2- The Stranger [Aileen]

112 12 3
                                    

Il est vraiment gonflé de m'avoir faite lever à 4h30. Je suis fatiguée moi! J'espère qu'il est gentil et pas trop envahissant par que pour le prix que j'ai payé, il n'a pas intérêt à me saouler. Et dire que même s'il est con je vais devoir passer les prochaines 48 heures avec lui. Au pire je dormirais, ça me fera passer le temps.

Je regarde ma montre, il est exactement 6h18. Il est en retard, on avait rendez-vous au quart. S'il pouvait se dépêcher ça m'arrangerait, il pleut et je commence à être trempée.Je jette un coup d'oeil au parking, et je vois qu'une voiture noire s'est garée devant moi. Une belle, très belle voiture. Une BMW. A cette vue, je manque de m'étouffer. Je déteste les voitures. Je soupire et ne reporte mon attention sur mon téléphone. Ce n'est pas le dernier modèle mais il me convient amplement. Tant que je peux téléphoner correctement avec, ça me va. J'ai toujours su me contenter du minimum. En même temps, c'est sûrement mieux comme ça.

Je lève la tête une deuxième fois et je distingue un jeune homme blond qui me regarde dans la voiture. Il veut ma photo?

Je soupire. Mes gens ne se rendent pas compte que des fois leur regard peut être dérangeant. Je déteste quand on me fixe, n'y a-t-il pas quelque chose de plus intéressant à faire que de relooker les passants? Le temps est trop précieux pour être gaspillé à mon goût.

Je crois même que la chose qui me fait le plus peur c'est ça, le temps. Je déteste quand il passe trop vite ou trop lentement. J'aimerai mettre ma vie en pause de fois, pour prendre le temps de tout regarder de loin et de juger ce qui ne va pas. J'aimerai pouvoir revivre certains moments, comme j'aimerai en supprimer d'autres. Mais que seraient les souvenirs si on pouvait faire ça? Rien. C'est ça le problème. Le temps est le maître de tout. C'est lui qui dirige, qui choisit. Sans lui il n'y a rien. Et c'est le seul éternel.

Il est en quelque sorte le centre du monde, le centre de l'univers. Comme si toutes les planètes lui tournait autour. Tout se réfère à lui. Il est. Les autres seront, sont, puis étaient. Lui il est. Pour toujours.

Toujours, d'ailleurs. Qu'est-ce? Un mot, un mot pour représenter tant de choses. Dans toujours, il y a création, et destruction. Il y a presque tout. En fait, je crois que ce qui me fait peur est subjectif. J'ai peur de l'inconnu, comme presque tout le monde. Et j'ai peur de ce sentiment d'impuissance. Que peut-on faire contre le temps? Rien. Absolument rien...

Je suis compliquée, et j'ai un caractère de merde. Clairement, je suis une chieuse. C'est pour ça que je n'ai presque pas d'amis. En même temps, je n'en veux pas tellement. Je n'en ai pas besoin, les amis ça se comprend, ça s'aime, ça sait tout. Et moi je ne veux pas que quelqu'un connaisse mon passé, et je ne veux pas non plus qu'on m'aime. Je ne le mérite pas. Et puis de toute façon personne ne me comprend.

Alors que je rumine, le conducteur sort de sa voiture et vient vers moi.

"-Salut, je suis Luke."

Il me veut quoi, je rêve. C'est lui qui me fixe depuis 5 minutes et il vient m'embêter par dessus? Je suis bête. C'est lui, il va m'emmener jusqu'à Sydney.

"-Heu, bonjour Luke. Moi c'est Aileen. Alors c'est là dedans que je vais passer mes prochaines 48 heures?"

Je pointe sa voiture du doigt, pour lui montrer de quoi je parle.

"-Oui, pourquoi?

-Oh, pour rien. Tu m'aides à porter ma valise s'il-te-plaît?"

Je n'aime habituellement pas demander de l'aide, mais là c'est indispensable je ne peux même pas soulever mon bagage moi-même.

Il se dirige vers le coffre puis se ravise et dépose mon gros sac sur la banquette arrière. C'est une blague? Je ne vais quand même pas passer toutes ces heures àcôté de lui, si?

"-Mais... Mais je vais m'asseoir où moi? Avec ma valise?

-Non, bien sûr que non tu vas t'asseoir sur le siège passager!"

A ces mots, mon visage devient plus blanc qu'il ne doit déjà l'être. Génial.

Je m'installe sur le siège passager, qui est très confortable. Je respire doucement pour ne pas sortir en trombe. Je savais à quoi je m'exposais en choisissant la voiture plutôt que le train, alors je prends sur moi.

*

Ça ne fait que quelques minutes que nous roulons, que Luke commence déjà à engager la conversation. J'essaie d'être polie et réponds.

"-Alors dis moi, Aileen, ton nom vient d'où? Il est pas commun.

-Je crois qu'il vient d'Irlande.

-Tu as des origines Irlandaises?

-Non, pas du tout.

-Ah bon? On aurait pu le croire vu ton prénom, qui au passage est très beau et te va bien.

-Écoute moi bien, Luke, je ne suis pas là pour me faire draguer donc garde tes belles paroles pour toi sinon la route va être longue.

-Waouh, au moins c'est dit. Et rassure toi ce n'était pas une technique de drague pourrie.

-Y'a intérêt."

Il se fout de moi, clairement. En plus d'être tombée sur un gosse de riches, il fallait que ce soit un tombeur. Génial, encore une fois.

Alors que la voiture continue d'avancer, je sens mon coeur se serrer dans ma poitrine. Mon souffle se fait plus lourd et saccadé. Eh merde. Je suis encore en train de faire une crise d'angoisse. Il faut que quelqu'un me parle, vite.

"-Parle.

-Tu veux que je te dises quoi?

-Ce que tu veux, juste parle-moi.

-Bon... je m'appelle Luke Hemmings. J'adore la musique, surtout le rock. Je suis le benjamin d'une fratrie uniquement masculine, j'ai grandi à Kulgera. J'ai actuellement 23 ans et je suis en fac d'arts et musique, ici, à Broomes justement.

-Je peux te poser une question?

-Tu viens de le faire.

-Arrête c'est pas drôle.

-Vas-y.

-Comment tu fais pour avoir une voiture aussi luxueuse si tu n'est qu'en fac?

-Eh bien mes parents sont dans les affaires, et ils ont des revenus importants on va dire.

-Je déteste les gosses de riche.

-Au moins ça c'est dit. Rassure toi, je n'ai presque jamais profité de leur argent.

-Comment c'est possible?

-Je n'ai jamais habité avec eux."

La blague. Il se fout de ma geule, je ne suis pas dupe. Mais au moins, dès qu'il s'est mis à parler, tout début de crise d'angoisse a disparu. Enfin un point positif, si juste par le fait d'entendre sa voix je me calme, c'est déjà ça de pris.

"Ça va?"

Sa voix vient stopper mes pensées. Pour qui il se prend?

"-Pourquoi ça n'irait pas?

-Tu as l'air en colère.

-Je le suis pas, je suis fatiguée, il n'est que 6 heures du matin je te rapelle."

Je sens que ce voyage va être long, très long.

Et voilà le chapitre 2! Dites moi ce que vous en pensez, j'attends un minimum de votes pour continuer ^^
Alaska

Road Trip Through AustraliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant