les tempestives

prologue à l'oubli

un jour
un jour les marronniers auront perdu leurs feuilles
et leurs troncs rêches affronteront la bise sèche de l'hiver grisonnant
qui courra dans les allées
et ils ne se balanceront plus au gré des vents
figés, gelés par les pluies verglaçantes de décembre
un jour ces jours-ci seront loin
dans les fonds marins opaques de notre mémoire
comme des poissons sans yeux qui errent sans lumière
et les souvenirs des étés et des hivers seront émoussés
aussi peu tangibles que cette pluie qui emporte les feuilles aujourd'hui
et qui se sera renvolée demain
et un jour nous serons lointains nous-mêmes
des poussières dans le vent
les parents d'une dune ou bien
si nous sommes chanceux, trois mots sur une stèle
écaillée par les rafales qui plient les marronniers en fleur