Chapitre 3

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  Le Bloody Hell était étonnamment plein. En effet beaucoup de vampires avaient été conviés et j'ignorais encore la raison. Alec m'entoura de son bras d'un signe protecteur ou possessif mais je supposais qu'il s'agissait surtout d'une manière de jouer le rôle. Les regards se portaient sur nous deux, enfin sur moi plutôt, et je savais désormais pourquoi j'attirais tant l'attention : mon parfum.

Des serveuses humaines transportaient sur des plateaux en verre des cocktails aux teintes rosées et des coupes de sang. Elles nous offrirent à chacun la boisson appropriée et je me dépêchai d'engloutir la mienne, l'alcool glissant le long de ma trachée me détendit automatiquement.

  -Je vois que tu as reçu notre invitation, Pam si je ne me trompais pas nous barra le chemin toujours avec ce rictus supérieur scotché à ses lèvres pulpeuses et bordeaux.

  -Avais-je vraiment le choix ? renchérit-il avec ironie en me maintenant plus fortement contre son flanc à la vue de l'intérêt presque pervers que la grande blonde m'accordait soudainement.

  -Quelle délicieuse humaine, elle roucoula en se dandinant autour de nous, Eric sera sûrement content d'apprendre qu'elle est ici.

  -Pourquoi serait-il content ?

Elle ricana et commença à s'éloigner en buvant une gorgée de son breuvage sanguin. Avec ses talons vertigineux et son corset en vinyle je passais pour une sainte à côté. Pourtant je l'enviais d'avoir autant d'assurance pour oser ce genre de tenues.

  Je m'attendais à croiser beaucoup d'humains mais la plupart des vampires venaient non accompagnés et cela m'inquiétait de me dire que j'étais l'un des seuls « repas », très appétissant en plus de ça, à trouver ici. Heureusement Alec ne m'abandonnait pas une seule seconde et sa présence m'apportait une certaine sécurité que, malgré l'impression de n'être qu'un object qu'il exposait, je ne souhaitais rejeter.

  -Pourquoi y a-t-il aussi peu d'humains ?

  -Parce qu'appartenir à un vampire est un privilège que peu d'entre nous accordent.

  -Tu parles d'un privilège, marmonnai-je en roulant des yeux.

Alec sourit l'air moqueur, il voyait très bien que leurs manières de voir les choses ne me plaisait pas. Loin de moi l'idée d'une fermeture d'esprit envers leur espèce sauf qu'elle se sentait bien trop supérieur à la nôtre et cela m'énervait.

  -C'est une sorte d'engagement pour nous tu sais. Se nourrir d'un seul humain et lui apporter protection signifie beaucoup.

  -Alors pourquoi fais-tu semblant avec moi si c'est un acte important ?

  -Parce que je dois beaucoup à Chems-Eddine.

Je m'apprêtai à renchérir, ma curiosité étant piquée à vif mais l'atmosphère changea brusquement. Le brouhaha des discussions s'affaiblit jusqu'à créer un environnement silencieux et les visages se tournèrent vers l'estrade où un homme de presque deux mètres se tenait : Eric. Il s'habillait d'un costume deux pièces gris qui semblait d'une très belle qualité. Un long pendentif glissait sur son cou et longeait son torse découvert de part sa chemise noire aux premiers boutons ouverts. Il passa sa main baguée sur sa chevelure blonde parfaitement plaquée sur son crâne et ce simple geste hypnotisa la foule. Il suffisait qu'il entre dans une pièce pour que tous les projecteurs soient braqués sur lui. Cela m'agacerait presque puisqu'il instaurait un climat d'autorité presque effrayant et usait de son charisme non pour faire le bien mais pour intimider et s'assurer que tout le monde suive bien ses directives. Mon analyse pourrait être erronée pourtant je me persuadais qu'elle détenait une bonne part de vérité.

Le goût du futurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant