Conséquences

L'ouïe

Le bruit des machines enveloppait la pièce, Fred était assis dans le fauteuil et observait la poitrine de sa femme se lever à chaque bouffée d'oxygène qu'elle prenait. Elle avait une aide respiratoire, ainsi qu'une poche pour la nourrir. Elle avait complètement perdu la vue, deux semaines auparavant, puis son état s'était considérablement détérioré et Fred avait dû prendre la décision de l'emmener à l'hôpital.

Maintenant, c'était une question de temps.

Fred passait ses journées et ses nuits à l'hôpital ne pouvant quitter Alice. Il prenait tout de même une heure par jour à passer avec ses enfants, qui étaient gardés par Jacques et Joséphine.

Quand Alice avait définitivement perdu la vue, Fred avait quitté la brigade et avait pris des congés à durée indéterminée. Il voulait profiter au maximum des derniers instants qu'il avait à passer avec elle et ses enfants.

Paul et Victoria avaient pris soin de leur mère jusqu'à ce qu'elle entre à l'hôpital. Paul lui faisait la lecture pendant des heures tandis que Victoria restait dans ses bras. Perdre la vue avait été un autre coup dur pour Alice, mais elle ne voulait plus passer son temps à pleurer et voulait juste profiter de sa famille.

Djibril et Victor mangeaient tous les soirs avec la famille, il voulait à leur tour passer le plus de temps possible avec leur amie.

Fred releva la tête quand une infirmière entra dans la pièce, elle vérifia les constantes d'Alice et sortit de la chambre sans un mot, comme elle le faisait toutes les heures. Fred se leva du fauteuil une fois seul et s'approcha de sa femme. Il passa une main sur sa joue puis la descendit sur son cou, puis le long de son bras avant de se stopper sur sa main qu'il entrelaça. Il se pencha et posa un baiser sur ses lèvres.

Fred s'allongea à côté d'elle, sa tête blottie contre la tempe d'Alice, juste pour qu'elle puisse l'entendre respirer et qu'elle comprenne qu'il était là et qu'il ne la quittait pas, comme il lui avait promis. Fred observa l'extérieur, la nuit était déjà tombée, les journées étaient longues, mais rapides à la fois. Chaque jour qui passait, était un jour en moins à côté d'Alice, et donc un jour plus proche de sa mort.

Il ferma les yeux et sourit en posant un baiser sur sa tempe. Il était tellement fier d'elle, fier de la force qu'elle avait eu durant ces derniers mois. Elle s'était battue pour rester le plus longtemps possible aux côtés de sa famille. Il savait qu'elle ne lâchait pas prise, car elle voulait laisser du temps à toute sa famille de lui dire au revoir. Fred savait que ce n'était qu'une question de quelques heures maintenant ou peut-être quelques jours tout au plus. Les enfants étaient venus lui dire au revoir, Paul et Victoria n'avaient pas cessé de pleurer, tout comme Jacques et Joséphine.

Fred sourit en sentant la main d'Alice bouger, lui signifiant qu'elle était réveillée. Il l'embrassa même si elle ne le sentait pas, et approcha sa bouche de son oreille.

- Fred, murmura Alice difficilement, sa respiration étant très laborieuse.

Fred posa un baiser sur son oreille, pour qu'elle sache qu'il était là. Il la sentit se relaxer dans ses bras, il sourit et la serra un peu plus fort.

- Bonjour mon amour, murmura-t-il.

Le couple resta sans discuter pendant un long moment, savourant simplement la présence de l'un et de l'autre. Alice fut prise d'une quinte de toux et Fred l'aida à se redresser pour la faire passer. Il lui murmura que tout allait bien aller, il l'aida à se réinstaller dans le lit et reprit place derrière elle tout en gardant sa bouche contre son oreille. Alice s'installa sur son côté gauche et Fred s'approcha un peu plus d'elle.

- Tu sais, commença-t-elle hésitante.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Il sentit Alice prendre une grande inspiration, qui lui permettrait de parler longuement sans être prise d'une nouvelle quinte de toux.