarde pas à s'exécuter :

« — Pour ma part, je constate que l'acquisition par le couple de sa propriété de Floride et, à un compte ouvert auprès de la filiale suisse de la banque américaine en 2007, On estime alors  les sommes blanchies par Monsieur M en Suisse, au Liechtenstein et à Saint-Martin, à 33 millions d'euros. Les suspectant d'avoir sous-évalué certains de leurs biens comme le moulin de Cossy, la villa « Fleur d'oranger » La Croisette et une villa de Marrakech, des biens immobiliers et des avoirs offshore que le ministre aurait dissimulé à l'administration fiscale française »

De la satisfaction se lit sur mon visage lorsque je récupère les documents que me tend ce dernier. Comme le précédent, après l'avoir vérifié je le passe à Vendal. La vérité allait enfin se savoir, cette toute puissance de Mercier lui servira de souvenir en prison. Suite à cette intervention, d'autres toutes aussi fructueuses s'en suivent, moi qui croyait que cette réunion ne servirait pas à grand chose, me voici agréablement surprise.

Trois quarts d'heure plus tard, je rejoignais mon bureau accompagnée de Philippe et Vendal.

« — Votre équipe a fait du beau travail je dois l'avouer... Excusez mon mépris de la dernière fois.

Excuses acceptées. Bon, je pense que nous avons suffisamment de quoi faire une ordonnance de renvoi, mais je dois admettre que je ne suis pas totalement satisfaite. Des points d'ombres persistent encore et j'aimerais que toutes les charges qui pèsent sur cet homme soient au complet.

J'ai effectivement pensé pareil, il devrait prendre la peine maximale, et sur le reste de cette affaire, vous pouvez avoir confiance en moi, je vais m'en charger. D'ailleurs, j'ai sous le viseur Charlie Mercier, qui semble sortir bredouille de cette enquête.

Impossible.

J'ai jugé bon de ne pas me pencher sur sa personne car il est évident qu'elle n'est qu'un pion dans une partie d'échec. Je ne pense pas qu'elle soit impliquée de près comme de loin.

Ça, l'enquête nous le dira. Il se lève et me tend sa main que je serre aussitôt. Vous pouvez dormir sur vos lauriers, Michel Mercier ne nous échappera pas. »

Après tous ces événements, j'ai passé le reste de la journée avec Philippe dans un fast-food et, comme d'habitude ce fût un total plaisir. Après l'avoir déposé devant son immeuble, je m'apprêtais à rentrer tranquillement chez moi quand mon portable me signala un message :

[ Charlie

Tu fais quoi ? ]

Je lui réponds aussitôt :

[ ~ Je rentre chez moi, pourquoi ?

~ Tu me manques. ]

Un sourire niais se traça instantanément sur mon visage, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas ressenti toutes ces émotions. Je m'apprêtais à répondre quand son prénom occupa tout mon écran, alors, sans hésiter je décroche :

« — Tu te souviens de l'appartement où je t'avais amené la dernière fois ? Tu sais, celui de La Croix-des-gardes. J'aimerais que tu m'y retrouve, je t'attends. Essaie même pas de me poser un lapin j'te préviens !

T'inquiètes, à tout à l'heure. »

Après être rentré me changer, je prenais déjà la route pour l'appartement de Charlie. Sur le chemin je me sentais légèrement nerveuse. Maintenant que notre relation a passé une étape, la voir me donne des sensations inédites et totalement hors de contrôle. Et, pour l'instant, j'ai envie d'oublier qui elle est, les risques qu'on court et tout l'enjeu de cette situation. Pour l'instant, je veux juste profiter.

« — J'ai failli attendre... M'accueille t-elle »

Je ne dis rien et referme la porte derrière moi. Elle me prend la main et m'entoure la nuque de ses bras.

« — Tu es tellement magnifique Charlie c'est irréel...

Je ne savais que ça allait te plaire jusqu'à ce point. Dit elle les joues rosies. »

Elle s'était faite, en plus de la frange, une coupe carrée parfaitement lisse frôlant le haut de ses épaules. Les cheveux qu'elle avait passé derrière son oreille dévoilait l'harmonie de ses boucles d'oreilles en argent. Son regard vert contrastait parfaitement avec son maquillage et le rose naturel de ses lèvres. Tandis que je l'admirais, elle fît glisser sa paume contre ma nuque et moi je serrais sa taille parfaite.

Quand ses lèvres embrassa les miennes, ce sentiment brûlant resurgit dans mon ventre ascendant vers ma poitrine. Nos langues se cherchaient calmement, tandis que mes mains relevaient son t-shirt dans la même cadence. Arrivés à ses fins, le bout de tissu échoua sur le canapé près de nous. Elle mît fin au baiser et m'attira dans la seule chambre que possédait ce trois pièces.

Dès qu'on se retrouva à l'intérieur, je retirais instantanément mes chaussures suivi de mon haut. Elle reprit d'assaut mes lèvres, me dirigeant lentement vers le lit. Après m'y être étalée, elle se mit en califourchon sur moi, m'embrassant la peau du cou tandis que mes mains passaient sur ses cuisses dénudées. Ses baisers continuaient leur voyage sur ma poitrine, ma mâchoire, ma bouche. Je nageais dans un plaisir qui m'était inconnu depuis des lustres, j'aurai voulu nous éterniser en cet instant. Ses yeux s'ouvrirent, et, on se regardait pendant des secondes, des secondes de silence, de sa respiration ambiante. Et puis, après les avoir refermé, elle posa son front contre le mien avant de prononcer ces mots :

« — Je crois que je suis amoureuse de toi Manon... »

𝗔𝘂 𝗧𝗿𝗶𝗯𝘂𝗻𝗮𝗹 𝗗𝗲𝘀 𝗦𝗲𝗻𝘁𝗶𝗺𝗲𝗻𝘁𝘀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant