Le Journal d'une Sorcière

Une Semaine Maudite

Le temps est disloqué. Ô destin maudit, pourquoi ne suis-je né pour le remettre en place ?

– William Shakespeare

Je m'appelle Nimueh Hexenfeuer et je vais vous raconter une histoire, mon histoire. Vous ne me croirez peut-être pas car cette histoire est vraiment folle, mais je peux vous garantir que c'est la vérité. Depuis toute petite, j'ai toujours eu un don, un instinct très fort, presque divinatoire. Il me permettait de deviner des choses qui allait se passer à l'avance, pas comme les prémonitions et les visions des médiums, mais plus comme un pressentiment. Vous savez, c'est comme quand vous sentez qu'il va pleuvoir, si cela vous est déjà arrivé. Et j'étais également ce qu'on appelle une personne empathique, pour faire simple, je ressentais les émotions des autres et je vous jure que quand on est empathique, vivre avec est un véritable calvaire. Quand j'étais stressée pour un examen, toute ma classe était évidemment anxieuse, elle aussi. Et mon stress devenait, à cet instant, beaucoup plus intense car je ressentais les sentiments des personnes autour de moi. Puis, quand je l'ai expliqué à mes parents, ils ne me croyaient bien évidemment pas. Ils me disaient juste que j'avais de bonnes intuitions, que c'était l'âge ou que j'étais une personne généreuse et que c'était normal. Mais c'était beaucoup plus que ça, maintenant je le sais.

Pour ma rentrée scolaire en seconde, j'étais toujours dans la même école qui faisait à la fois lycée et collège. J'avais passé toute ma scolarité dans le même établissement et j'avais atterri dans la seule classe où il n'y avait absolument personne que je connaissais, il n'y avait que des nouveaux. A cause de mon don, j'évitais d'aller vers les autres. Mais malgré tout, je me suis quand même faite des amies, Célia, Arya et Tayllie. Tout a commencé le troisième jour de cours, nous étions toutes les quatre externes, on amenait notre repas au lycée, on se mettait dans un coin et on mangeait. C'était vraiment plus pratique ! On était plus en retard en cours à cause de la file d'attente du self. On mangeait à notre faim, des choses qu'on aimait. Ce jour-là, j'avais pris un risotto aux choux chinois, je suis donc rentrée dans le réfectoire pour le faire chauffer. C'était une grande pièce lumineuse aux murs verts pommes, aux tables alignées et tout un mur était couvert de baies vitrées donnant sur la cour. Je me suis avancée vers le micro-onde. Il y avait du bruit mais comme dans toutes les cantines. Puis, peu à peu, le bruit devenait plus fort et insupportable. Cela commençait à me faire mal à la tête. Je réalisai que j'entendais leur voix, plus précisément, j'entendais leurs pensées. Une se disait qu'un de ses amis était beau, un autre se disait « cette bouffe est dégueulasse ». Une autre se disait « je tuerais pour des frites ». D'autres encore se disaient « putain elle est sexy ma prof d'anglais ». Toutes ces pensées se mélangeaient dans ma tête. Cela ne suffisait déjà pas assez d'avoir les miennes que je mettais à avoir celles des autres. Toutes ces voix me firent tourner la tête. Soudain je m'écroulai.

Quand je me suis réveillée, j'étais à l'infirmerie, mes parents étaient là ainsi que mon amie Tayllie. Elle était brune, les cheveux naturellement lisses mais elle les avait gaufré, un teint clair, des yeux verts-gris et toujours avec ses lunettes à monture noire. Ma mère était amérindienne et très jolie, je lui ressemblais. Elle avait une peau foncée, des cheveux noirs profonds et lisses, un visage fin et un sourire radieux, puis des yeux noirs. Elle contrastait beaucoup avec mon père qui était franco-allemand, il avait des cheveux blonds bouclés, une peau claire, quelques tâches de rousseur sur les joues et des yeux bleus. J'avais hérité du teint et des cheveux noirs de ma mère cependant ils étaient ondulés comme ceux de père, puis j'avais également ses yeux azurs.

– Comment tu te sens ?, me demanda Tayllie.

– Que s'est-il passé ?, me questionnèrent aussitôt mes parents.