Chapitre 5

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« - On récapitule, chuchote Juan d'un ton solennel, notre quête consiste à retrouver David, le papa de Elias, et Marie, la mère de Bogdan et Karol. Ensuite, on sortira avec eux de cette prison.

- Je sais comment faire ! s'exclame Karol des étoiles plein les yeux

- Bien sûr.... soupire Juan en levant les yeux au ciel

- Il faut travailler. Vous avez vu l'écriteau « Arbeit macht frei » à l'entrée ? Eh bien sachez que cela veut dire « Le travail rend libre ». C'est maman qui me l'a dit.

« - Très bien, continue Juan vexé que Karol ait trouvé à sa place, on travaille le jour pour être libre et on va chercher vos parents la nuit en tant que super-héros. »

A la suite de ce joli discours, tous quatre affichent leur plus beau sourire. Leur quête est lancée et dans leurs esprits d'enfants, rien ni personne ne va les arrêter.

Seulement, leurs accoutrements et leurs piaillements ne passent pas inaperçus très longtemps. Une nuit, un SS, bien plus cruel que Henry, attrape les quatre enfants et les traîne dans un autre baraquement que le leur. Le cœur d'Elias tambourine dans sa poitrine. Ce baraquement-ci est tout proche de la caverne du dragon...


Lorsque l'aube pointe le bout de son nez, la plaie de David n'a pas du tout cicatrisé. Il déchire alors un pan de son pyjama rayé pour remplacer la couverture. Durant la journée, son équipe de Sonderkommandos a l'amabilité de ne pas poser de question. Heureusement pour David car il n'est pas très bon acteur. Pourtant, vu la suite de son plan, il va falloir qu'il le soit...

Quelques fois, les fours crématoires ne fonctionnent pas et les Sonderkommandos doivent alors bruler tous les corps à l'air libre. Une image répugnante que j'ai vue il y a quelques jours avant de vomir tripes et boyaux. Jamais plus je ne recommencerai à regarder ces terribles épisodes. Tout ça pour en venir au fait que David prit un gros bout de bois du bûcher pour le cacher au fond de son baraquement dans la journée.

La nuit tombée, il sortit de son baraquement à pas feutrés et tenant son bout de bois de sa main valide. Sa blessure avait bien cicatrisé pendant la journée mais elle le fait toujours beaucoup souffrir. Les nuits précédentes il avait repéré une ronde de SS à proximité. En effet à une centaine de mètres devant lui se trouve un SS campé sur ses positions. Henry, le SS en question, ne l'entend pas se diriger vers lui n'a même pas le temps de hurler quand celui-ci lui l'assomme par derrière. Henry est à terre ; inconscient mais vivant. David n'est pas un meurtrier, s'il avait tué quelqu'un il ne s'en serait jamais remis. En plus, il lui valait la vie de son fils. Mais ça, il ne le savait malheureusement pas.


Jeanne est au chevet de Rachel qui est de plus en plus mal en point. Elle n'a même pas le droit de rester toute la journée car elle doit aller travailler. Rachel a été diagnostiquée positive au typhus et Jeanne ne sait pas si elle l'a attrapé. A chaque fois qu'elle vient voir sa sœur, les larmes lui montent aux yeux et elle pleure pendant au moins 10 minutes avant de se calmer. Le typhus à cette époque est malheureusement incurable.

Depuis sa déportation, Jeanne était comme dans un état second. Elle s'était refusée de penser à Emile ou de pleurer son quotidien. Mais la maladie de Rachel a fait déborder le vase et elle ne peut maintenant plus contrôler ses pleurs.

Auschwitz Birkenau, berceau de tous les fardeauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant