Chapitre 2/ partie 2

12 1 0
                                    

Je me relevai, ne parvenant pas à écarter le visage de Camilla de mon esprit.

- Je m'en vais me renseigner, ma tante doit être dans les parages. Déclarais-je. Cet incident a déjà dû affoler une bonne partie des nobles de la capitale. Mieux vaut ne pas propager cela en dehors de nos frontières...enfin du moins en ralentir la progression du mieux que nous le pourrons.

Avriel hocha la tête en signe d'approbation toujours avec cette froideur impressionnante. Je sortis alors des appartements de l'impératrice à la recherche de Camilla. La pénombre blanche était tombée depuis longtemps et il régnait dans les couloirs un silence plutôt surprenant. Habituellement l'effervescence de l'activité des servantes me berçait et m'aidait à trouver le sommeil. Personne ne les avait congédiées pourtant.

Je descendis les grands escaliers en songeant à cette crise de douleur traumatisante dont ma mère avait été victime. Et à cette déesse qui disait avoir été reniée. J'ignorais tout cela. Comme si la censure s'était propagée dans tous les grimoires et les traités d'histoire. Quoi que cela ne me surprenait guère, la famille impériale semblait cacher une quantité de secrets très effrayante.

Je réfléchis un instant pour savoir où j'aurais le plus de chance de retrouver la trace de Camilla. Dans un premier temps je pris le couloir Est pour me retrouver dans la salle que nous venions de quitter. Je poussai les grandes portes et débouchai dans un lieu déserté. Difficile d'imaginer que plus de cinq cents personnes s'y affolaient à peine quelques heures plus tôt. J'en fis le tour sans trouver le moindre signe de sa présence. Pourquoi serait-elle restée là ? Dans un deuxième temps je décidai de me rendre dans les jardins au premier niveau. Sans doute devait elle s'y trouver pour prendre l'air... Cela ne lui ressemblait guère, je devais me l'avouer. Faire le tour de la roseraie équivalait à parcourir de fonds en comble le palais entier puisque la taille de ce jardin et le nombre de variétés de roses m'était inconnue. Je ne fis que le tour du tronc massif du Crelyscandia et des trois temples sans non plus retrouver sa trace. Là non plus il n'y avait aucune raison qu'elle s'y trouve. En réalité il n'y avait aucune raison qui aurait pu expliquer le fait qu'elle se soit trouvée dans ce palais. En plein hivers, elle connaissait parfaitement les risques qu'elle encourrait, personne n'avait été prévenu de son arrivée. Cela ressemblait à tout sauf à sa manière de procéder. Cela n'avait pas de sens. Au bout d'une heure de recherche vaine je décidai de retourner au chevet de l'impératrice. Sur mon retour je ne croisai personne.

A nouveau dans sa chambre, je pus constater que l'état de ma mère ne s'était ni empiré ni amélioré. J'atteignis la fenêtre, l'air frais et humide que je perçus m'intrigua. Allait-il pleuvoir ? Je croisai le regard incrédule d'Avriel. Nous avions pensé à la même chose : un nouveau magicien dans ce royaume ? A cette heure ? Le déesse Pluie ne pouvait-elle donc pas choisir un autre moment ? Tous les magiciens avaient reçu leurs pouvoirs ainsi que leur titre cette année sauf moi, j'étais beaucoup trop âgée à présent, c'était impossible. Avriel écarquilla les yeux. L'averse commença à marteler les toits et un vent froid s'engouffra dans l'ouverture que j'avais laissée seulement quelques minutes plus tard. En regardant au loin je distinguai des nuages sombres et un grondement rauque résonna. Ce n'était pas une averse...non c'était un orage ! Cela signifiait bien plus que la naissance d'un magicien. C'était la naissance d'une impératrice. Serait-il possible que je puisse encore devenir la légitime impératrice ? Je fus prise de vertiges et n'eut pas le temps de m'agripper à la fenêtre. Mon corps avait déjà rencontré le sol. Avriel voulu s'agenouiller près de moi, je l'en dissuadai.

- N'approchez pas, je risque de vous brûler...

DémosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant