Elle rappelle les beaux jours d'été ensoleillés avec sa chevelure bénie d'une main divine et ses iris océaniques, ces deux globes célestes dans lesquels on peut se noyer éperdument. Sa carrure peu imposante en est oubliée par sa belle gueule d'ange et sa douceur qui sont capables de calmer n'importe quelle mer déchaînée, d'apaiser n'importe quel diable enragé. Et pourtant, la même chose se produit à chaque fois lorsque l'on découvre une créature de son espèce. Cette impression de contempler l'inconnu et de savoir que chaque fois, bien qu'on en découvre un peu plus, on est très loin de la connaître ou de la comprendre.
Lui, il est le mal incarné. Grand et brun comme l'écorce d'un chêne, le genre d'énorme arbre que l'on trouve dans les forêts épaisses et fertiles. Lorsqu'il apparaît, on ne remarque que lui. Sa silhouette et son allure écrasante sont presque détrônées par sa tignasse ébène un peu trop parfaite, tombante de manière insolente sur son visage. Il ne suffit que d'un petit sourire narquois et d'un regard, un seul regard pour que la noirceur ensevelissant ses orbites démontre bien plus qu'un simple tissu impénétrable. Et pour lui non plus, une seule vie ne suffirait pas à révéler ses multiples secrets et déterrer la vérité qui parsème son cœur mutilé.C'est comme si le temps leur glisse entre les doigts lorsque ces deux mythes se rencontrent pour la première fois. L'aube d'une fourrure diaphane troublée, agitée face au regard poignant d'un être fait de chair et de sang qui s'affirme être bien plus que ce vulgaire titre conventionnel ; un coup d'œil inéluctable, comme la vague s'écrasant doucement sur la falaise.
Seulement séparés par quelques amas de pierres, ce sont deux mondes opposés, deux atmosphères différentes et résidant sur cette même et unique terre en ruine. Pourtant, ils s'attirent mutuellement, comme des gouttes d'eau, comme des planètes... Se rejetant l'un l'autre comme des aimants, comme les couleurs de la peau.
Le vent serait capable de faire disparaître et faire fondre les grossières poussières qu'ils sont au lieu de rester là, à quelques centimètres l'un de l'autre, des heures entières, toute une année, toute une vie. Mais ce qui leur a permis de considérer la beauté de l'un et l'autre, c'est le fait qu'ils ont pris le temps de s'arrêter pour bien se regarder. L'idée de passer cet instant en un état de parfaite tranquillité, sans continuer leur marche vers le ciel.
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Sérénade
PoesiaGarage de pensées trop personnelles et insignifiantes. Autrement dit, un recueil d'écrits en tous genres, chacun rédigés par une même plume.