Chapitre 11

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On est encore au mois de septembre mais un air frais s'est installé depuis quelques jours. Je béni les dieux quand une brise passe sur mon corps. L'alcool, la danse, Ken. J'avais beaucoup trop chaud.

- Je n'ai jamais oublié, souffle t-il, sans même me regarder.

Je me retourne vers la ville. Il vient à mes côtés s'appuyer à son tour contre la rambarde,

- C'est beau non ?

- C'est même plus que ça, soufflais-je, c'est toute ma vie ici, je ne me verrai pas vivre ailleurs

- Pourquoi tu cherches à t'en éloigné tout le temps avec ton taff alors ?

- C'est pas pareil, c'est le travail et j'adore voyager. Quand je suis à l'autre bout du monde il y a toujours une part de moi ici, à Paris. Et puis je sais que ce n'est que le temps d'un voyage ou d'une escale, ma vrai vie elle est ici.

- Je comprend, je ressens exactement la même chose.

- T'as jamais eu envie de te barrer ?

- Plein de fois, j'ai voulu retourner auprès de ma famille, à Nice, la ou je suis né, ou même en Grèce, continuer ma vie au calme tu vois

- Qu'est ce qui fait que tu es encore la alors ?

- Mon autre famille, sourit-il, mes potes. Je pourrai pas sans eux

Je souris et allume une autre cigarette. C'est la première fois qu'on discute vraiment. Je lui tend mon paquet,

- Non merci, dit-il en secouant la tête, c'est fini depuis un moment pour moi ça maintenant

Je ne dit rien et continuer à tirer sur ma clope, il reprend,

- Et toi, t'as jamais pensé à arrêter?

- Je fume pas vraiment, c'est en soirée. Quand je suis seule la semaine je ne fume pas. J'aime l'idée de pouvoir arrêter quand je veux.

- Arrêtes alors, dit-il en haussant les épaules

Je souris et écrase ma cigarette à peine consumer dans le cendrier et le regarde fièrement,

- Trop facile, dis-je en souriant.

Je me dirige vers le salon de jardin et m'installe dans l'un des fauteuils. Il m'imite et s'assoie à côté de moi. Aucun de nous parle pendant quelques minutes. Le silence n'est pas pesant, il n'est pas gênant, il est naturel et aucun de nous deux n'a l'air contrarié par cette situation. Je commence à jouer avec les pointes de me les longs cheveux quand il brise le silence,

- On a jamais reparlé de cette nuit la, à Los Angeles...

- C'était il y a trop longtemps maintenant, dis-je en rigolant, je ne m'en souviens même plus.

Grosse menteuse, je me souviens de cette nuit et des moindres détails comme si c'était hier. Je me demande bien pourquoi d'ailleurs, je ne me souviens pas d'autant de détails des autres nuits passées avec d'autres hommes. J'ai l'impression que Ken exerce sur moi une force que je n'arrive pas à expliquer et je déteste ça. Il faut que je fuis, que je me détache, vite.

- Tu veux que je t'aide à t'en souvenir? me demande t-il d'un air charmeur

- Alors la tu peux toujours rêver, ça s'est passé dans une autre vie tu sais. Tu te souviens tu m'avais demandé si j'avais un homme dans chaque aéroport?

Il hoche la tête

- Et bien, oui, c'est vrai.

Je me lève sur ces mots et me dirige vers la baie vitrée pour rejoindre le salon. Je sens son regarde qui me brûle le dos. Je ne sais même pas pourquoi j'ai répondu ça, ça n'a aucun sens. Quel était le but recherché? Je n'en suis même pas sûre. Il doit vraiment penser que "je fais la meuf". Mais je m'en fiche, si ça peut l'inciter à se tenir loin de moi, ça m'arrange. Je n'aime pas les sensations qu'il fait entrer en moi.

Au dessus des nuagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant