Les livres

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« Lorsque nous avons dû quitter Lomiôn, Joséphine et moi, nous n'avons pas donné d'explication à Bart. On ne voulait pas qu'il pense, comme tout le monde, que son père, qui est aussi le tien, avait tenté de tuer la reine, ce que nous ne croyions pas, d'ailleurs, Bart a toujours adoré Sophia. Sur le bateau, il cessait de poser des questions. Il continua jusqu'à la mort de votre mère. Elle lui avait appris à lire, alors, il utilisa ses économies et alla chercher des livres sur Lomiôn. Il ne pouvait acheter que les plus anciens, les nouveaux étaient beaucoup trop cher. Après les avoir lus, il n'arrêtait pas de me poser des questions. Il me demandait d'y retourner mais je lui disais que c'était impossible à cause de la longue distance qui sépare notre île du royaume. Un jour, alors qu'il était à Hermanburg, un village non loin d'ici, il vit le dernier livre du royaume, le plus récent. Il commença à le lire mais le propriétaire l'empêcha de continuer.
La petite partie qu'il avait lu lui avait ouvert les yeux sur toutes les choses horribles qui se passaient là-bas. Pendant toute son enfance, ses parents lui avaient caché que tout le peuple n'était pas heureux, des gens vivaient à la rue. Dans le livre, tous les problèmes économiques étaient dénoncés. En fait, la personne qui se chargeait d'écrire ce que le roi lui dictait, ne l'écouta pas. Il nota la vérité. Quand le roi s'en aperçut, il les fit brûler mais certains exemplaires étaient déjà vendus. Malgré le fait que Bart ne voulait plus en entendre parler, il continua d'acheter les livres. Il avait promis à sa mère qu'un jour la cabane serait remplie de ces livres. »
Gaëlle, elle, n'avait jamais lu le livre que Bart avait eu la chance de lire et elle était toujours aussi passionnée par le royaume. Même si elle savait très bien qu'il était en difficulté elle voulait aussi s'y rendre.
La jeune fille était très curieuse. Elle chercha par tous les moyens de se procurer le livre, mais elle n'y parvint pas. Heureusement, Georges était toujours très ami avec Julian Trukhin. Il alla donc lui demander s'il pouvait trouver ce livre quelque part.
« Tu as de la chance d'avoir un ami marchand comme moi !
- Donc tu sais où je peux en acheter ?
- Oui et je vais même te l'acheter, je sais que tu n'as pas beaucoup d'argent.
- Non, dit moi simplement où il y en a, je ne veux pas trop t'en demander.
- Ne t'inquiète pas, tu n'auras pas de dette envers moi.
- Tu es sûr que ça ne te dérange pas.
- Puisque je te dis que non. Viens avec moi
- Merci Julian !
- C'est rien !»
Georges offrit le livre à Gaëlle en lui disant que c'était son cadeau d'anniversaire en retard.
L'ouvrage parlait de sa mère, de son père et même de Bart. Le livre était rempli de mensonges mais la fille ne le savait pas. Dans presque tous les livres, on parlait du fidèle ami du roi, mais elle ne se doutait pas que c'était lui, son père. Certains parlaient même de sa femme et de son enfant. Mais quand elle lut le dernier chapitre où cette femme se faisait poignarder au côté gauche du ventre, elle se rappela que sa mère avait justement une cicatrice à cet endroit-là. Elle alla même jusqu'à vérifier toutes les dates et elles coïncidaient avec de qu'elle savait de sa famille.
Le lendemain matin, elle sortit et dit à Bart et Georges qu'elle allait se promener. En revanche, alors que la nuit était tombée, Bart commençait à croire qu'elle s'était faite attaquer par un animal car Gaëlle n'était toujours pas rentrée, quand tout à coup, on toqua à la porte, c'était Anne et Marie, les voisines et amies de Gaëlle. Elles demandèrent à parler à Georges.
« Georges ! On te demande à la porte, cria Bart avant de les laisser seules.
- Qu'y a-t-il de si urgent pour toquer à une heure pareille chez les gens ? dit le cousin.
- C'est Gaëlle, plut tôt dans la journée, elle nous a laissé une lettre disant qu'elle partait
quelque part et que si elle n'est pas rentrée avant minuit, c'est qu'elle a des ennuis et qu'il faut qu'on vous prévienne, dit Anne en panique. »
Le cousin comprit très vite où se trouvait la fille.
« Excusez-moi, je dois me retirer, dit Georges avant de partir en courant en direction du port de Hermanburg. »
L'homme détala aussi vite qu'il put, il s'enfonçait de plus en plus dans la forêt quand il entendit un hurlement. Il se dirigea vers le son et trouva Gaëlle dans un piège à ours. Il l'aida à en sortir. Elle avait eu énormément de chance : le piège était cassé et sa jambe s'était retrouvée exactement à cet endroit. C'était la peur qui l'avait fait crier aussi fort et non la douleur. Georges lui demanda ce qui lui était passé par la tête pour avoir tenté de rejoindre Lomiôn. Gaëlle lui répondit qu'elle n'en pouvait plus d'être toujours à la maison, de cuisiner, de lire et de dormir, elle voulait de l'action dans sa vie. Elle avoua à son cousin qu'elle savait pourquoi ils avaient dû partir. Tout d'abord, Georges pensa qu'elle connaissait la vraie histoire mais après réflexion, il se dit que le roi avait sûrement modifier l'histoire à son avantage. Le jeune homme ramena la fille à la maison et demanda à Bart de venir s'asseoir dans le salon pour avoir une discussion.
« Ce que vous avez lu sur le royaume est faux. Le roi change toutes les histoires et fait en sorte que tout le monde l'aime et pense qu'il fait de bons choix. Alors je vais vous raconter la vraie histoire de notre départ.
Edwin m'entraînait comme chaque jour mais celui-ci fut différent. Mes parents m'ont demandé de rentrer plut tôt, ce que je fis. Quelques heures plus tard, alors que je me baladais dans le royaume, un employé du roi annonça qu'Edwin était emprisonné pour tentative de meurtre envers la reine. Bien sûr, je n'en étais absolument pas convaincu. Je me suis donc introduis dans le cachot où il était enfermé. Malheureusement, il n'eut pas le temps de m'expliquer ce qui s'était passé. La seule chose qu'il réussit à me dire était de partir avec Joséphine et Bart au port. Avant de dire quoi que ce soit, je tiens à vous expliquer pourquoi votre mère n'a pas voulu vous en parler. Tout d'abord, Bart était beaucoup trop jeune pour comprendre la situation et elle se sentait très coupable d'avoir abandonné son mari là-bas, de plus, personne n'a voulu nous dire ce qui s'était passé et quelle preuve ils avaient contre lui.
-Mais où est-il maintenant ? Toujours au cachot ? demanda Bart
- Oui, je pense mais je n'en suis pas sûr. Rares sont les personnes qui en sortent, répondit Georges
- On doit se rendre là-bas au plus vite ! s'exclama le garçon
- Je ne sais pas si c'est une bonne idée, dit le cousin perplexe
- Il le faut, insista l'adolescent. »
Georges céda et accepta. Mais ils ne pouvaient pas partir tout de suite, ils devaient attendre
une semaine, le temps de préparer leurs affaires et de trouver l'argent pour le voyage. Gaëlle n'avait pas l'air enthousiaste à l'idée partir alors qu'elle a toujours voulu y aller. Elle considérait Georges comme son père alors le fait de savoir qu'elle allait peut-être voir son vrai père
l'angoissait.
Les jours passèrent très lentement pour Bart. Gaëlle et ses amies, qui elles aussi adoraient lire, allaient souvent dans une sorte de librairie. Cet endroit était très peu fréquenté et les seules personnes qui s'y rendaient étaient très âgées. Pour y accéder, il fallait passer par une ruelle très sombre et la porte était très bien cachée. L'intérieur était très grand, il y avait deux étages, les livres et ouvrages étaient très poussiéreux mais malgré cela, les filles adoraient venir ici car c'était leur endroit à elles et c'était le seul endroit où elles pouvaient se permettre d'acheter des livres.
Gaëlle travaillait le dimanche dans une taverne, elle se chargeait de nettoyer, de balayer et de faire la vaisselle. Grâce à ce petit boulot qui rapportait pourtant très peu, au bout d'un ou deux mois elle avait assez d'argent pour se payer un livre ou une autre chose moins coûteuse. Un jour, Gaëlle et ses amies se rendirent à la librairie, mais cette fois-là, la fille avait amené toute ses économies et avait bien l'intention de les utiliser. Elle chercha pendant une bonne heure dans tous les rayons des deux étages. Quand elle vit enfin un livre qui lui semblait intéressant. Elle le prit et en allant payer elle appuya sans le vouloir sur une poignée noire comme le mur qui ouvrit une porte secrète d'un seul coup. Gaëlle sursauta et curieuse, elle entra voir ce qu'il y avait de si précieux à l'intérieur. Lorsqu'elle posa le pied au sol, des bougies s'allumèrent toutes seules, et une pièce splendide se dévoila. C'était une librairie totalement opposée à celle qui se trouvait en bas. Les livres resplendissaient, il n'y avait pas de poussière et les couleurs étaient juste magnifiques. Elle fit un petit tour et tomba sur une vitrine qui encadrait un livre.
Gaëlle voulait vraiment lire ce livre alors elle alla voir la veille dame qui s'occupait de cet endroit et commença par lui demander pourquoi cette salle était secrète. La vielle dame lui répondit que seules les personnes dignes de la salle pouvaient y entrer. Gaëlle ne comprenait pas vraiment ce que cela voulait dire. Elle lui demanda si le livre dans la vitrine était à vendre. Malheureusement, la dame répondit que non. Gaëlle était déçue mais avant même qu'elle eut le temps de dire quelque chose la femme lui dit qu'elle pouvait avoir le livre gratuitement à une seule condition : que le livre la choisisse. Elles retournèrent vers la vitrine avec une sorte de poussière bleue qu'elle avait sortie de sa poche. La personne âgée prit la main de Gaëlle et la posa sur la vitrine. Elle saupoudra la vitrine de poussière et récita une incantation quand tout à coup la vitrine se brisa en milles morceau. La salle était recouverte de verre et la vielle dame était toute égratignée mais Gaëlle n'avait rien. Elle n'avait aucune coupure et ne comprenait rien à ce qu'il venait de se passer. Tout à coup, les bougies s'éteignirent.
« Suis ta destinée, dit la vielle dame. »
Quand Gaëlle ralluma les chandelles, la vielle dame avait disparu. Elle était vraiment troublée de ce qu'il venait de se passer. Elle sortit de la pièce qui se referma juste après et alla retrouver ses amies. Mais ne leur dit rien. En rentrant chez elle, elle se mit à réfléchir et à imaginer tout un tas de choses.
Elle courut directement dans sa chambre, ferma la porte à clé et commença à lire. Le livre racontait une histoire, celle de la création du royaume.
« Voici l'histoire : au début, les îles de Maïto étaient composées de quatre royaumes dirigés par quatre rois qui régnaient en toute harmonie. Malheureusement, l'un d'entre eux ne pouvait pas avoir d'enfant. Il désigna alors Théo, un jeune sorcier, comme héritier du trône.
Lorsque ce dernier prit le pouvoir, il se rendit très vite compte qu'il pouvait faire bien plus de chose que de gouverner ce petit royaume. Il alla avec ses troupes à la conquête des trois autres royaumes. Il gagna deux batailles, mais au cours de la dernière, il perdit d'un seul coup tous ses pouvoirs. Il ne comprit pas ce qui s'était passé, alors il demanda de l'aide à son grand-père, lui aussi sorcier. Ce dernier lui expliqua que c'était à cause de la montagne de Grimm située sur l'île d'Algesia, non loin du quatrième royaume, qui l'empêchait d'utiliser ses pouvoirs.
Théo réunit les mages et sorciers les plus puissants et se rendît sur la montagne. Arrivés tout en haut, ils trouvèrent une boîte et décidèrent de l'ouvrir. Quand il souleva le couvercle, une puissance inimaginable entra à l'intérieur du roi, c'était tous les pouvoirs que la boîte avait réussi à enfermer. Théo sentait qu'il avait en lui une force immense et, rentré au royaume, il eut une idée, une nouvelle tradition : à chaque fois qu'un prince naîtrait, ils l'emmèneraient à la montagne sacrée afin que le futur roi soit aussi puissant que l'a été Théo. Cette tradition a duré des centaines d'années jusqu'à ce que l'un des héritiers se dise que ce n'était peut-être pas la meilleure solution et que les effets secondaires n'en valaient pas la peine. Car oui, il y avait des effets secondaires très dangereux pour la santé, et les rois ne vivaient pas plus de 20 ans. Cet héritier en question était le grand-père du roi Alex. C'est à partir de ce moment-là que la tradition disparut. »
Gaëlle était restée dans sa chambre toute la journée pour lire et elle avait sauté trois repas. Elle était fascinée par cette histoire et voulait à tout prix se rendre sur cette montagne. Elle raconta à Bart et Georges tout ce qu'elle avait lu et elle leur annonça qu'elle allait partir.
« Non ! Gaëlle. Tu ne peux pas y aller seule, dit Georges
- Je ne suis pas de cet avis ! Je pense qu'elle est assez grande pour se débrouiller toute seule, rétorqua Bart.
- Je ne vous ai pas demander votre avis ! Je vais m'y rendre un point c'est tout ! dit Gaëlle.
- Mais... dit Georges avant d'être interrompu.
- Fin de la discussion ! Je sais que tu t'inquiètes mais ce n'est point nécessaire. » Finalement, Gaëlle accepta de partir en même temps que Georges et Bart. Quelques jours plus
tard, ils préparèrent leurs affaires et partirent. Georges et Bart vers Lomiôn et Gaëlle, vers Algesia.

Le Royaume de Lomiôn Où les histoires vivent. Découvrez maintenant