04 - Reproches

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-       Oui. Mais laisse-moi te raconter tout ça, répondit Ania d’une voix douce.

Elle lança le diaporama sur l’Allemagne.

-       C’était la fin de l’été et j’étais décidée à reprendre mes études. Je me suis dit que l’Allemagne était un bon choix, la langue n’allait pas poser problème. J’ai donc décidé d’aller à Leipzig. J’ai commencé mon semestre en psychologie et j’y ai rencontré Mäx et Hannelore, deux idiots qui devraient finir ensemble si tu veux mon avis. Ils se sont longtemps moqués de moi à cause du fait que j’étais française et que je venais étudier en Allemagne.

« Je les comprends » pensa Emma.

-       J’ai commencé à enseigner les arts martiaux dans un dojo à Leipzig, pour financer mes études. Je ne voulais pas que mes parents paient la totalité de ma scolarisation. J’ai repris les entrainements aussi, mais je ne veux plus faire de compétition. Et quand mon semestre fut fini, j’ai décidé de partir au Canada, où la section psychologie était enseignée d’une manière bien différente de la nôtre.

Emma ne releva même pas les propos de son amie. Elle lui en voulait. Elle n’arrivait pas à comprendre ses choix. Et elle allait lui faire savoir.

-       Je ne comprends vraiment pas ce que t’es allée foutre en Allemagne. Tout ce que tu y as fait, tu aurais très bien pu le faire  ici, en France, avec tes amis et ta famille !

-       Ecoute Emma, répondit-elle, la regardant dans les yeux. Je sais que tu m’en veux, mais après la Chine, je ne pouvais pas simplement rentrer comme ça, et supporter le regard des gens. Notre accident avait fait la une et je ne voulais pas que les gens me voient comme un semi héros qui sauve deux de ses amis d’un tragique accident.

-       Je sais que tu l’as aussi mal vécu que nous, si ce n’est plus, mais ce n’était pas une raison de nous abandonner, dit Emma.

-       Je sais, et j’en suis réellement désolée. Mais pour une fois, je voulais faire quelque chose que je voulais vraiment. C’est toi qui me l’a appris; t’es le pilote ou le passager ? Tu diriges ta vie ou tu laisses les autres décider à ta place ?

Emma sourit à cette phrase. A une époque où Ania n’allait pas vraiment bien, elle avait décidé de lui botter les fesses. Bon, il faut se l’avouer, Emma n’était pas du genre bagarreur. C’était une pacifiste dans l’âme. En revanche, quand elle avait une idée en tête, elle ne l’avait pas ailleurs. Elle avait fait comprendre à son amie qu’elle ne la reconnaissait plus, que le mollasson devant elle, ce n’était l’Ania qu’elle adorait.

-       Et puis, rajouta la Ania avec un grand sourire, si je n’avais pas été en Allemagne, tu n’aurais pas eu tous ces colis de chocolats !

Elle sourit comme une enfant. Comment sympathiser avec Emma : offrez-lui du chocolat !

La porte d’entrée claqua et quelqu’un couru dans les escaliers. La porte s’ouvrit à la volée et une jeune fille brune fonça sur Ania.

-       ANIA ! cria la brunette.

-       Rebecca, sourit l’intéressée, la serrant dans ses bras.

-       Je suis tellement heureuse que tu sois rentrée, sourit Rebecca, avant de claquer deux gros bisous sur les joues de sa sœur.

Elle dit bonjour à Emma. Ania regarda sa sœur. Elle avait grandi, et avait pris du poids, perdant la maigreur qui la caractérisait tant par le passé.

-       Alors comme ça, on loupe les cours d’anglais ? Rigola Ania.

-       J’ai deux bonnes excuses. Je suis bilingue en anglais, et ma sœur a enfin décidé de revenir à la maison, rétorqua Rebecca.

Feel's HurricaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant