L'AME SOEUR

3, l'exposition

Dans le taxi, il avait envie de lui poser un million de questions. Il avait chuchoté la destination au chauffeur pour ne pas éveiller les soupçons de la belle. Il lui jetait des regards furtifs tandis qu'elle admirait les rues de Paris à travers la vitre. Même vêtue aussi simplement, elle était sexy. Elle dégageait un truc félin, animal. Son aura vivace illuminait la grisaille parisienne, comme un rayon qui perçait à travers les nuages. Elle était omniprésente, comme l'air qu'il respirait. Jamais il n'avait rencontré de femme aussi particulière. Et comme il avait déjà pu le remarquer, elle se cachait encore derrière de grosses lunettes de soleil noires, alors qu'il n'y avait pas l'ombre d'une lumière. Le ciel était d'ailleurs gris blanc, comme avant la tombée de la neige.

-Zéro degré, c'est sûr qu'il va neiger. Protesta le chauffeur comme s'il avait entendu ses pensées.

Ken et lui entamèrent une discussion au sujet du temps. Vendetta en profita pour scruter le profil du jeune homme. Son sourire seul était une merveille. Dénué de méchanceté, dénué d'hypocrisie, presque enfantin. Il était contagieux de bonne humeur. Son nez à peine busqué et pointu, mais tout en finesse avait sûrement des origines méditerranéennes. Quant à ses yeux malicieux, vifs et perçants parfois, juste assez en amande pour lui donner un regard sensuel, ils arboraient une adorable couleur noisette. Quelques poils ornaient le dessus de ses lèvres, petites mais très bien dessinées, et son menton. Un grain de beauté embellissait sa joue gauche et se fondait dans le pli d'une fossette lorsqu'il riait.

Ses cheveux bruns, d'une texture épaisse mais soyeuse, coiffés au gel au-dessus de son crâne, lui donnaient un air de gamin farceur. Son physique et son esprit ne faisaient qu'un. Lorsqu'il tourna la tête vers elle, elle se gratta le bout du nez et Ken compris qu'elle l'avait maté tout ce temps. Et il adorait ça.

Il demanda au chauffeur de s'arrêter à un distributeur de billets juste avant d'arriver au musée. Heureusement qu'il ne sortait jamais sans son portefeuille.

Puis la voiture s'arrêta face à un bâtiment en pierre d'époque, style manoir.

-Voilà les enfants. Ça fera 20 euros tout rond.

Ken lui donna un billet de 20 et ils sortirent du véhicule.

- Merci. Dit-il au chauffeur avant qu'il ne démarre.

Vinny observa les alentours puis leva la tête vers une banderole géante qui rehaussait le mur.

-Exposition des plus grands peintres impressionnistes. Tiens tiens...

-Suis moi.

L'entrée était située sous un perron arrondi doté d'une grille en fer forgé. Un employé les salua sur leurs passages. À l'intérieur, un guichet les attendait. Un homme d'un certain âge, coiffé d'un képi de guide, sourit à leurs approches.

-Bien le bonjour, vous êtes mes premiers visiteurs.

-Bonjour, je vais vous prendre 2 billets, s'il vous plaît.

L'homme fixa Vendetta, toujours affublée de ses lunettes de soleil, d'un regard curieux. Celle-ci fouilla dans son sac, mais Ken lui empoigna doucement le bras.

-C'est ma surprise. C'est moi qui paye.

Elle ourla ses lèvres pulpeuses, mais ne dit rien.

-Monsieur est un gentleman. Cela vous fera 24 euros s'il vous plaît.

Ken paya et il lui donna les billets d'entrée.

-On peut tout visiter ou...

-Faites-vous plaisir, il n'y a que vous. Prenez votre temps.