CHAPITRE 5 : Lunard

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- C-C-Comment ? bégaya-t-il.

- Oui, du napel. Ou, si tu préfères, de la Tue-Loup, lui répondis-je en le regardant droit dans les yeux.

- J-je... Hein ? Quoi ? M-mais enfin... C-comment tu as su ?

- Comment j'ai su quoi ? Que c'était de la Tue-Loup ? dis-je innocemment, en faisant semblant de ne pas comprendre. Eh bien, c'est simple, Slughorn me l'a très gentiment fait remarquer en...

- Arrête, Adams, tu sais très bien de quoi je veux parler, répliqua froidement Lupin, l'air soudain grave.

Je l'observai quelques instants.

- Eh bien, je suis déçue Lupin, avouai-je enfin en me rallongeant, les bras derrière la tête. J'aurai pensé que tu aurais nié jusqu'au bout, même sous la torture... Je dis ça, mais ce n'était pas le plan que j'avais imaginé, rassure-toi. Quoi que... Ça va, je plaisante ! Enfin, quand même, tu as craché le morceau bien trop vite. Imagine que j'avais dit ça seulement pour te tester. Il ne faut jamais dévoiler toutes ses cartes, tu devrais le savoir, Lunard.

Lupin se crispa instantanément. Il avait le regard noir et semblait réfléchir à une vitesse folle. Puis, sans crier gare, il fit un mouvement pour attraper sa baguette. Je fus cependant bien plus rapide et lui brandit la mienne devant son visage blafard avant même qu'il arrive à la sortir de sa poche.

- Ne sois pas stupide, Lupin. Je pourrais te tuer rien qu'en t'effleurant, dans ton état actuel. Range ta baguette et repose-toi plutôt. D'ailleurs, je vais peut-être en profiter pour faire un petit somme moi aussi. Avec un peu de chance, je pourrais sans doute louper le cours de Binns, fis-je le regard plein d'espoir.

J'attirai alors avec force les couvertures immaculées contre moi, fermai les yeux et, l'air paisible, essayai de m'endormir en imaginant toutes les tortures possibles que je pourrais infliger à Black. Cependant, l'atmosphère était si tendue qu'elle m'empêcha de savourer à leur juste valeur ces magnifiques pensées.

- Qu'est-ce que tu veux, Adams ? grogna Lupin, méfiant.

- Là, tout de suite ? Dormir. Alors, si tu veux bien, lui dis-je en battant mes mains devant lui pour qu'il se retourne de son côté.

Il ne bougea cependant pas d'un millimètre et continua de m'observer, de la même façon que s'il avait eu affaire à une bombe à retardement.

- Qu'est-ce que tu veux en échange de ton silence, continua-t-il, imperturbable et toujours de son air grave et soupçonneux. C'est bien ça que tu cherches non ? Avec tes petites insinuations. J'aurai dû m'en douter, tu n'attendais que ça, hein ? Alors, j'attends : qu'est-ce que tu veux ?

Je restai totalement abasourdie par ses paroles. Puis, ne tenant plus, je craquai :

- Oh mais oui, exactement, je n'attendais que ça ! Mon piège se referme enfin sur toi ! C'est ce que tu penses de moi, n'est-ce pas ? Tu penses me connaître, hein ? La méchante de Serpentard qui passe son temps à comploter dans l'ombre ! Pour ta gouverne, cela va faire deux ans que je suis au courant pour « ton petit problème de poil », comme tes petits amis aiment bien l'appeler. Alors vas-y, explique-moi pourquoi je ne t'aurais pas fait chanter avant ? Eh bien tout simplement parce que je n'en ai strictement rien à faire. Je l'ai deviné parce que, figure-toi, je m'inquiétais pour toi. Tu étais tout le temps absent, on disait que tu étais malade, ou que tu avais des problèmes familiaux, jamais la même version. Et quand tu étais là, tu étais dans un état pitoyable. Alors finalement, après quelques temps, j'ai fait le lien et j'ai compris. Par la suite, j'ai fait taire les rumeurs de ces espèces abrutis qui font partie de ma maison, ce qui m'a valu pas mal d'ennuis et très peu de sympathie de leur part d'ailleurs... Et maintenant, tu vois, je me demande vraiment pourquoi je me suis infligée tout ça.

Je me relevai brusquement et, sans lui accorder le moindre regard, sortis en trombe de l'infirmerie sous les hurlements de Madame Pomfresh qui m'ordonnait de me rallonger illico presto. Si je n'avais pas été aussi shootée par cette montée soudaine d'adrénaline, elle aurait presque pu me faire peur.

Je m'apprêtai alors à retourner à la salle commune des Serpentards lorsqu'on me retint par le poignet.

- Ok, je me rends, Madame Pomfresh ! Pitié, ne me tuez pas ! implorai-je en joignant mes mains devant moi.

Bon, d'accord : Madame Pomfresh qui est énervée me fait peur.

Sauf que ce n'était pas elle qui se tenait face à moi...

- C'est pas vrai, il faut vraiment que tu arrêtes de faire ça, Lupin, ajoutai-je en repoussant sa main de mon poignant et en rebroussant chemin.

J'avais presque atteint l'escalier menant aux cachots lorsqu'il parla :

- Je suis désolé.

Je me retournai lentement vers lui. Il était pâle, très pâle même. Je m'attendais presque à ce qu'il tombe dans les pommes juste devant moi. Mais il continua :

- Je ne savais pas. Et je t'ai jugé trop vite. Je suis désolé.

Ces paroles étaient tellement inattendues que je restai quelques instants sans voix. Le silence se fit alors. Nous étions là, tous les deux, face à face, et le temps semblait s'être arrêté.

Puis, d'un coup, la porte de l'infirmerie s'ouvrit avec une telle violence qu'elle fit trembler tous les murs aux alentours.

- VOUS DEUX, VOUS ALLEZ TOUT DE SUITE RETOURNER DANS VOS LITS, SINON JE JURE PAR MERLIN QUE VOUS ALLEZ LE REGRETTER !!

La légende raconte qu'on entendit Madame Pomfresh jusque dans la tour d'astronomie.




Après avoir longuement débattu avec Pomfresh, j'avais enfin pu m'échapper de son emprise avant le dîner, en loupant comme convenu le cours de Binns (enfin une bonne nouvelle !). Je retournai alors à la salle commune et je vis Severus, assis à l'écart des autres. Sans lui donner le temps de s'échapper, je fondis sur lui.

- Ok, je sais, tu m'en veux encore d'avoir organisé cette soirée qui ne s'est pas tout à fait passée comme prévu... Oui, bon, ça va : qui s'est AFFREUSEMENT mal passée, corrigeai-je après avoir vu sa moue plus que septique. Je me suis déjà excusée et je m'excuse encore. Donc maintenant, tu vas arrêter et m'écouter. J'ai un plan pour exterminer Sirius Black.

Severus me regarda avec une expression blasée pendant plusieurs secondes.

- Très bien, je t'écoute, fit-il d'une voix solennelle, en joignant ses mains face à lui.

Une Serpentard chez les Maraudeurs ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant