Chapitre 5 : Tu connais le danger du métier de ninja

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Ces trois jours sont passés très rapidement et je me découvre impatiente d'assister à la fête de demain. J'ai passé la journée à travailler à la boutique de fleurs pour remplacer ma mère, chantonnant en préparant des compositions florales et souriant plus que de raisons à tous les clients. Quand je recompte la caisse à la fin de la journée, je m'aperçois que cette dernière a été plutôt lucrative. Mon sourire vaut-il de l'or ?

Je pouffe à cette pensée et remonte me changer dans ma chambre avant d'aller préparer le repas.

Plus tard, alors que nous sommes attablées avec ma mère, mon père rentre enfin.

– Tu as l'air exténué chéri, dure journée ? lui demande ma mère alors qu'il s'assoit.

Il me lance un regard hésitant et pose sa main sur la mienne alors que mon cœur se serre, étreint par un mauvais pressentiment.

– Ino... Tu connais le danger du métier de ninja, alors sois forte. Il y a eu un problème lors de la mission confiée à l'équipe 7.

Une pierre me tombe dans l'estomac et une ombre voile mon cœur.

– Un problème ? Quel genre de problème ? articule ma voix tremblante de peur.
– Une embuscade. Naruto était très clairement visé. Mais aucun ne s'en est sorti vraiment indemne... Tu devrais aller les voir à l'hôpital Ino.

Une embuscade contre Naruto ? Aucun n'est indemne ? Le tressautement de lèvres de mon père sur chacun de ces mots me prouvent, plus sûrement que n'importe quoi, qu'il ne me dit pas l'entière vérité sur cette affaire. Il n'aurait pas dû si bien m'apprendre ses techniques pour la détection de mensonge.

– Quand ?
– Eh bien, les heures de visites sont presque terminées à cette heure-ci donc...
– Non, quand est-ce que c'est arrivé ? Quand est-ce qu'ils sont revenus au village ? ma voix s'est affermit.
– En milieu d'après-midi mais...

Je tape du plat des mains sur la table en me redressant, la colère a supplanté la peur que je ressens pour l'état de santé pour mes amis.

– Tu es au courant depuis cette après-midi et ce n'est que maintenant que tu me préviens ? je lance avec véhémence.

Je le vois soupirer et appuyer son front contre sa main.

– Écoute, Ino, tu n'es plus une enfant, tu sais que prévenir les proches n'est pas la priorité. Par ailleurs, tu n'es qu'une amie, tu ne fais clairement pas partie des personnes à prévenir en premier lieu.

Je rigole amèrement. Est-il vraiment sérieux ?

– Tu as conscience de l'absurdité de tes paroles quand deux des membres de l'équipe 7 sont orphelins ? Si leurs amis ne sont pas leur famille, je me demande qui peut l'être ! Et tu ne comprends toujours pas pourquoi je n'ai pas voulu suivre tes traces et devenir un ninja ? je crache ce dernier mot presque comme une insulte à son encontre.

Je plante mes parents là et me réfugie dans ma chambre. Je laisse s'évacuer ma rancune envers mon père par des larmes toujours plus abondantes. Même blessés ou agonisants, je suis certaine que sa priorité a été de les interroger puis de lancer des recherches. Le soutien moral qu'une présence amicale peut apporter, il n'en a cure ! Je me demande dans quel état ils sont... Sans m'en rendre compte, je suis sortie par la fenêtre de ma chambre pour gagner le toit. D'ici, j'aperçois les lumières de l'hôpital qui jamais ne s'éteignent, telles un phare. Je fonce droit sur lui.

Accroupie dans les buissons qui bordent la façade du bâtiment, j'utilise ma technique de transposition qui me permet de prendre le contrôle du corps et de l'esprit de la personne qui occupe l'accueil. Encore un héritage de mon père, je pense avec aigreur. À travers elle, je feuillette le fichier des admissions pour trouver les chambres de mes amis. L'opération ne me prend pas plus de cinq minutes et je libère mon otage. Mon esprit regagne mon corps, je m'étire, me relève et longe le bâtiment, avant de courir sur sa façade à la recherche d'une fenêtre mal fermée. Rien de plus facile à trouver en plein été ! Étage : ok. Couloir : ok. Chambre : en visuel. Je tends l'oreille une dernière fois, puis je sors de ma cachette et entre dans la chambre 144 sans frapper.

Chacun à sa placeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant