Prologue

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Je flotte au milieu d'un brasier. 

La douleur est immonde, suffocante. 

Elle lèche chaque parcelle de ma peau, s'enroule autour de mes membres, s'infiltre jusque dans mes veines. 

Tout m'échappe, je dois lutter pour garder un semblant de conscience. 

C'est une vague sensation de fraîcheur sous ma joue qui m'informe que je suis allongée à même le sol. Le carrelage est glacial, en opposition total au reste de mon corps qui n'est qu'un enchevêtrement de souffrances. 

Je puise dans mes dernières forces pour ouvrir les yeux. Ma vision est faible et flou, je ne distingue que des formes sombres qui se confondent les unes aux autres et me donnent la nausée. 

Un haut-le-cœur secoue mon estomac et m'arrache un hurlement de douleur. Pantelante, essoufflée, je dois me concentrer pour prendre une profonde respiration et chasser cette sensation d'étouffement qui serre mes poumons et ma cage thoracique. 

Mes souvenirs de la soirée sont brouillons, incohérents. Je revois les doigts de Dominic autour de mon poignet juste avant que celui-ci ne prenne un angle étrange, je me souviens du toucher de sa poigne se refermant doucement – fatalement – autour de ma gorge.

Puis le noir, cette impression de voler au-dessus de ma propre enveloppe corporelle. 

J'ai oublié la raison pour laquelle Dominic a une nouvelle fois perdu son sang froid, je sais seulement que cette fois-ci, une étape décisive a été franchie. Un cap au bout duquel la mort patiente...  

Une petite voix intérieur – ma seule amie ces dernières années – me chuchote de ne pas faiblir.

Si mon instinct de survie m'a bien appris quelque chose depuis mon arrivée chez Dominic, c'est l'importance de rester consciente dans ce genre de moment.

Je dois rester forte, ne pas flancher, je le sais, pourtant mes paupières sont si lourdes et l'oubli semble si proche, si apaisant. 

Le feu qui me dévore de l'intérieur prend de l'ampleur, grignote doucement mes dernières résistances. J'ai si mal... 

Mon coeur s'emballe, l'air me manque, la panique me gagne. Je ne survivrai pas. L'évidence s'impose à moi et me percute telle la balle d'un 9mm.

J'ai remporté de nombreuses victoires depuis mon premier round avec Dominic mais il semble que la récompense finale lui revient. 

Je n'ai pas la force d'appeler à l'aide. 

Une douce torpeur s'empare de mes idées et je me sens partir mais mon envie de vivre me rappelle à l'ordre. 

Je lutte, papillonne des yeux pour ne pas sombrer. 

Dans un soubresaut de volonté, je me concentre et tente de focaliser mes pensées,

J'ai du perdre la bataille et m'évanouir malgré tout car, quand je rouvre les yeux, il ne faut que quelques secondes à la douleur pour se rappeler à moi. Un gémissement m'échappe, brûle ma gorge sèche.

Je sais tout de suite que je ne suis plus seule dans la pièce. 

Il y a une soudaine agitation autour de moi, je perçois vaguement des voix, elles sont masculines, rageuses. 

Je me recroqueville sur moi-même, cherchant à échapper à la colère qui perce à travers leur timbre. Je ne pourrais pas en supporter davantage. Un coup supplémentaire pourrait m'être fatal. 

Ce simple mouvement me coupe la respiration et des étoiles blanches obscurcissent ma vue. 

Un bourdonnement emplit mon oreille gauche et c'est à cet instant précis que je réalise que je n'entends plus rien de la droite. 

Des pas font vibrer le carrelage sous moi, se répercutant dans chaque fibre de mon corps, décuplant au centuple mes souffrances. 

Les voix se rapprochent. Elles se sont plus fortes mais je ne parviens tout de même pas à distinguer ce qu'ils se disent.

Une main apparaît dans mon champ de vision et mon instinct me dicte de lui échapper mais mon corps, perclus de douleurs et épuisé, refuse d'obéir. Je reste là, passive, dans l'attente du prochain coup. Je ferme les yeux, cesse de lutter.

Mais aucune violence, si ce n'est la légère caresse d'un pouce sur ma peau, dessinant les contours de mon visage de ma mâchoire jusqu'à mon front. L'homme s'empare doucement, sans brusquerie, de mon menton et tourne ma tête de droite à gauche, comme pour examiner l'étendu des dégâts.

Un éclair de douleur explose derrière mes paupières et se propage jusqu'au bout de ma colonne vertébrale. Je serre les dents, gémissant pitoyablement.

Le bruissement de vêtements, un juron, des éclats de voix indistincts, une paume chaude et rassurante contre ma joue... Tout s'emmêle, se précipite, je ne maîtrise plus rien. Une peur viscérale se déverse dans mes veines, s'empare de tout mon être.

Je veux vivre, j'hurle ce mantra à tue-tête dans ma tête.

J'ignore qui ils sont, s'ils sont venus me sortir de cet enfer ou, au contraire, achever le travail... mais ai-je d'autres alternatives ?

- Aid... aidez...moi...

M'ont-ils entendus ? 

La main rassurante quitte mon visage, un vide sans nom se creuse dans ma poitrine. Cette impression d'abandon est pire que tout. Je suis seule depuis si longtemps...

Une chape de plomb tombe sur mes épaules, m'oppresse, je tente une dernière fois de m'adresser à eux, sans succès.

Mon corps me trahit, m'abandonne. Je me sens légère, l'obscurité m'accueille et, reconnaissante, je cesse de lutter.


>> Hello vous :) Voilà le prologue de ma dernière fantaisie. J'ai toujours voulu écrire l'histoire d'un amour à trois dans laquelle deux hommes forts prendraient soin d'une jeune femme un peu timide, un peu fragile. Voilà chose faite.

J'entame ce soir l'écriture de mon 23éme chapitre et je ne vous le cache pas : ça fait un bien fou ! J'ignore où nous mènera cette histoire, j'écris sans "storyboard" comme on dit, à l'instinct, selon mes envies du moment et pour le moment, ça me plaît plutôt bien.

Si vous apercevez une petite faute quelque part, hissez le drapeau que je rectifie ça rapidement !

Infernal Love - T1 - M/F/MOù les histoires vivent. Découvrez maintenant