8, Wind you up

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Lundi. 12 heures. Off studio, quelque part en banlieue parisienne.

Très peu de monde à l'intérieur de ce local à deux étages, aux murs en bois, et au sol recouvert de tapis. L'artiste devait effectuer 1 heure de concert pour des personnes triées sur le volet, Ken allait en effectuer 5 minutes.

Jarle Bernhoft était un multi-instrumentiste, chanteur et compositeur de renom.

Pour son feat avec Ken, il lui avait d'abord envoyé le fichier par mail, avec la mise en place des pistes instrumentales sur lesquelles ils allaient devoir chanter en duo. Ken s'était entraîné en studio pour placer sa voix au bon moment, sur cette musique du compositeur. C'est ce qu'il avait expliqué à Vinny dans le taxi.

Jarle accueillit Ken à son arrivée et reconnu immédiatement celle qui l'accompagnait. Ils se mirent à parler en anglais, puis Jarle les invita à passer dans l'autre salle. Le matériel était déjà installé. L'artiste montra à Ken ou il devait se placer, face à lui. Seules les caméras du studio allaient tourner, et pas le droit de filmer avec les portables. Vinny s'en réjouit et trouva une place dans un coin sombre, avec vue imprenable sur le rappeur. Ken portait un pull en laine blanc et un jean noir. Les cheveux coiffés comme d'habitude, il était à croquer. Visiblement nerveux, ayant peu l'habitude de se produire en 8 clos, il ne montrait rien de son trouble. Mais Vinny savait qu'il avait la pression. Parce qu'elle était là, parce qu'il était tout seul sans sa horde pour le couvrir et parce que c'était un exercice difficile pour un rappeur de faire un feat en live avec un chanteur d'une autre origine. Ils n'avaient communiqué que par mails. Mais le courant semblait passer entre les deux artistes.

Jarle s'assit plus loin en face de lui, face à tous ses instruments. Ils firent des essais micro très rapide puis l'artiste frappa dans ses mains. C'était parti.

La chanson s'appelait Wind you up. Jarle commença à chanter, dans un style soul, de sa voix si particulière, en jouant sur son flow. À ses pieds, un clavier pour changer de basses et deux micros pour deux voix différentes. Impressionné, Ken bougeait la tête au rythme du son. Patiemment, il attendait son tour, fixant Jarle qui le mettait en confiance du regard. Au bout de 3 minutes en solo, au glas de la flûte de pan, il donna la parole au rappeur.

Ken entama alors par un couplet très rapide, dont il avait le secret. Sa main droite tenait le micro, sa gauche lui servait de catalyseur. Vinny fut surprise d'entendre sa voix nettement plus grave et travaillée. Il lui jeta un rapide coup d'œil et continua de rapper. Une veine gonflait au niveau droit de son cou à cause de la pression sur sa gorge. Un tel débit suscitait un effort certain.

-Peut-être que les mecs te mentent

Et non y a pas que les vêtements

Je ne pense pas que les rêves de grands me correspondent

Honnêtement

Des centaines de kilomètres de gens dehors

J'aimerais qu'on les mette devant

Ceux qui respectent le règlement ne le respectent pas

Correctement

Han, compter les miettes de temps, c'est entêtant, mais les

Mecs se pendent

Cependant, tout le monde s'étant quand c'est le dernier

Temps mort,

Checj le bête de gang quand j'entre en transe phénomène

Étrange quand j'entends tant d'tendances dans les têtes de

Ventes, je les traite ouvertement tonton,

Oui, j'ai la flemme de Rantanplan quand je guette le béton

L'AME SOEUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant