- Comment va l'enfant ? Comment va l'enfant ?
- Il va bien. Il ira bien... Il va bien... Il vivra.
Tywin avait toujours été intelligent et calculateur. Pourtant, son mariage n'avait pas été une alliance politique. Il avait aimé Joanna depuis si longtemps qu'il ne se rappelait pas ce que ça faisait de ne pas l'aimer. Ils n'avaient pas grandi ensemble, mais leurs pères respectifs se fréquentaient souvent et ainsi en était-il de leurs enfants.
Digne d'une Dame Lannister, Joanna était belle, élégante et bien élevée, mais elle avait une espièglerie et une intelligence dans le regard qui avaient toujours fasciné Tywin. Et cette capacité à le déstabiliser tout en respectant toujours la bienséance et en feignant l'innocence parvenait à chaque fois à lui arracher un sourire. Il ne l'admettrait jamais et elle ne serait pas allée le répéter, mais c'était elle qui l'avait demandé en mariage. Par un chaud après-midi d'été, ils étaient allés galoper sur la plage qui bordait les Mers du Crépuscule, et alors que Castral Roc rapetissait au loin, ils étaient descendus de cheval, pour profiter des derniers rayons de soleil et de la brise rafraîchissante sur leurs visages. Elle s'était approchée de lui en silence, dans sa robe richement parée, les cheveux dorés au vent et les yeux verts pleins d'assurance, puis lui avait lancé :
- Tywin. Epouse-moi.
Face à elle, il fut soudain déstabilisé. Encore une fois, elle parvenait à lui couper l'herbe sous le pied. Il eut un instant d'hésitation, la bouche entrouverte, comme s'il allait dire quelque chose avant de changer d'avis au dernier moment. Il s'approcha d'elle doucement, prit son visage dans ses mains, puis réduisit l'espace qui les séparait. Il l'interrogea du regard, elle l'attendit avec une lueur d'impatience. Il se pencha vers elle et déposa doucement ses lèvres sur les siennes. Elle l'encouragea en glissant sa main dans ses cheveux et il approfondit le baiser. Il ne répondit jamais, mais elle savait qu'il avait dit oui.
Le jour du mariage fut grandiose, le banquet un festin. L'ensemble des Lannister étaient présents, ainsi que les familles alliées et vassales. La surprise fut grande pour l'assemblée, lorsqu'au moment de s'unir à sa cousine, le jeune homme lui afficha un sourire. Les jeunes époux rayonnaient, mais les sourires de Tywin n'étaient réservés qu'à Joanna. La journée aurait été parfaite pour Tywin et Joanna s'il n'eut été l'affront des Reyne, qui, rendu trop impétueux par l'alcool et l'absence d'intérêt politique de cette alliance, avait des mots désobligeants envers Tytos, le père de Tywin. Alors que Tywin foudroyait le cadet de la famille vassale du regard, attendant un rappel à l'ordre de son père qui ne venait pas, Joanna lui avait pris la main, pour lui dire silencieusement de ne pas agir. Pas maintenant. Elle était là aussi, à ses côtés. Et aucun des deux n'oubliait.
Les semaines suivantes, les Reyne se soulevèrent contre Tytos Lannister. Tytos, tendre père envers ses enfants, tendre mari envers son épouse, tendre suzerain envers ses sujets. Trop tendre envers les rebelles... Tywin, n'en pouvant plus de colère de sentir sa maison et sa famille dénigrée, rabaissée, humiliée, s'en alla voir sa jeune épouse et lui demanda conseil. Conseil, elle lui donna ce jour-là, et tous les autres jours depuis.
Tywin Lannister, fort de son tempérament plus autoritaire et plus froid que son père, partit affronter les Reyne sur le champ de bataille. Les chansons ne racontent pas la cruauté qu'il déploya ou la tactique militaire qu'il démontra, mais les chansons racontent qu'aucun Reyne n'est encore en vie aujourd'hui pour manquer de respect à un Lannister. Tytos ne vécut cependant pas assez longtemps pour voir l'honneur et la puissance de sa famille restaurée par son fils aîné.
Peu après, Tywin fut nommé Main du Roi Aerys II Targaryen. Le Roi Fou. Il officia avec talent, et démontra ses capacités en politique. Joanna, comme toujours à ses côtés, lui apporta conseil et soutien. Le couple formait une paire si efficace qu'il devint plus puissant encore que le Roi lui-même. Le Roi qui un jour, exprima à Tywin, avec un regard pervers, le désir qu'il éprouvait pour sa jeune épouse, dame de compagnie de la Reine. C'est avec dégoût et fureur que réagit la Main du Roi. Lorsqu'ils quittèrent Port-Réal et le Roi Fou pour Castral Roc, ce fut Joanna encore qui l'apaisa.
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Les derniers mots de Lady Joanna
Fiksi PenggemarTywin ne pleurait plus. Il caressa une dernière fois sa joue, embrassa une dernière fois ses doigts et lui ferma délicatement les paupières. Sa bien-aimée n'était plus. Il se leva et quitta la pièce sans un mot, sans un regard pour son enfant. La mo...