Chapitre 3

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Je peine à ouvrir les yeux, éblouis par les rayons du soleil. Je sens la bave séchée sur le coin de ma bouche ainsi qu'un objet me faisant extrêmement mal au dos. Petit à petit, je prends conscience d'où je me trouve. Je me demande vraiment comment j'ai atterri sur la banquette arrière d'une voiture.

J'ai clairement un gros trou noir. Mon dernier souvenir intact correspond à la claque que m'a mise cette fille. Pour le reste, je n'ai même pas une bribe, rien du tout.

Je tourne la tête pour essayer de voir si je reconnais à qui appartient ce bolide, mais rien. Je ne reconnais rien, même pas les deux filles aussi présentes. J'avoue qu'elles sont toutes les deux plutôt jolies, ça ne me gênerait pas de savoir qu'il s'est passé un truc sympa entre nous hier soir. Apparemment je suis la seule à être réveillée puisqu'aucune d'elle ne bouge d'un poil. La plus petite est allongée en boule sur le siège passager avec un gilet en guise de couverture. A l'arrière de la voiture, l'autre adolescente prend tout l'espace possible dans le coffre. Je me demande vraiment comment elle a atterri ici. Pris d'un élan de panique en ne les voyant pas broncher, je décide de m'approcher pour vérifier qu'elles respirent toutes les deux. Je suis soulagée de savoir qu'elles sont juste avec Morphé.

Il se passe un long moment avant que je décide de sortir de la voiture qui est garée dans la rue juste devant chez Mathis. Je me rends alors compte que je n'ai plus ma chemise et que mon pantalon est à moitié mis. J'ai tout de même l'énergie pour me retourner et voir la voiture sous un autre angle. Je reconnais alors le modèle, un Renault Scénic première génération. Apparemment le propriétaire n'a pas trouvé nécessaire d'avoir toutes les vitres puisque celle du conducteur est couverte par une bâche en plastique transparente.

Je me rhabille comme je peux en marchant vers la maison puis j'ouvre l'immense porte d'entrée qui me paraît extrêmement lourde. Je fais face à un vrai champ de bataille : des verres partout, des vêtements, et même des gens au sol. Je zigzague comme je peux, car l'équilibre n'est pas trop présent. Je croise deux trois personnes dans le même état que moi et vois enfin quelqu'un de familier.

— Éva ! crié-je comme si elle était au bout de la terre.

Je lui tombe clairement dessus comme un gros cachalot. Je m'accroche à elle comme à une bouée de secours et c'est à ce moment précis que je deviens littéralement un gros bébé.

—    J'ai perdu ma chemise, lui dis-je l'air tout triste.

—    C'est sûrement une des filles que t'as baisées qui l'a.

—    Dis donc tu es vulgaire ce matin, dis-je outrée.

Malheureusement, elle a raison. Le problème ? Je ne sais pas du tout avec qui j'ai passé ma soirée, donc ça va être compliqué de retrouver qui que ce soit. Je me rappelle de la fameuse blonde, de la fille de la piscine, mais je ne sais plus du tout à quoi elle ressemble, et les deux filles qui étaient avec moi dans la voiture. Autant vous dire que je n'ai aucune chance de la retrouver. Je n'y suis pas forcément attachée, mais c'est l'une des rares chemises blanches que j'ai dans mon placard.

—    T'as vu, je n'ai même pas vomi ! dis-je fièrement.

—    Bravo, c'est un exploit, lance-t-elle d'un ton ironique.

—    Je crois que je vais vomir.

Ni une ni deux, je cours dehors et lâche un vomito de l'espace dans l'herbe. J'ai littéralement vomi toutes mes tripes. Assise, adossée à un arbre, je reprends mes forces. Je suis mitigée entre le fait que ça m'a un peu soulagée et le fait que je sais pertinemment que la deuxième vague va arriver. C'est à ce moment-là que je l'aperçois. Ma chemise !

IdioteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant