Je n'ai jamais vu les rafales répandre autant leur mépris sur les vieilles terres du Jérusalem, cependant, je suis certain que nos états d'âmes imposent une concurrence bien trop dangereuse à la colère des cieux elle-même.
Le silence et la profondeur s'installent amèrement dans le sein d'une cave dont la serrure est brisée, là où la clé ne laisse plus aucune trace de vie. Sur ce plafond roulé de noir, un infime tissu hyalin laisse entrevoir des plis sur ton front angélique. Tu déploies les armes de ta conscience infernale, sanctuaire qui contient le spectre de mon existence. Mes craintes, mes désirs, tout mon amour retenu dans un temple sans faille qui pointe sa fracture glaciale sur ma tempe, sans que je ne puisse rien faire... Trois années que j'ai dormi sur un rocher nacré de verdure, trente-six mois que la dureté de celui-ci ne m'a jamais réprimé, parce que l'univers n'a formé qu'une seule âme dans deux corps. Adieu beaux jours d'épanchement, d'amour et d'harmonie, où ma parole à la tienne incessamment unie s'est perdu aux nuages en de divins accords. Je me souviens des marchants qui ont tant posé leurs globes oculaires sur les poussières que nous sommes et se sont dit : « Qui sont ces hommes étant aussi proches et à la fois détachés l'un de l'autre ? Pourquoi l'un court-il en avant, laissant l'autre en arrière ? »
La vérité, c'est que je ne me suis jamais ennuyé de ton étreinte, contrairement à ce que les gens ont pu cracher. Et maintenant que leurs échos résonnent dans mon esprit, je ne peux toujours pas me restreindre à te blâmer, car au fond, je t'ai choisi pour être près de moi. Bien que tu es mû par l'avarice, la rancœur et la convoitise, je continuerai de t'aimer jusqu'au bout, que tu t'opposes, me reproche ou me calomnie.
As-tu craint que ces heures de jouissance fassent de moi un dieu ? Que sans toi, je vole au lieu de l'éternelle réjouissance ? Mon ami, mon fidèle compagnon, regarde le mal qui est né dans ton cœur ! Face à moi, un être fait de chair et de sang s'enracine jusqu'au point de non-retour.
Tu n'as guère raison d'avoir peur. Là où a été ma demeure, jusqu'à temps que je meurs, mon jardin s'est bel et bien trouvé ici. Dès lors que tu ne cueilles plus les fruits de ma tendresse, ton doigt s'appuie un peu plus sur la détente.
Laisse-moi me recueillir dans le silence de ce baiser. Ainsi, tu pourras écouter le chant d'un proscrit quittant la patrie, la voix d'un amant que tu n'entendras plus.
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Sérénade
PoezieGarage de pensées trop personnelles et insignifiantes. Autrement dit, un recueil d'écrits en tous genres, chacun rédigés par une même plume.