Chapitre 3: Carter Wright

1.1K 85 5
                                    

"- Monsieur Wright, venez me voir s'il vous plait."

C'était le dernier cour de la matinée et il fallait que son foutu prof de littérature lui demande de rester. Il savait pourquoi le prof l'avait appelé. Un nouveau bulletin de colle, qu'il signerai à nouveau lui-même. Et comme d'habitude, il allait faire semblant d'écouter bien gentiment les remontrances de son professeur.

"- Vous m'inquiétez, Carter. Malgré la stabilité de vos notes, votre comportement se dégrade de jour en jour. Arrogance envers les professeurs. Les heures de colles se multiplient, tout comme les retards. Vous devez vous ressaisir. Prenez exemple sur votre sœur.

Le garçon soupira bruyamment.

- Ce sera tout?

- Faites attention, Carter. Vous êtes sur la mauvaise pente."

Carter sortit sous le regard insistant de son enseignant.

Il en avait plus que marre que tout le monde le compare à sa sœur. Celle que tout le monde considérait comme parfaite. Angela, la fille la plus populaire du lycée. C'était la fille intelligente et gentille. Lui, le petit frère sombre au cœur froid.

Si seulement quelqu'un connaissait la véritable identité d'Angela. Cette meurtrière. Elle avait plus de vingt meurtre à son actif. Il connaissait tellement bien son mode de procédé. La jeune fille usait d'abord de ses charmes pour séduire ses victimes. Elle les mettait à genoux jusqu'à ce qu'un homme l'emmènent dans son lit. En pleine action, elle égorgeait froidement sa victime. Sans aucune culpabilité.

Si l'on considérait sa famille, elle totalisait pratiquement le quart des meurtres du pays. Et il le savait, bientôt lui aussi on l'obligerait à tuer.

Carter partit à toute vitesse à travers les couloirs. Il avait besoin de solitude. Il se réfugia au même endroit qui emplissait sa morne existence d'un peu de sérénité. Le couloir dans laquelle il s'engouffra était sombre. Isolé. Il s'assit par terre.

Le couloir s'emplit doucement d'une douce mélodie. Une mélodie qui émanait de la salle de séjour. Le son était si doux. Il reconnaissait l'air. "Mélancolia". Le titre était parfaitement adapté aux notes sombres. Il l'aimait, cette musique. Elle lui faisait oublier sa famille. Les assassins avec qui il partageait sa vie. Le sang sembla disparaître quelques instants de ses prunelles sombres et froides. Qui pouvait savoir que la musique adoucissait ce garçon si sombre? Il n'avait rien d'un artiste. C'était un sportif. Un gamin de quinze ans avec de lourds secrets.

Écouter cette mélodie était devenue une habitude. Il venait là tous les midis sans jamais oser entrer dans la salle de musique. Il n'avait jamais su qui était l'auteur de ses quelques heures de libertés. Il se doutait bien que c'était une fille, même si il ne connaissait pas son identité. Ce secret lui plaisait. Il aimait imaginer la fille qui se cachait derrière ces portes. Il était presque tombé amoureux de cette fille. Ou du moins de sa musique. Amoureux de quelqu'un dont il ne connaissait même pas le visage. Il avait déjà essayait de rechercher l'identité de la mystérieuse violoniste. Mais de toutes ces connaissances, aucune n'avait la sensibilité et la mélancolie nécessaire. Le son du violon s'intensifia et le rythme s'accéléra, pour enfin se synchroniser aux battements de son cœur lourd de secret. Il regarda soudain sa montre. Bientôt la musique s'arrêterait il s'en ira. Il faisait toujours attention à s'en aller avant que la jeune fille sorte de la pièce. Il ne souhaitait surtout pas qu'elle découvre qu'un garçon l'espionne tous les jours. Elle et sa musique additictive.

Il sortit du couloir peu de temps avant la jeune violoniste. Avant de se diriger vers sa salle de cour, il ne manqua pas de laisser un dernier regard assassin à sa grande sœur.

ImpossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant