Chapitre 7 : Naruto ! J'ai besoin de toi, Naruto...

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Les secondes, les minutes, les heures, les jours et les semaines se sont écoulées sans que jamais je ne parvienne à intercepter Sakura. Le peu de fois où je l'ai aperçue dans le lointain, elle est empressée de fuir, déchirant mon cœur chaque fois un peu plus...

Cette après-midi encore, alors que je vais à l'hôpital pour rendre visite à Naruto, nous nous croisons. Elle est devant les portes de l'établissement, le vent anime ses cheveux et son visage est lui aussi animé. J'y lis successivement une joie immense puis une douleur fulgurante. J'ouvre à peine la bouche pour tenter de lui parler qu'elle bondit et s'enfuit par les toits. Je crois voir une traînée de gouttelettes d'eau tracer un chemin humide derrière elle avant qu'elle ne disparaisse. Elle pleurait ?

Alors que je me délite un peu plus à cause de cette rencontre avortée, je traverse l'hôpital pour gagner la chambre de Naruto. Après avoir toqué à la porte de sa chambre, je la fais coulisser et me dirige comme à mon habitude vers la table de chevet pour remplacer les fleurs fanées.

– Je m'occupe de ça et je reviens vers toi, Naruto, je lui glisse en passant.

Je jette les fleurs mortes, change l'eau et installe le bouquet de pivoines pastel que j'ai composé le matin même. Les fleurs de la guérison... elles l'aideront sûrement. Je remet le vase en place sur la table de chevet et arrange les fleurs une dernière fois avant de m'asseoir sur une chaise à côté de Naruto.

J'admire ses cheveux blonds qui ont poussé et repousse une mèche trop longue qui lui barre le visage. Ses yeux sont clos, son souffle est régulier, mais c'est bien le seul mouvement que je l'ai vu esquisser ces derniers temps. Les médecins sont incapables de savoir si et quand il sortira du coma...

– C'est plus facile de discuter avec toi d'habitude, ces temps-ci, tu n'es pas bien causant...

Je secoue la tête pour tenter de m'ôter les idées moroses qui m'assaillent. Je ne suis pas venue ici pour l'accabler !

– Figure-toi que j'ai croisé Sakura en venant. On était face à face et elle m'a complètement snobée ! Je n'ai même pas eu le temps de dire quoique ce soit qu'elle courait comme une bête traquée loin de moi...

Je me repasse la scène en lui racontant ça. Je revois les gouttes d'eau qui semblaient la poursuivre, si nettes lorsque le soleil s'est reflété dedans.

– Elle pleurait...

Je me sens à nouveau abattue.

– Je ne la comprend vraiment pas...

Je me rapproche de Naruto et me penche sur lui, mon visage empreint de douleur le suppliant de me répondre.

– Naruto ! J'ai besoin de toi, Naruto... Tu es le seul à pouvoir m'aider... Pourquoi me rejette-t-elle ?

Pas un mouvement. Pas un bruit. Je suis plus seule que jamais et m'effondre sur son torse pour pleurer tout mon soul, libérant des semaines de frustration, d'incompréhension et de douleur. Toute la fatigue que j'ai accumulée s'abat d'un coup sur moi, et je m'assoupis sans m'en rendre compte.

Bien plus tard, une main tapote mon épaule et me réveille. Je me frotte les yeux pour y voir plus clair et me débarrasser de mon ensommeillement.

– Sasuke ?

– Salut, Ino. Ça va ? s'enquit-il en passant délicatement son doigt au coin de mon œil pour cueillir une larme qui s'était attardée.

Je hoche la tête. Ses yeux sont si cernés qu'ils forment une ombre inquiétante sur son visage. Ses joues sont creusées et ses vêtements semblent flotter davantage. Il est vraiment mal...

– Je te laisse la place, j'ai trop tardé, je suis désolée...

– Non, ne t'inquiète pas, fait-il en esquissant un sourire fantomatique.

– Sasuke... Ne te vexe pas, mais tu ne ressembles plus à rien.

L'espace d'un instant, je vois que ma remarque l'a piqué, pourtant il ne riposte pas.

– Crois-tu que Naruto serait heureux de te voir dans cet état ? Comment il va se sentir quand il se réveillera et te verra, squelettique, à son chevet ?

Son visage se ferme complètement et il se pince les lèvres, il sait que j'ai raison. Je passe fermement mon bras sous le sien et l'entraîne à ma suite, ce qui n'est pas dur puisqu'il ne cherche même pas à se libérer.

– Allez, viens ! On va manger un bout et remplumer ta carcasse, il est temps que tu fasses un vrai repas !

Chacun à sa placeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant