Le Royaume de Lomiôn

Une nouvelle tentative

Le soir, Alex alla se coucher aux côtes de sa femme. Il voulut l'embrasser mais celle-ci tourna la tête à son approche.
« Qu'est-ce que je t'ai fait ? demanda le roi.
- Tu devrais dire : qu'est-ce que tu leur a fait.
- Comment ça ? Je ne vois pas de quoi, ni de qui tu parles.
- Ah bon ? Les Laros, ça ne te dit rien ? Joséphine, Georges, Bart...
- Mais Edwin a voulu te tuer ! répliqua l'homme en criant »
Sophia se leva et regarda par la fenêtre
« Je t'ai déjà dit que je n'y croyais pas. Mais pourquoi tu as poignardé Joséphine ? hurla-telle.
Elle n'a rien fait dans cette histoire.
- De toute façon, ils sont partis.
- Ils sont peut-être parti... mais je pense qu'ils sont morts, et tout ça par ta faute, dit-elle en
commençant à pleurer.
- Non, ma chérie... s'il te plaît...
- Arrête... je ne te crois plus. Déjà que je dois tout faire à ta place dans ce royaume, tout le
monde te déteste, Alex !
- Demain je pars à la chasse.
- Quoi ?! Tu n'en n'as pas marre de manger de la viande ? Parce que moi si. Bonne nuit et si
tu pars avant que je me réveille, sache que je m'en fiche si tu meurs. - Tu ne veux pas te calmer ? »
Sophia ne répondit rien.
Le lendemain matin, Écho se réveilla tôt. Elle avait eu du mal à dormir car elle avait peur qu'on découvre que la véritable coupable de cette tentative d'empoisonnement était elle. Mais cette femme avait plus d'un tour dans son sac, et elle décida donc de préparer un autre plan, mais cette fois-ci, avec l'aide de Robert. C'était grâce à lui qu'elle n'avait pas été enfermée. Elle enverrait ce valet dans la chambre royale peu avant que la reine rentre à l'intérieur. Il se débrouillerait pour la tuer puis il se ferait prendre. Là, il la dénoncera peut-être, mais elle utiliserait ses pouvoirs de séduction et de persuasion, et tout marcherait à merveille. Mais avant cela, elle allait devoir discuter avec l'homme en question et entretenir une relation pendant quelques jours.
Comme l'avait dit Alex, il partit à la chasse. Sophia en profita pour préparer des idées pour aider le peuple qui semblait préparer une sorte de révolution. Elle rassembla toutes ses amies venues des quatre coins de la ville et ses servantes qu'elle considérait aussi comme des personnes proches et de bonne fréquentation. Elles s'installèrent dans une grande pièce avec une table de réunion en bois en son centre. Elles prirent place et chacune à son tour proposa une solution. Sophia écouta chacune d'entre elles, même celles qui n'avaient ni queue ni tête. Certaines propositions étaient très bonnes mais totalement impossibles à réaliser. Au bout d'une vingtaine de minutes, elles conclurent qu'il fallait que Sophia fasse un discours sans Alex car, à chaque discours qu'ils faisaient ensemble, Alex réussissait à mettre le peuple encore plus en colère qu'il ne l'était avant. Sophia trouvait que c'était une bonne idée malgré le fait qu'elle allait devoir parler devant des centaines de personnes et qu'elle n'était pas très à l'aise avec ça. Mais le vrai problème de cette idée était qu'Alex ne serait jamais d'accord que sa femme s'adresse au peuple sans lui. Il acceptait déjà qu'elle l'accompagne et trouvait que cela suffisait amplement, alors, la laisser faire une déclaration seule était inimaginable.
Sophia ne pouvait pas rester plus longtemps avec ses amies, elle devait vite se rendre dans la grande salle de réception où elle avait rendez-vous avec sa sœur.
En arrivant là-bas, elle vit Écho parler avec un valet. Au début, elle pensait que c'était pour lui donner un ordre, mais quand elle la vit essayer de se rapprocher de lui elle ne put s'empêcher de les espionner. La reine n'arrivait pas entendre ce qu'ils se disaient alors elle essaya de s'approcher mais elle se fit prendre par sa sœur. Le valet partit aussitôt et les deux filles se mirent à rire. Elles se rappelèrent les moments où, petites, c'était Écho qui espionnait sa sœur. Après cinq minutes elles s'arrêtèrent enfin de pouffer.
« Mais qu'est-ce que tu faisais avec ce valet ? Tu es la reine de Véodonia, tu peux avoir l'homme que tu veux. Pourquoi choisir un simple domestique ? demanda Sophia à Écho.
- Tout d'abord, ce « valet » comme tu dis, a un nom et c'est Robert. Et puis tu n'as pas à te mêler de mes affaires. »
Sur le moment, Sophia ne comprit pas pourquoi sa sœur réagissait aussi mal alors qu'elles riaient ensemble il y a quelques minutes, mais après réflexion elle se rappela qu'Écho avait toujours été un peu lunatique.
« Bien ! de toute façon nous ne sommes pas ici pour parler de relations. Nous sommes ici car il faut que je t'annonce quelque chose de merveilleux, dit Sophia
- Quoi donc ma sœur ?
- Je suis enceinte.
- Quoi ? Comment ça ? Je pensais qu'Alex et toi vous ne pouviez pas avoir d'enfant.
- Et bien, visiblement, les miracles existent.
- Écoute, il faut que je me retire, j'ai quelque chose d'important à faire.
- D'accord, on se voit ce soir au... »
Sophia n'eut pas le temps de finir sa phrase. Sa sœur était déjà partie.
Quand Écho apprit que Sophia était enceinte, elle comprit qu'elle n'avait plus le temps et
qu'il fallait agir vite. Elle alla dans sa chambre et enfila sa plus belle tenue avant de chercher Robert. Elle savait très bien qu'il était déjà amoureux d'elle, mais qu'il ne ferait jamais le premier pas. Alors quand elle le trouva, elle ne perdit pas de temps et elle se mit dans la peau de son personnage, une jeune fille ayant besoin d'aide pour se débarrasser de sa vilaine sœur.
« Robert, j'ai vraiment besoin de ton aide, dit Écho en laissant couler des larmes de crocodile. - Qui y a-t-il madame ?
- C'est... c'est Sophia.
- La reine ?
- Oui, elle est horrible avec moi, elle ne me laisse pas partir. Elle a placé des gardes partout. - Mais pourquoi ferait-elle ceci ?
- Parce qu'elle est jalouse.
- Jalouse de quoi ? C'est la reine.
- Elle est jalouse de moi parce que je dirige Véodonia seule. Elle veut tuer le roi et me faire porter le chapeau. Mais vous ne la laisserez pas faire n'est-ce pas ?
- Non, je ne la laisserais pas faire ! Je vous protègerais vous et le roi. Il suffit de me dire que faire. »
Écho sécha ses larmes et changea de ton. - J'ai un plan.
- Je vous écoute.
- Le roi est parti à la chasse. Cela veut dire que, ce soir, la reine sera seule et que c'est le meilleur moment. Au déclin du jour, vous allez donc vous introduire dans sa chambre, attraper la première chose que vous verrez et la frapperez à la tête de toute vos forces, puis vous partirez discrètement. Pour le garde qui protège la porte je m'en occupe.
- Mais si je la frappe de toute mes forces elle va sûrement mourir.
- C'est bien là le but de ce plan.
- D'accord, je ferais n'importe quoi pour vous... Enfin pour n'importe qui, tant que cela peut
sauver le royaume. À quelle heure dois-je agir ?
- Je vous ferais signe, dit Écho avant de partir. »
Le soir venu, pendant le souper, la femme ne dit rien et l'ambiance était très tendue. Après le
repas, Sophia se rendit dans sa chambre et commença la rédaction de son discours. Sa sœur, elle, se leva de son lit en pleine nuit et alla voir le garde posté devant la chambre de la reine. Elle lui demanda de venir dans sa chambre inspecter car elle avait entendu un bruit et il la suivit. En rejoignant sa chambre elle passa devant celle de Robert et frappa la porte de son pied. En arrivant dans sa chambre le garde n'eut pas même le temps d'inspecter la chambre qu'Écho le frappa à la tête pour l'assommer. Elle le traîna devant sa porte et alla s'endormir dans son lit. Robert, lui, avait bien entendu le signe de la femme. Il se leva, marcha d'un pas discret dans le couloir où il prit la première chose qu'il vit et entra dans la chambre de la reine en essayant de faire le moins de bruit possible en ouvrant la porte. En entrant il vit qu'elle n'était pas dans son lit mais sur son bureau. Le valet s'approcha et frappa de toute ses force le crâne sa victime. Il était soulagé d'avoir réussi, mais quand il la vit tomber au sol, il se rendit compte que ce n'était pas la reine mais une de ses servantes. Il ne comprit pas pourquoi cette servante était ici à la place de Sophia.
Robert se mit à paniquer, la reine ne devrait pas tarder à rentrer dans sa chambre, alors il décida de s'enfuir. Malheureusement il trébucha et tomba nez à nez avec un mot écrit sur une feuille de papier. Ce papier était en fait le discours que Sophia écrivait. Il le lut en vitesse et partit en courant rejoindre Écho.
« Nous avons un problème ! dit Robert tout stressé.
- Quoi donc ? Ne me dit pas que tu as failli à ta mission.
- J'ai... j'ai frappé la mauvaise personne.
- Comment ça ? Comment peut-on se tromper ?
- La reine n'était pas dans sa chambre, à la place il y avait une de ses servantes.
- Non mais cette une plaisanterie ? Part vite d'ici avant que je ne te tue ! »
En retournant dans sa chambre, Robert croisa Sophia. Il fit comme si rien ne s'était passé et
entra vite dans sa chambre. Quand la reine entra dans sa pièce, elle vit sa servante au sol. Elle poussa un cri si aigu que tout le château l'entendit. Les gardes se précipitèrent vers elle et s'occupèrent du corps de la femme. Écho, sortit de sa chambre pour réconforter sa sœur.
Le lendemain matin, Sophia n'avait qu'une idée en tête découvrir qui avait encore essayer de la tuer. Elle avait bien compris que ce n'était pas après la servante que le meurtrier en avait, mais après elle. La reine demanda à sa sœur de l'aider à enquêter et bien sûr elle accepta.
Sophia avait prévu de faire son discours ce jour là mais elle dut le reporter à cause des évènements survenu la nuit précédente.
Quand le roi revint enfin de la chasse, il apprit les nouvelles et comprit que pendant tout ce temps, son ami Edwin était innocent. En parlant avec sa femme il se rappela que son intendant avait accusé Écho, mais qu'il ne l'avait pas cru. Les soupçons se sont donc retournés vers elle mais quand elle se fit interroger, elle nia et répondit qu'elle aussi avait failli être tuée. Elle expliqua que le soir précédent, elle avait entendu un bruit et qu'elle avait appelé un garde. Le roi ne la croyant pas alla demander à ce garde en question mais il affirma qu'elle disait vrai et qu'il s'était fait assommer par le criminel.
La reine, Sophia, se demanda si ce n'était pas le valet Robert. Le roi l'interrogea lui aussi et comme il n'avait pas d'alibi et qu'il avait menti en disant que c'était Edwin le traître, il se fit enfermer. Le roi voulut libérer son ami Edwin mais il ne pouvait pas car l'affaire était devenue publique et qu'il ne pouvait pas montrer à son peuple qu'il avait eu tort. Comme solution, il décida de le libérer à condition qu'il se fasse discret et qu'il quitte le royaume. Edwin n'était pas satisfait, Alex avait détruit sa famille et l'avait emprisonné pendant de 3 jours, il voulait qu'il paie. Il demanda alors à Alex une somme immense ou sinon il dévoilerait tout au peuple. Alex accepta. Edwin partit donc à la recherche de sa femme, de Georges et de ses enfants.
Pendant ce temps, Écho alla discrètement rendre visite à Robert pour l'obliger à ne pas la dénoncer. Il lui promit qu'il ne la trahirait jamais et lui raconta ce qu'il avait lu dans la chambre de la reine. La femme lui fit elle aussi une promesse : celle de le faire libérer. Bien sûr elle ne le ferait jamais. Écho avait un nouveau but, faire en sorte que le discours de Sophia soit un désastre.
Sophia était soulagée qu'Edwin soit sorti de prison. Elle savait depuis le début qu'il n'avait rien à voir avec la tentative de meurtre. Elle adorait Joséphine, d'ailleurs c'était sa meilleure amie. Elle s'était sentie très mal quand elle dut quitter le royaume. Après un long moment de réflexion, Sophia eut une idée : envoyer une lettre à son amie. La reine écrivit une longue missive disant à quel point elle était désolée. Malheureusement, elle ne savait pas où elle s'était rendue. Tout ce qu'elle voulait faire, c'était quitter le royaume et la retrouver, mais elle ne pouvait pas, elle avait d'autres devoirs de reine à accomplir. Il fallait qu'elle fasse ce discours à la première occasion, car le peuple se révoltait de plus en plus. Une énorme foule attendait devant les portes du château en criant tous leurs problèmes. Tout à coup, quelqu'un entra dans la pièce.
« Sophia, il faut que je te parle d'une chose qui ne va point te plaire, dit Alex
- Quoi donc ? Ne me dis pas que tu retournes à la chasse ?
- Et bien... Oui.
- Non, tu ne peux pas me laisser seule ici à nouveau ! Je te rappelle qu'on a essayé de me tuer
plus d'une fois !
- C'est la meilleure saison pour chasser, je ne vais pas la manquer ! De plus, la personne en
question est au cachot.
- Mais Alex...
- Il n'y a pas de mais ! Je ne suis pas venu te demander ton avis ! Fin de la discussion ! Dit
Alex avant de s'en aller en claquant la porte. »
Sophia resta bouche bée, certes ce n'était pas la première fois qu'Alex lui parlait ainsi, mais cette fois si c'était différent, elle avait eu l'impression qu'elle ne comptait plus à ses yeux. Elle alla se coucher et le lendemain matin, pendant qu'elle se préparait pour son discours, Écho entra sans même toquer.
« Je dois te parler de quelque chose de très important ! - Qui y a-t-il de si urgent ?
- C'est à propos de ton discours...
- Comment ? Mon discours, qui donc t'en a parler ?
- Euh... J'ai dû t'entendre en parler. Mais ce n'est pas là la question. Tu ne dois en aucun cas faire ce discours !
- Mais pourquoi donc ?
- Le peuple est furieux, il ne veut pas des paroles, il veut des actes. Mais tu n'es pas en mesure de le faire.
- Si, je le peux ! Et je vais le faire ! - Alex ne sera jamais d'accord.
- J'en ai assez entendu. Sors d'ici ! »
Écho partit avec un grand sourire. Elle avait réussi à ruiner la confiance que sa sœur avait en elle en quelques secondes.
Quand le moment du discours vint, Sophia n'avait qu'une envie, abandonner. Mais elle ne pouvait pas décevoir son peuple, alors elle garda la tête haute et avança en haut du perron. Elle était impressionnée, devant elle se trouvait des centaines de personnes en colère contre son mari. Elle commença par les calmer, puis elle énuméra les problèmes existants. Après cela, le peuple était encore plus en colère, mais quand elle annonça les changements qu'elle ferait, ils se calmèrent. Elle promit que les impôts seraient considérablement réduits et que les achats sans intérêt comme un nouveau vase dans le château serait réduits eux aussi.
Soudain, un homme monta sur le perron. Les gardes allaient l'interpeler, mais la reine leur dit de le laisser. Cette personne raconta à la reine que cela faisait des mois qu'il essayait d'avoir une conversation avec elle et qu'il avait besoin d'aide car sa fille à peine âgée de 3 ans perdait un peu plus la vue de jours en jours. Sophia fut surprise de cette annonce. Elle demanda à ce qu'on lui amène cette petite fille et quand elle arriva Sophia fut encore plus surprise que la première fois. L'enfant était très belle, mais très maigre. Elle se rendit enfin compte de la gravité des choses et ordonna qu'on donne à cette petite fille des soins et un repas. Elle promit qu'une fois par semaine elle viendrait rendre visite à quelques enfants dans le besoin.
C'était la fin de son discours et le peuple avait l'air satisfait quand, tout à coup, on entendit un coup de feu. C'était Alex qui revenait de la chasse. Il monta sur le perron et hurla sur Sophia, il lui dit qu'elle n'avait aucun droit de faire cela et qu'elle n'était reine que pour le satisfaire. Sophia partit. Elle alla s'enfermer dans sa chambre. Alex, lui se retourna vers le peuple et leur dit que tout ce que Sophia leur avait promis n'allait jamais se produire et qu'il augmenterait le coût des impôts s'ils continuaient à se révolter. Alex, repartit au château très remonté contre tout le monde, mais en particulier contre Sophia. Après ce qui venait de se produire les habitants comprirent que c'était perdu d'avance et qu'ils feraient mieux d'aller travailler pour réussir à payer ce qu'il faut.
Écho avait assisté au discours et pendant que tout le monde rentrait chez soi, elle retourna au cachot pour voir Robert. Elle lui raconta ses réussites et ce qu'elle venait de faire. Elle lui expliqua que c'était elle qui avait parlé à Alex quelques jours plus tôt de ce que Sophia avait prévu de faire. Elle resta en sa compagnie jusqu'au soir où elle dut dîner avec Alex et Sophia.
L'ambiance était à nouveau tendue et, après le repas, alors que tout le monde dormait déjà, Sophia avait de la peine à trouver le sommeil. Elle alla alors toquer à la chambre de sa sœur. Elle entra et parla à Écho de tout ce qui la chagrinait. Cette dernière était à l'écoute, enfin, jusqu'à ce que la reine commence à reparler de leur enfance.
Sophia disait qu'elle voulait revenir à l'époque où elle était petite. Elle disait que c'était les meilleurs moments de sa vie. Mais pour Écho c'était une tout autre histoire, elle avait toujours vécu dans l'ombre de sa sœur. Quand elles étaient jeunes, la charmante femme blonde adorait sa sœur mais quand Sophia commença à devenir plus belle qu'elle, elle devint comme invisible. Les gens n'avaient d'yeux que pour sa sœur et cela rendait Écho très triste. Alors quand elle entendit Sophia parler de cette période de leur vie, elle devint folle de rage. La femme se retint et attendit que Sophia s'endorme. Elle la porta jusqu'à sa chambre et la posa sur son lit. Là, elle attrapa un oreiller et étouffa sa sœur, celle-ci se réveilla mais ne réussit pas à se libérer.
Écho avait réussi. Sophia était morte.