CHAPITRE 2 : Une très mauvaise idée

327 24 0
                                    

La semaine était passée à une vitesse alarmante.

Les cinquièmes années, face à des professeurs acharnés, étaient surchargés de devoirs toujours plus longs et plus nombreux. Comme si cela ne suffisait pas, il régnait dans le château une atmosphère froide et terne, devant ce mois de décembre où l'on n'avait pas vu le soleil depuis maintenant plusieurs jours.

Mais ils pouvaient se rassurer, les vacances de Noël finirent par arriver. Nous étions le vendredi et, dès le lendemain matin, les diligences repartiraient en sens inverse afin d'amener les élèves jusqu'à la gare de Pré-au-Lard où ils retrouveraient leur famille et oublieraient tous leurs soucis l'espace de quinze jours.

Le seul qui restait malgré tout irrité, c'était Severus Rogue.

- Mon dieu Severus, arrête de sourire autant, tu vas finir par m'éblouir !

- Je pense toujours que c'est une mauvaise idée, bougonna-t-il.

Nous étions à notre dernier cours de la journée, le cours de sortilèges, où il y régnait, comme à son habitude, un désordre évident. Le cours portait sur le sort Arresto Momentum et le professeur Flitwick semblait dépassé par les évènements. En effet, les coussins, au lieu d'être arrêtés en plein vol, voltigeaient à travers la salle, heurtant de temps à autre des élèves avec une force impressionnante. Plusieurs d'entre eux furent sonnés un certain temps, d'autres, carrément amenés jusqu'à l'infirmerie, des plumes encore accrochées aux cheveux.

- Arrête un peu, ça ne devrait pas être si terrible que ça. Si ça se trouve, tu vas même t'amuser. Tu sais ce que ça veut dire, hein Sev ? S'A-M-U-S-E-R, articulai-je en insistant sur chaque syllabe.

Il me lança un regard froid et rapprocha dangereusement sa baguette de moi.

- Et puis, je t'ai déjà dit que Lily sera là, continuai-je, totalement insensible à sa menace. Tu lui as bien demandé de venir avec toi, pas vrai ?

Avec un geste vif, il arrêta un coussin qui surgit de nulle part, le stoppant net et le faisant retomber avec fracas au sol.

- Elle y va déjà avec ce crétin de préfet de Serdaigle, marmonna-t-il avec dégoût.

- O'brien ? Vraiment ? Mince, je pensais pourtant qu'elle avait bon goût...

Il me lança un regard blasé.

- Oh et puis c'est de ta faute, Sev ! Tu t'y es pris au dernier moment ! Tu aurais dû accepter l'invitation de Slug dès qu'il te l'avait proposé, c'est-à-dire il y a un mois de ça. Heureusement que je suis là pour te sauver la mise. Pourquoi vous n'en avez pas parlé avant ?

- On... on ne se parle plus trop en ce moment, avoua-t-il timidement, reportant aussitôt son attention sur les coussins volants.

- Ah bon ? Et pourquoi ça ?

- Elle n'aime pas trop mes... « fréquentations », dit-il en accentuant sur son dernier mot.

- Vraiment ? Je suis pourtant une personne extraordinaire.

- Et humble, de toute évidence. Et elle ne parlait pas de toi, quoi qu'elle aurait pu. Elle parlait plutôt de Avery et de Mulciber.

- Eh bien, ce n'est pas moi qui vais la contredire, répliquai-je froidement.

- Ne commence pas toi aussi, menaça Severus à voix basse, reportant à nouveau son regard sur moi.

- Très bien, très bien, capitulai-je, lasse. Mais en tout cas, tu ne te défileras pas ce soir, Severus. Car c'est toi mon cavalier.

- Et depuis quand ? rétorqua-t-il avec un sourire narquois.

- Depuis maintenant. Tu sais très bien que tu es mon seul ami ici.

- Ne m'en parle pas, dit-il de son ton sarcastique. Je me demande chaque jour pourquoi j'ai eu cette idée saugrenue. Je mérite vraiment la médaille de Merlin...



Le soir venu, je descendis du dortoir des filles afin de retrouver Severus à la salle commune. J'avais vêtu une robe courte en velours noir, près du corps, dévoilant mon dos nu. Mes cheveux étaient détachés et naturellement ondulés.

Severus était, quant à lui, habillé d'une robe de sorcier classique, noire et d'aspect mité, ayant l'air d'avoir été portée par des générations avant lui. Il était droit comme un I et ne cessait de marmonner des paroles incompréhensibles.

- Alors, comment trouves-tu ta cavalière ? demandai-je tout excitée en tournoyant sur place.

- Mmmh.

- Severus, tes paroles me touchent, tu n'imagines même pas. Tu sais vraiment comment parler aux femmes.

- Je persiste à dire que c'est...

- Une merveilleuse idée ? le coupai-je en lui saisissant fermement le bras et en le plaçant sous le mien. Oui, je sais. Comme toutes mes idées d'ailleurs. Allez maintenant bouge-toi, on y va, sinon on va être en retard.



Arrivé devant la porte du bureau de Slughorn, Severus était de plus en plus mal à l'aise.

- Et puis merde, je m'en vais. C'est une idée vraiment débile.

- Tu ne vas nulle part et tu restes avec moi, répliquai-je en le maintenant sur place et en toquant à la porte. De quoi aurais-je l'air en arrivant sans cavalier ?

- Et pourquoi tiens-tu à ce point à y aller ? demanda Severus, totalement ahuri. Tu ne connais personne et tout le monde te méprise, y compris ceux de ta propre maison.

- Vraiment Severus, arrête avec tes compliments ou je vais finir par...

- Aaah ! Mais que vois-je ? me coupa le professeur Slughorn qui venait d'apparaître sur le bas de la porte, vêtu d'une majestueuse robe de sorcier d'un vert émeraude, avec tellement d'ornements qu'il m'avait aveuglé l'espace d'un instant. Severus, vous êtes là ! C'est fantastique, je n'y croyais plus ! Et accompagné de Miss Adams. Vous êtes tout à fait ravissante !

- Lui sait parler aux femmes, murmurai-je à l'oreille de Severus, le regard noir, pendant que nous rentions à l'intérieur.

Nous arrivâmes alors dans une pièce très vaste, où les murs et les plafonds semblaient recouverts de la même tenture émeraude et dorée que portait Slughorn. Tout y était surchargé et il y régnait une atmosphère étouffante, renforcée par la lumière rouge que diffusait une lampe ancienne accrochée au plafond. Des groupes de gens de tout âge étaient en pleine discussion et de minuscules elfes de maison, portants des plateaux trois fois plus grands qu'eux, se faufilaient par la foule. En fond sonore, une musique douce flottait dans l'air, comme venue de nulle part.

- Bon et bien, nous voici dans la gueule du loup, lançai-je à un Severus déconfit.

Une Serpentard chez les Maraudeurs ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant