Mardi 18 avril 2017, Paris
6h40. J'ouvre les yeux à la première sonnerie. 3 ans que j'ai la chance de pratiquer ce métier maintenant et j'y vais à chaque fois avec plaisir et excitation. Aujourd'hui je pars à San Francisco, 11h30 de vol avec des collègues que je ne reverrai peut-être jamais. C'est l'inconvénient de travailler pour une grosse compagnie aérienne. Nous sommes tellement nombreux qu'il arrive qu'on ne revoit jamais un collègue avec qui nous avons effectuer une rotation.
7h15. Petit-déjeuner OK, make-up OK, coiffure OK, uniforme OK, talons cirés OK, valise OK. Avec le temps et l'expérience (et beaucoup d'organisation), plus besoin de 3h pour me préparer, mon sommeil me dit merci.
11h00. Ça fait déjà 1h15 que l'avion est dans les airs. J'aime cette sensation de liberté, de voler. Je me sens à l'opposé de moi-même, moi qui n'arrive pas à me laisser aller, à respirer. J'ai toujours tout sous contrôle et c'est certainement à cause de ça qu'aucune de mes relations précédentes n'a fonctionné. J'ai fini par me dire que c'était ma faute, à 25 ans ma plus longue relation à duré 2 semaines et demi. A peine de le temps de se souvenir de leur date d'anniversaire. J'ai pensé aux débuts que les hommes n'étaient peut-être pas faits pour moi, alors j'ai commencé à fréquenter des filles, même constat. Depuis je me consacre à mon travail, à mes quelques amis fidèles et à moi-même. J'enchaine quelques coups d'un soir, par période, quand l'envie m'en prend et surtout, j'ai arrêté de me prendre la tête, je n'ai que 25 ans. Cela me permet de garder mes sentiments sous contrôle, je me sens mieux dans ce genre de relation qui n'aboutit pas car c'est moi qui en ai décidé ainsi, le contrôle je vous disais.
21h00 heure française, midi à San Francisco. 48h pour profiter de la chaleur californienne, de l'ambiance de la ville, et essayer de dormir aussi, un peu.
22h00 à SF. Je suis attablée en terrasse dans un des nombreux bars du centre de la ville. Il fait bon, je n'irai pas dire qu'il fait chaud mais en léger hoody je suis bien. J'étais avec quelques collègues pour diner mais ceux-ci ont préférés rentrer pour profiter à 100% de la journée de demain. Je comprend, c'est ce que je fais habituellement, même quand je connais déjà la ville, je ne veux pas perdre une minute. Mais ce soir, c'est différent, j'ai envie de profiter d'une autre façon. Je ne m'accorde que trop peu de soirées quand je suis en escale, alors même si j'ai été salement lâchée par les autres, je compte bien rester.
Minuit à SF. Deux heures que j'enchaine les verres de vin rouge californien qui n'ont presque rien à envier aux nôtres (presque). A ma gauche je remarque un homme, seul, lui aussi, qui à l'air de s'adonner au même programme que moi avec du vin blanc. Il est blond, le regard sombre, plutôt bien habillé, le style homme d'affaire, pas du tout mon style. Je dirai qu'il a la trentaine, visiblement pas d'alliance. Les quelques verres de vin me soutiennent dans ma démarche. Verre à la main je me lève, m'approche de sa table et au moment de m'assoir en face de lui, je sors une cigarette de mon paquet et lui demande,
(anglais traduit en français)
- Vous auriez du feu?
- Tu ne devrais pas fumer, tu vas abimer ta jolie peau, mais tiens. Dit-il en me tendant l'objet demandé
Connard. J'allume ma cigarette, et on se fixe jusqu'à que ce que je la termine et l'écrase dans le cendrier.
- Ma jolie peau te remercie du conseil, dis-je tout en soutenant le regard
- Que fais-tu ici, seule?
- La même chose que toi je présume
- Comment tu t'appelles?
- Écoutes, le californien (je n'ai aucune idée de si il l'est mais j'essaye de me donner de la constance). Ni toi, ni moi n'avons le temps pour ce genre de détails. Mon hôtel est juste à côté, tu me suis ou pas?
Nous voila en route pour mon hôtel qui se trouve à 5 minutes à pieds. Pendant le trajet il n'essaye même pas de faire la conversation. C'est parfait. Ce n'est pas la première fois que je fais ça mais à chaque fois j'ai l'impression de sortir tout droit d'un film. C'est fou, avec un peu de vin et un semblant d'ultra confiance en soi ce qu'on est capable de faire.

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Au dessus des nuages
General FictionElle passe la plupart de ses journées à environ 10500 mètres au dessus de vos têtes. Il est plutôt du genre à vouloir garder les pieds sur terre. L'histoire d'une hôtesse de l'air, Ionna et d'un rappeur, Nekfeu.