2, vision de rêve

13 2 0
                                    


Ken n'aurait jamais imaginé un jour faire un copieux petit déjeuner dans le très sélect et très cher hôtel Le Crillon, en compagnie d'une voyageuse sûrement venue d'une autre planète, aux alentours de 5 heures du matin. Les rares petit dej 'qu'il prenait dans ces eaux-là, c'était lorsque lui et sa clique sortaient des clubs et qu'ils s'arrêtaient à l'épicier du coin pour acheter des Princes au chocolat ou des Pepito, accompagnés de Fanta ou Coca.

Du moment où ils avaient franchi le seuil de l'établissement en courant, sous le regard béat du portier, Ken avait basculé dans la cinquième dimension.

Pour commencer, un employé avait fondu sur elle et lui avait parlé en anglais si rapidement qu'il ne comprit rien à leur conversation. Il capta juste le mot breakfast dans cet adage inconnu. Un autre vint prendre Shelta pour l'emmener dans un lieu étranger. 30 secondes après, montre en main, ils étaient conduits dans une salle déserte au décor éblouissant, et installés à une table ronde en marbre, aux sièges molletonnés et confortables à souhait.

Curieux, Ken observait les lieux et en prenait plein la vue. Si ses potes avaient pu le voir ici...

Ils ôtèrent leurs grosses vestes et il put remarquer qu'elle portait un sweat blanc de la marque Suprême. Capuche toujours vissée sur la tête.

-Tu es bien installé ? S'enquit-elle.

-Heu... Il serait difficile de ne pas l'être. Dit-il en prenant une voix imitant la convenance.

Elle rit et ôta enfin sa capuche. Une cascade dorée et brillante dévala sur ses épaules. Puis elle passa une main dans ses cheveux comme pour les dompter. Ken admirait le spectacle de cet ange auréolé. Elle le fixait, la bouche à peine ouverte, comme si elle était en plein stratagème de séduction. Il enregistra cette image dans sa tête, comme une photo mémorielle, et la rangea dans le tiroir « ne jamais oublier ».

Un serveur déboula et mit fin au show de la jeune femme. Il posa deux cartes devant eux, qui ressemblaient plus à des livres anciens étant donné leurs revêtements, qu'à des menus.

-Merci. Osa Ken avec un hochement de tête.

Le serveur s'inclina et disparut. Le jeune homme se pencha en avant.

-Bon, c'est quoi le truc ? J'ai gagné au loto, mais je ne suis pas au courant ? Je suis mort et je suis au paradis ? C'est chelou, avoue !

Vendetta fronça les sourcils, pas sure de le comprendre.

-Ce n'est pas un lieu que je fréquente habituellement. Non pas que je déteste le menu ou leurs fauteuils de ouf, mais je n'ai pas les moyens de me payer ce genre d'hôtel. Et comme par magie, tu déboules, telle une nymphe toute droit sortie de la Seine et je me retrouve au Crillon. Donc, est ce que je suis au paradis ?

Elle comprit enfin l'allusion et se pencha à son tour.

-Si pour toi le paradis, c'est de déjeuner ici, c'est que tu n'as encore rien vu des beautés de ce monde.

-Un point pour toi. Mais avoue que cet endroit est superbe !

La pièce en elle-même était une œuvre d'art. Grandes fenêtres aux teintures de soie ivoire, mobilier cérémonial, moulures aux plafonds, dorures royales, sol en dalles multicolores, le must des hôtels.

-Oui, c'est bien. Mais c'est juste de la déco. Fit-elle en haussant les épaules.

Ken la fixa gravement. Elle ne semblait pas sensible au luxe. D'ailleurs, sa tenue détonnait avec les lieux. D'habitude, les fortunés affichaient leur statut social en portant des vêtements coûteux, des bijoux hors de prix, mais pas elle. Elle portait du Suprême, ce qui en soi reflétait une certaine aisance pécuniaire, mais elle n'avait pas l'attitude d'une riche héritière.

L'AME SOEUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant