Londres

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Vidéo à regarder en boucle pendant le chapitre...bonne lecture! ——————————————————————-

Severus Rogue transplana devant les grilles du château. Il revenait d'une assemblée de Mangemorts au cours de laquelle il avait été décidé de lancer un raid dans la ville de Londres. Il devait absolument prévenir Dumbledore sans quoi la moitié de la capitale serait à feu et sang dans quelques heures. Minuit. C'était l'heure qui avait été retenue pour attaquer. Dans deux heures. Severus arriva devant la porte, lança le mot de passe et monta les marches quatre à quatre.
-Dumbledore! Nous dev-...Oh.
Dumbledore était penché au dessus de la pensine, les yeux fermés.
-Professeur Dumbledore?..., risqua Severus.
Le vieil homme soupira.
-Qu'y a-t-il de si urgent, Severus?
-Je reviens d'une assemblée. Ils vont lancer un raid sur Londres. Minuit pile.
-Il nous reste moins de deux heures, Severus.
-Je sais! Mais estimez-vous heureux, Dumbledore, que j'ai pu vous informer de cette attaque! J'aurai pu ne pas réussir à m'éclipser! Dois-je vous rappeler les risques que je prends pour vous servir d'espion?, dit-il d'un air exaspéré.
-Je sais, Severus. Ont-ils un but? Une raison à leur attaque?
-Ils visent un quartier en particulier. L'un des leurs a repéré une famille de trois nés-moldus viennent de manifester leurs pouvoirs. C'est un cas très rare. Ils ont décidé de frapper pour marquer les esprits. Un né-moldu est déjà considéré comme une aberration, alors trois dans une même famille...ils veulent leur donner une leçon.
-Combien seront-ils?
-Une vingtaine, à ce que j'ai entendu.
Dumbledore toucha un pendentif bleuté autour de son cou, puis tendit la main vers Rogue.
-Prenez ma main. Nous partons.
-Seuls?
-Je viens d'appeler des renforts. Ne posez pas de questions.
Severus posa sa main sur l'avant bras du vieil homme et le bureau disparut dans un craquement sonore.

Les deux hommes réapparurent dans un quartier banal de Londres. Dumbledore regarda sa montre sans aiguilles. Il leur restait vingt minutes. Le temps de lancer des sorts de protection sur le quartier, les Mangemorts seraient là. Autant commencer tout de suite.
-Désillusionnez vous. Ensuite vous poserez des protections autour des maisons du quartier concerné. Dès que les Mangemorts arriveront,  vous lancerez un sort anti-transplanage sur le quartier en vous assurant que vous n'êtes pas dans la zone tracée. Ils ne faut pas qu'ils reçoivent des renforts. Puis vous transplanerez. Vous savez aussi bien que moi pourquoi vous ne devez pas être présent. Allez-y.
-Et je devrais vous laisser seul? Contre vingt hommes armés d'une magie aussi noire que leur cœur?
- Severus. Ne vous apitoyez pas sur mon sort. Faites ce que je dis. L'ordre va arriver. Ils ne doivent pas vous voir.
-Bien.
Severus se tourna vers les maisons et mît en place les protections nécessaires. Restait à espérer qu'elles ne seraient pas brisées. L'espoir. À cette époque l'espoir était un luxe. Et rarement efficace. De même que la peur. Il ne servait à rien d'avoir peur si on avait rien à perdre. Dans les rues baignées de silence, les habitants ne se sauraient jamais ce qui se passait dans le monde sorcier. Et c'était mieux comme ça. Ils n'auraient pas d'espoir, ni peur face à la noirceur de la guerre. Des événements qu'ils ne pouvaient pas contrôler.

Jetant un coup d'œil derrière lui, Severus entendit un craquement sinistre. Ils étaient là. Il était minuit pile, et déjà, les Mangemorts se mettaient en position de défense face aux membres de l'Ordre du Phœnix. Dumbledore lui adressa un signe de tête et Severus agita sa baguette, contemplant le filet doré du sort anti-transplanage se poser doucement sur les immeubles et tomber sur les combattants qui commençaient déjà à envoyer des sortilèges. Condamnant toutes les personnes présentes, de tous camps, à rester dans ce qui allait devenir un tombeau jusqu'à l'issue du combat. Sans possibilité de fuite ou de repli. Après quelques secondes d'incompréhension, les Mangemorts n'avaient pas tardé à reprendre leurs cruelles habitudes. Magie Noire. Sortilèges Impardonnables. Tout ce qui faisait souffrir, tout ce qui pouvait leur assurer une victoire simple et une mort lente et atroce à leurs adversaires. Severus attendit quelques instants, impuissant à cause des barrières magiques qu'il avait lui-même dressées. Il vit des éclairs verts fuser de toutes parts. Des explosions de lumière colorer le ciel nocturne. Au bout d'une minute, il ferma les yeux. Et transplana.

Dumbledore entendit le craquement caractéristique du transplanage. Rogue était parti. Désormais, il faudrait attendre la victoire de l'un ou l'autre camp pour pouvoir partir du champ de bataille. Oui, on pouvait appeler ce lieu un champ de bataille. Les combattants qui n'avaient pas encore été blessés, même légèrement, étaient rares. Dans les deux camps, les partisans tombaient ça et là. Des rayons rouges, bleus, et fréquemment verts traversaient la rue et un des arbres bordant l'allée avait été abattu à force de recevoir des sorts déviés par d'autres. On entendait le crépitement des maléfices qui se heurtaient et formaient un lien entre les deux adversaires qui s'efforçaient de rester debout, ployant sous la force magique des sorts combinés. Les blessés et les morts jonchaient le sol. C'était un massacre. Il fallait faire cesser le combat. Soudain, se rappelant le but de l'attaque des Forces du Mal, Dumbledore tourna la tête vers un homme qui grimpait les marches d'un perron, tout en maintenant un bouclier qui faisait ricocher les sorts. Il resta un instant les mains jointes vers sa baguette, puis tendit les mains vers la porte dans un geste brusque.
L'explosion retentit aussitôt. Des étincelles rouges se dispersèrent au milieu des combattants tandis que des pans de murs entiers s'écroulaient dans la rue. Le sort anti-transplanage ayant été détruit dans l'explosion, Dumbledore vit les Mangemorts s'enfuir en criant au repli. Cependant, il sût aussitôt qu'ils avaient échoué. L'homme en cape noire sur le  perron se retourna en souriant, sa mission accomplie. Il adressa un bref signe de tête moqueur à Dumbledore, qui reconnut très vite l'assassin. Rodolphus Lestrange. Ce dernier transplana avant que personne n'ai pu faire un geste.

Dumbledore se précipita à l'intérieur des ruines. À l'intérieur de la maison, ou du moins ce qu'il en restait, gisaient cinq corps. Les parents, allongés sur le sol. Ce n'était pas beau à voir. Le plafond s'était écroulé sur eux. Mais le plus atroce était le bain de sang dans lequel gisaient les trois enfants, les sorciers nés-moldus.
Un craquement retentit.

Dumbledore se retourna et se trouva face à Severus Rogue.
-J'ai pensé que le combat serait terminé. Il est cinq heures du matin.
-Je pense que vous devriez voir ça, Severus...
Dumbledore s'écarta pour laisser Rogue regarder le macabre spectacle. Les trois corps, hormis leurs coupures dues à l'effondrèrent du plafond, étaient pratiquement vidés de leur sang. Dumbledore fronça les sourcils en remarquant un détail qui lui avait échappé.
Sur la tempe de chacun des enfants, avait été taillée une croix. Comme une marque au fer rouge.
-Severus, qu'est-ce que ce pourrait être à votre avis?
Mais Severus ne répondit pas. Il gardait les yeux fixés sur les marques des enfants. Un mot. Un seul. Et cela suffisait aux Mangemorts pour commettre cet acte cruel. Une marque à la tempe. Cela ne pouvait signification qu'une chose...

Sang de bourbe.

Ce mot qu'il se forçait à prononcer lors des réunions des partisans des Ténèbres. Le mot qui revenait sans cesse dans son esprit depuis tellement longtemps...Ce mot qui avait brisé une amitié. Ce mot qu'il haïssait pour sa signification, ce mot qu'il avait pourtant prononcé tant de fois en compagnie des Serpentards de son année, puis avec les Mangemorts qu'il côtoyait à l'époque où le Seigneur des Ténèbres était encore parmi eux.

Severus se tourna vers Dumbledore.
-Je ne sais pas.
Puis il se retourna en serrant les poings et passa l'encadrement de la porte.
-Oh si, Severus. Vous le savez très bien..., lança Dumbledore d'une voix douce. Severus ne répondit pas. Il sortit dans la rue, vérifia que personne ne pouvait le voir et transplana.
Ce soir était un désastre. Les trois nés-moldus étaient morts. Il avait, une fois de plus, échoué.
Il commençait à douter qu'il puisse jamais réussir à tenir son serment à Lily.
Lily. Il lui avait jeté le mot à la figure. Et ça l'avait décidée. Elle avait brisé les liens qui les unissaient depuis l'enfance. Il l'avait mérité, mais il aurait voulu qu'elle puisse savoir ce qu'il faisait maintenant. Il avait échoué à la sauver, mais il soutenait la cause qu'elle avait soutenu elle même. Et il allait protéger son fils dès son entrée à Poudlard. Il le lui avait promis.
Il s'y était engagé, et il le ferait. Et il y serait tenu. À jamais.

Le SermentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant