Chapitre 1 : Un échec ne vient jamais seul

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Je retire la ceinture de ma taille où j'avais rangé deux armes à feu ainsi que des munitions. Je la pose sur la table en enlevant les balles du chargeur, puis soupire. Cela fait six mois que le W.C.K.D est venu à l'ancien refuge du bras droit, en prenant captifs des dizaines de jeunes. Et cela fait six mois que mes amis et moi désespérons chaque jour un peu plus de ne trouver aucune trace d'eux dans les bases que nous fouillons. 

Juste après la visite du W.C.K.D et la bazar qu'il a foutu, les survivants de l'ancien refuge nous ont rejoints pour partir sur les routes débusquer ces salopards, quitte à fouiller toutes les bases du pays. Nous avons rencontrer d'autres groupes de résistants en route, certains étaient seulement deux ou trois, d'autres étaient plus d'une trentaine, et beaucoup nous ont rejoint. Tous ensemble, nous avons pu fouiller pratiquement toutes les prisons de la côte Est et nous nous sommes même aventurés plus avant dans les terres. Nous avons délivrer des dizaines et des dizaines de prisonniers, mais ces deux derniers mois, le W.C.K.D a commencé à répliquer à nos attaques incessantes. Après tout, on a fait explosé une trentaine de prisons, qui étaient si faciles à infiltrer que même un enfant aurait pu le faire, et pour cause, ce ne sont pas des gardes professionnels qui surveillent ces petites prisons, mais des mercenaires qui sont aussi dangereux que des bisounours. Malheureusement, le W.C.K.D a dû penser qu'il était temps de nous faire payer nos actions et ils nous ont pourchassé jusqu'à l'ancienne New York, où nous avons construits un abri souterrain sous les docks du vieux port. Quand ces salopards sont arrivés avec un train de retard, ils n'ont rien trouvé d'autres que des entrepôts vides, et sont repartis torturer les innocents qu'ils avaient fait prisonniers. 

Vince a alors décidé de rester là, et d'y installer un campement fixe. Thomas, Newt, Fry et moi aurions préféré continuer à chercher Minho et les autres, mais il fallait aussi penser aux enfants et adolescents que nous avions délivré. Depuis, on est en stand-by, et je m'impatiente. Quand allons nous pouvoir repartir chercher Minho ? Quand allons nous prévoir une autre attaque de ces enfoirés, qui ne comprennent que par la force et la violence ? Quand allons nous vraiment pouvoir nous venger ? 

En réponse à toutes ces questions, Vince ne cesse de me répéter que seul quelqu'un qui sait attendre son heure peut se venger dignement. Même Thomas s'est mis à me faire la morale sur mon comportement 'impulsif' et 'pas prudent'. Mais je me fous de sa prudence. Et je me fous de me venger dignement. Je veux me venger, et récupérer l'homme que j'aime ainsi que les adolescents innocents qui sont enfermés avec lui. Alors leur prudence et leur dignité, ils peuvent se la foutre là où je pense. Je suis tellement remontée ces derniers temps que quand je me suis réveillée ce matin vers 3 heures, je n'ai pas réfléchi et j'ai pris mes armes et une vielle moto, et suis partie rendre une petite visite à des gardes du W.C.K.D qui chargeaient des caissons d'armes dans un train pour les emmener Dieu sait où. J'ai réussi à avoir l'heure et l'endroit exact du rendez-vous en espionnant leurs conversations radios et leurs communications cryptées, en cachette puisque ni mon frère ni mes amis ne se sont doutés de quoi que se soit. Je savais qu'en y allant, je risquais de me faire emmener ou tuer, et que je risquais aussi de les conduire à notre base, mais je ne pouvais pas renoncer. C'était trop tentant. Bien sûr, j'ai tout fait explosé avant qu'ils ne puissent me retrouver, et je me suis assurée de ne laisser aucun survivant derrière moi, mais j'ai bien failli y rester, et rien que pour être partie sans les prévenir, je sais déjà que Thomas et les autres vont me passer une bonne engueulade. 

Je soupire à nouveau puis relève la tenture qui sert de porte à ma chambre, que je partage avec Brenda et Evanna, puis sors rejoindre le bâtiment qui sert de cafétéria et où sont sans doute tous mes amis au vu de l'heure avancée. Je garde la tête bien haute en entrant dans la cafet bondée, même quand j'aperçois le petit groupe de personnes familières dans le coin gauche. A ma grande surprise, aucun ne vient me voir en criant et en s'arrangeant pour faire une scène devant tout le monde. Je les vois juste me fixer, immobiles et aux aguets, attendant que je vienne les rejoindre pour m'engueuler. Je ne sais pas si j'en ai très envie, mais de toute manière, ça arrivera à un moment ou un autre, alors autant se débarrasser de cette corvée tout de suite. Je ne prends pas la peine de me servir à manger, je n'ai pas faim et je sais très bien que même si je le voulais, je ne pourrais pas avaler quoi que se soit sans le régurgiter. 

Je m'avance donc vers la table rectangulaire, où je tire une chaise et m'assois, toujours la tête haute et les yeux fixés droit devant moi sur la vitre qui donne vue sur la mer. Quelques secondes passent où personne ne dit rien, mais je les sens préparer leur colère et s'apprêter à la recracher sur moi dans un instant. Je m'assois au fond de ma chaise, croise mes bras sur ma poitrine et fait reposer ma jambe droit sur mon genoux gauche, dans une position nonchalante et provocatrice que j'assume complètement. Je me prépare à l'explosion. Trois, deux, un...

C'est parti...

"- Elena ! crient simultanément Thomas, Newt, Fry et Vince. 

- Tu es allée à la gare ? Tu y es allée pour empêcher le chargement c'est ça ? Tu te rends comptes du risque que tu nous a tous fait courir ! Tu aurais pu les conduire jusqu'ici et faire tuer tous ces ados qu'on a mis 4 mois à récupérer ! s'époumone Vince avant les autres. 

- Ca n'est pas arrivé n'est-ce pas ? Alors on se détend, je riposte. 

- Tu n'es... commence-t-il, mais mon frère l'empêche de terminer sa phrase. 

- Vince, du calme. Elena, je crois que tu n'as pas saisi à quel point tu t'es mise en danger aujourd'hui. Tu es...

- Si Tommy, j'ai très bien saisi. Je sais parfaitement à quel point je suis importante pour le W.C.K.D parce que, au cas où tu l'aurais oublié, j'ai été leur cobaye pendant plus de trois ans ! 

- Ele, tu as fait courir un grand risque sur nous tous, mais aussi sur toi ! intervient Newt avant que Thomas ne réponde. A quoi aurais-tu pu servir si tu étais morte là-bas ? 

Mon frère tressaille en entendant ces mots. C'est la réaction qu'il a toujours ces derniers temps lorsque je fais quelque chose d'insensé et de dangereux et que j'en réchappe de justesse. M'imaginer morte est sûrement tout aussi horrible que cette vision de lui ne l'est pour moi. 

- Je n'ai rien, alors on pourrait abréger s'il vous plaît ? je persiffle en levant les yeux au ciel sous les regards amusés de Jorge, Evanna et Brenda, qui, tout aussi tête brûlée que moi, savent combien la tentation était grande, et sont probablement d'accord avec moi sur le fait que nous devons contre-attaquer et pas nous planquer dans un vieux port pourri pendant des semaines.

- Arrête cet air insolent Elena, tu n'as pas raison et tu le sais très bien, siffle Vince. 

- Je ne suis insolente que parce que vous me forcez à l'être ! je réponds. Je vous signale que Minho et les autres sont pas prêts de sortir de leurs cages si on se bouge pas le cul !

- Tu sais très bien que ce n'est pas aussi simple que tu le prétends !

- Je n'ai jamais prétendu que c'était simple, seulement que faire quelque chose était une absolue nécessité !

- Tu ne sais rien de ce qui est nécessaire ! hurle Vince, sourd aux tentatives de Thomas, Fry et Newt de le calmer, et tout aussi aveugle aux regards incrédules que nous offre les ados dans la cafet. 

- Je le sais toujours mieux que toi ! Tu n'es pas censé être le bras droit ? Celui qui a combattu le W.C.K.D pendant des années ? 

- Oui, et regarde où ça m'a mené ! Ce que j'avais mis des années comme tu dis, à construire, ils l'ont détruit en une nuit ! 

- Ce n'est pas en restant sur ses échecs qu'on arrive à les surmonter !

- Qu'est ce que tu en sais toi ? Tu n'es qu'une gamine de plus qui pense tout savoir du monde et de la souffrance, mais qui ne sais rien ! Tu es prétentieuse et indifférente à tout ce qui est autour de toi, et tant que ça va pas comme tu veux, tu fais chier ton monde et celui des autres ! 

- Je... commençais-je, abasourdie par la violence de ses propos. 

- Tu penses avoir souffert hein ? me coupa-t-il la parole. Mais la vérité, c'est que ce qui t'es arrivé, tu l'as bien cherché ! Le WC.K.D et tout ce qui s'y est passé ne serait jamais arrivé si tu n'avais pas livré ton père à ces fous ! C'est de ta faute à toi, alors arrête de faire la tigresse et redescend !

Je me fige à l'entente de ces mots. Autour de nous, le silence est total et les regards sont tous braqués sur notre table. Je mords ma langue jusqu'au sang pour refluer les larmes. A mes côtés, mes amis sont aussi choqués que moi, et en face de moi, Thomas lève un regard abasourdi sur Vince, qui ne me quitte pas du regard. 

Finalement, ne pouvant plus supporter ces regards de pitié, je me lève.  

- Je me casse, sifflais-je entre mes dents. De toute façon j'avais pas faim. "

Le remède mortel : des choix pour survivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant