Chapitre 4

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« - Il nous faut une quête ! s'exclame doucement Elias en soulevant une brique bien trop lourde pour lui.

- C'est même indispensable !! » répond Bogdan

Ils ne sont pas censés parler quand ils travaillent. D'habitude ils font attention mais cette fois ci un SS l'a entendu ; ce qui lui vaut une brutale mise à terre du SS en question. Elias retient un cri et détourne le regard tandis que Karol se précipite vers son double. Ils se serrent l'un contre l'autre ; comme si Karol lui donnait de son énergie pour le revigorer. Ils restent ainsi quelques minutes et le souffle de Bogdan s'apaise.

Le SS leur hurle de retourner travailler. Les jumeaux ne cillent pas. Lorsqu'ils sont tous les deux, rien ne semble pouvoir les atteindre.

- Dans notre quête il faut retrouver mon papa, reprend en chuchotant Elias, de peur de se faire aussi réprimander.

- Et notre maman, répond Karol toujours blotti contre Bogdan.

Le SS, Henry, a un pincement au cœur en entendant ces paroles. Bien sûr, il est en accord avec tout ce qu'il se passe ici mais ce sont des enfants ; et si les siens étaient là, il trouverait ça inhumain. Selon l'article 12 du camp de Buchenwald où il a travaillé avant de venir à Auschwitz, il devrait les fusiller pour être en train de parler pendant le travail ou les condamner à une mort par étranglement. Henry l'a déjà fait. Seulement, jamais sur des enfants. Les enfants, il n'y touche pas ; du moins par pour leur faire très mal.

Un autre SS s'approche vivement d'eux. Henry se tourne vers les enfants et pose discrètement son index sur sa bouche pour leur dire de se taire. Bogdan se relève d'un bond et se remet au travail. Karol lui demande si ça va par un haussement de sourcil auquel il répond par un petit hochement de tête.


Le plan que David a élaboré est risqué. Non, plus que risqué : dangereux. Très dangereux. Être Sonderkommando est au-dessus de ses forces : il est prêt à tout pour sortir de cet enfer. Une nuit, il se glisse à pas de loup hors de son baraquement. Heureusement pour lui, personne ne l'entend. A la lueur de la lune, David scrute le sol à la recherche d'une pierre pointue. Au bout d'un petit quart d'heure il en trouve une qui fera l'affaire. Il se met alors à la tâche ; c'est à dire découper la parcelle de peau où se trouve son tatouage. David retient un cri de douleur et tous les muscles de son corps se crispent quand le sang se met à couler. Une fois la totalité retirée, il attrape sa couverture et se fait un garrot avec un bout de bois. Il a perdu pas mal de sang mais ça devrait aller. Il rentre dans son baraquement aussi doucement qu'il en est sorti et se recouche par terre de peur de réveiller quelques personnes aux sommeil léger.


Après une longue journée de travail, Rachel s'écroule dans les bras de Jeanne. Elle est brulante de fièvre. Jeanne se met à paniquer. Elle court vers le SS le plus proche et lui fait toucher son front. Dans la seconde qui suit, ils courent vers l'infirmerie. Les SS sont très paradoxaux... Pourquoi se donner tant de mal alors qu'ils pourraient tout simplement l'abattre sur place sans que personne ne trouve ça bizarre ?

En arrivant à l'infirmerie, Jeanne pleure plus que jamais. Elle ne peut survivre ici sans sa petite sœur... C'est elle qui lui permet de tenir, de ne pas lâcher prise...de se battre !

« - T'a pas le droit d'abandonner maintenant, ne me laisse pas... » murmure Jeanne entre deux sanglots.

L'infirmière les mène vers un des seuls lits vides. L'infirmerie est blindée. Quand il n'y a plus de place à l'infirmerie, les SS ont pour ordre de poignarder les mourants pour « faire de la place ». Alors ceux qui croient que l'infirmerie est l'endroit le plus sûr.... se trompent lourdement.

Auschwitz Birkenau, berceau de tous les fardeauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant