Chapitre 2

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La voiture s'arrêta devant la maison des Kim.

« A quelle heure est-ce que les parents seront de retour ? demanda le chauffeur.

- Aonze heures et demie, au plus tard, répondit Yunoh en s'examinantdans le miroir du pare-soleil. »

Il voulait faire bonne impression pour son premier baby-sitting. Il passa sa main dans ses cheveux, de sorte à ce qu'ils ne viennent pas se poser dans ses yeux, mais repassa ses doigts dedans afin qu'ils ne soient pas trop en pagaille.

« Vous êtes sûr qu'ils vous reconduiront au dortoir ? s'enquit l'homme d'un ton légèrement sévère. Vous ne préférez pas que je vienne vous chercher ?

- Ne vous en faites pas pour moi. Et si jamais j'ai un problème, je vousappellerai. »

Il lui sourit et replaça son manteau sur ses épaules. « Mais ne vous empêchez pas d'aller dormir si vous êtes fatigué. » Yunoh sortit de la voiture et regarda son chauffeur s'éloigner. La perspective de la soirée à venir était excitante, mais aussi stressante. Il ne cessait de se demander s'il allait faire du bon travail. Après tout, Yeongho avait raison ; il ne s'était jamais occupé d'un bébé. Il lui était déjà arrivé d'être en contact avec des enfants, mais ne s'était jamais retrouvé réellement seul avec un nouveau-né. Il espérait vraiment qu'il serait capable de le protéger et d'en prendre soin.

En inspirant profondément, le chanteur chassa ses appréhensions dans un coin de son esprit et se concentra sur son attitude, pour tâcher de paraître aussi compétent et confiant que possible.

La maison des Kim faisait partie d'une rangée de pavillons jumeaux bâtis sur une colline derrière de grands jardins en pente. Le portail en bois grinça sur ses charnières quand Yunoh le poussa. L'allée qui menait à la maison était craquelée, irrégulière. Le jeune homme remarqua que les plantes du jardin étaient un peu rabougries et que la pelouse était envahie de mauvaises herbes. Il se fit une petite remarque à lui-même, se disant qu'ils ne risquaient pas d'avoir ce genre de problème chez eux avec Kun dans les parages.

La maison elle-même avait un seul étage, avec de petites fenêtres dont les encadrements avaient manifestement besoin d'un coup de peinture fraîche. Une lumière jaunâtre, peu engageante, brillait derrière une fenêtre de l'étage et la verrière du rez-de-chaussée. Le porche, quant à lui, n'était pas éclairé. Au premier coup d'œil, cet endroit avait l'air triste et négligé, provoquant un petit pincement au cœur du chanteur.

Yunoh monta les marches jusqu'à la porte d'entrée et sonna. La sonnette émit un bruit électronique discordant. Au bout d'un moment, la porte s'ouvrit à la volée. Un homme, grand et mince, avec d'épaisses lunettes à monture d'écaille, apparut sur le seuil.

Il avait un visage long et des épaules voûtées, plutôt étroites. Yunoh devina qu'il devait avoir la trentaine. Il avait sur la joue droite, une tache de naissance marron d'à peu près la taille d'une pièce de dix pence. Le coréen détourna rapidement le regard, pour ne pas s'y attarder avec trop d'insistance. Il fut aussi étonné de voir que monsieur Kim portait la tenue traditionnelle coréenne. Son gat laissait apercevoir qu'il s'était fait un chignon. « Tu es ponctuel, dis donc ! J'aime ça ! dit-il en souriant. Entre. »

Quand il s'avança dans le couloir, il ajouta plus bas, en se plaquant un doigt sur les lèvres : « Ma femme est en train de mettre Ryo au lit. » La porte se referma en claquant derrière Yunoh, qui sursauta, n'ayant pas vu monsieur Kim la toucher.

Ensuite, il remarqua une curieuse odeur de moisi dans le couloir, comme si la maison avait besoin d'être aéré. Le papier peint était sombre, vieillot, et le couloir était éclairé par une ampoule faiblarde suspendue dans un abat-jour qui avait besoin d'être débarrassé de ses toiles d'araignées.

Le chanteur ne put s'empêcher de repenser à la remarque de Yuta concernant une possible séquestration dans la cave, et frissonna. « Je t'en prie, après toi » dit Monsieur Kim en se frottant les mains et en indiquant une porte du menton. Yunoh l'ouvrit et le précéda dans le salon.

Monsieur Kim entra sans bruit derrière lui, comme s'il flottait. Une étrange musique d'orchestre sortait d'une antique radio en bois posée sur un buffet. Yunoh balaya la pièce d'un regard étonné. La décoration était d'un style rétro, avec des meubles anciens et du papier peint à fleurs. Même les photos accrochées aux murs et les bibelots posés sur la cheminée étaient d'époque, parfaitement coordonnés. L'ensemble lui rappela des photos des années cinquante qu'il avait vu dans le vieil album de ses grand-parents. « Ma femme va descendre dans une minute, assura monsieur Kim. Ryo fait ses dents. Ça le rend parfois pleurnicheur et grognon. Il y a des nuits où c'est l'enfer d'essayer de l'endormir. »

Il haussa un doigt, la tête penchée comme s'il guettait un bruit, les yeux levés vers le plafond derrière ses verres épais. « Écoute. » Le chanteur tendit l'oreille quelques secondes. « Je n'entends rien » finit-il par dire. Monsieur Kim hocha la tête avec un sourire ravi et se frotta de nouveau les mains. « Je crois qu'il s'est enfin endormi. Ma femme va descendre d'ici une minute ou deux. »

L'homme s'approcha de la radio et se baissa comme pour l'écouter de plus près. Il fredonna un moment en battant la mesure avec un doigt, comme un chef d'orchestre. « Tu aimes la musique, Yunoh ? » demanda-t-il avec un sourire. Le garçon en question acquiesça et répondit :

« Oui. Et c'est pour cette raison que j'ai voulu devenir chanteur.

- Oh,vraiment ?

- Oui,je fais partie d'un groupe masculin. Et j'ai aussi pas mal devinyles chez moi.

- Toutle monde aime la musique, lança une voix qui le fit sursauter. »

Madame Kim était entrée sans un bruit dans la pièce et se tenait derrière lui. Elle était presque aussi grande que son mari et encore plus mince que lui, avec des joues creuses et des yeux perçants, enfoncés dans leurs orbites. Elle aussi portait une tenue traditionnelle. Ses cheveux étaient tirés en arrière et tenu à l'aide d'une barrette.

« C'est un plaisir de te revoir, Yunoh, dit-elle. J'espère que mon mari a réussit à te mettre à l'aise. Nous aimons tellement avoir de la visite dans cette maison !

- Oui,merci, répondit le coréen en essayant vivement de se remettre del'apparition inopinée de la jeune femme avant d'ajouter, d'une voixqu'il espérait détendue et compétente. Cette pièce estincroyable. Ça a dû vous prendre un temps fou de trouver tout ça.

- Excuse-moi,Yunoh, mais que veux-tu dire par là ? demanda madame Kim enfronçant les sourcils.

- Etbien, votre style de décoration, expliqua le jeune homme, nerveux. C'est très original. »

Le couple Kim le regarda d'un air égaré.

« Yunoh, je ne comprend pas de quoi tu parles, dit monsieur Kim, à son tour.

- Oh,je suis désolé. Cela n'a pas d'importance. C'est très joli. »

Yunoh,brûlant d'embarras, sentit ses joues rougir. Les trucs « rétros » n'étaient donc pas une allure qu'ils se donnaient ; c'était juste leur façon d'être. Tout comme le fait qu'il porte les tenues traditionnelles alors qu'il ne s'agissait pas d'un jour de fête. Le chanteur eut envie de se donner une claque. S'il voulait faire une bonne impression, il commençait mal. Il s'en voulu d'avoir jugé ces personnes, qui avaient simplement un mode de vie différent du sien, un peu atypique...

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Je m'excuse du léger retard, mais voilà le second chapitre, qui nous permet d'en découvrir un peu plus sur la fameuse famille chez laquelle Yunoh s'apprête à faire son baby-sitting ;) ♡♡♡

Be Quiet, Don't Cry [Jaehyun-NCT]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant