Infernal Love - T1 - M/F/M

2 - Mave

Rocktown est pourrie jusqu'à la moelle. L'image de cellules cancérigènes me vient toujours à l'esprit quand je pense à ce que Rocktown était. Un cancer qui doucement gangrène et s'attaque à tous les organes qui l'entourent. 

Rocktown est malade. Bouffée de l'intérieur.

Chaque quartier, chaque ruelle, chaque recoin de cette ville comporte son lot de dealers, de tueurs, de violeurs, de pédophiles, de noirceur et de déchéance. 

Le mal s'est répandu dans ses rues et s'y est profondément installé.

Dominic Soreti est l'exemple parfait du genre de pourritures qui pullulent dans nos rues.

Un véritable fils de pute.

Une putain d'erreur de la nature.

Je n'ai pas d'autres mots plus forts, plus justes pour décrire cette sous-merde.

Sa richesse frôle l'indécence et pour cette seule raison, il se croit au-dessus des lois – si tant est qu'il en existe encore à Rocktown –, des hommes, de Dieu. 

Physiquement, c'est une force de la nature. Intellectuellement, il a le QI d'une moule doublé à celui d'une huître et encore, je pense être sympa. 

Trafiquant d'armes, il possède toute une ribambelle de petits commerces au centre-ville de Rocktown qui lui permettent de blanchir tranquillement, les doigts de pieds en éventail, son putain d'argent.

Sa connerie fait de lui un homme dangereux qui ne craint ni les autorités – rire jaune – ni la mort elle-même. 

Depuis le début de l'année maintenant, cette enflure a pris ses habitudes au Toxic's. 

Swen a bien tenté à plusieurs reprises de le blacklister mais à chaque fois, une de ses serveuses finissait par en payer le prix. A la sixième fille en arrêt maladie suite à une « étrange » agression, il a lâché l'affaire. 

Malheureusement, Dominic est un bon payeur et à chacune de ses venues, une horde de petits branleurs l'accompagne et consomme à foison. En somme, Dominic Soreti sort en moyenne plusieurs milliers de dollars par soirée au Toxic's, ce qui a drastiquement renflouer les caisses du bar. 

Aussi, Swen préfère fermer les yeux sur ses passages, dans la mesure où ces derniers sont limités ; une à deux fois par mois.

La première fois que Jed et moi l'avons croisé au Toxic's, j'ai du m'interposer entre mon frère et lui pour éviter à l'un ou l'autre de finir avec un membre en moins. 

Dire que Jed déteste ce fumier est un euphémisme et il ne l'a jamais caché. Depuis, dès qu'ils se croisent, toutes les personnes à proximité retiennent leur souffle dans l'attente d'une issue sanglante. 

Durant ce premier esclandre, alors que j'esquivais adroitement un coup de genoux, mon regard s'est posé sur une petite souris, à l'écart, qui détonnait au milieu de tant de violence et de débauche. Son regard empli de terreur et d'innocence m'a dévisagé comme si j'étais la seule personne dans la pièce et le monde s'est figé sans que je ne puisse rien y faire.

Cela m'a valu un sale coup dans la cuisse et une côte fêlée. 

Plus tard, dans la même soirée, j'ai appris qu'il s'agissait de Lilah, la nana officielle de Dominic Soreti. Il l'aurait visiblement « acquise » durant une vente aux enchères d'une ville voisine.

Minuscule, frêle, blonde aux immenses yeux verts eau, il se dégageait d'elle une sensualité addictive. Bien que maigre, loin des formes que nous aimons habituellement Jed et moi, sa beauté ravageuse nous a atteint en pleine poitrine.