Sunburn [Seulrene] - Red velvet

Chapitre 8

Joohyun fouillait dans le petit meuble qui lui servait principalement pour entasser des cartons et tout ce qui pourrait lui servir un jour ou l'autre. Cela faisait bien dix minutes qu'elle trifouillait en soulevant des cartons vides, ou remplis, des boites fourre-tout où elle avait des poignées et des poignées de stylos fonctionnant plus ou moins pour certains.

Lorsqu'elle trouva ce qu'elle cherchait depuis le début, un sourire étira ses lèvres, et elle se dépêcha de retourner s'asseoir pour débuter sa carte de remerciement. Elle ne savait pas encore exactement ce qu'elle allait écrire, si elle jouait comme Seulgi sur le ton de l'humour, ou si elle répondait sincèrement à sa carte, avec sérieux.

Joohyun était un peu coincée, à devoir faire un choix cornélien. Certes, elle avait envie d'être amusante et de faire rire à son tour Seulgi, mais elle n'était pas très douée pour cela. La jeune femme n'avait jamais eu d'amis et ses relations sociales s'étaient résumées à ses parents, les médecins et le petit étudiant qui tenait la caisse de la supérette du coin, Jaebum. La franchise n'était pas non plus l'option qu'elle avait absolument envie de prendre. Il était vrai que cet élément était primordial, mais elle n'avait pas réellement envie de s'ouvrir à cette adolescente assez téméraire pour sauter dans la gueule du loup.

Pendant de longues minutes, elle fixa le petit morceau cartonné jaune qu'elle avait. Enfin, elle supposait qu'il était jaune uniquement avec l'aide de la petite bougie qui lui servait d'éclairage pour la pièce entière. Joohyun gonfla les joues, comme si elle n'avait plus le temps de trainer, et étrangement, cela lui rappelait lorsqu'elle devait passer ses examens à domicile. Elle se demandait d'ailleurs quel âge avait Seulgi, si elle allait au lycée ou déjà la faculté. C'était un point sur lequel elle enviait le monde entier, car ses pieds n'étaient jamais entrés dans une salle de classe.

Son stylo-plume entre ses doigts, elle souffla en vidant entièrement ses poumons. Elle se pencha légèrement en avant et commença à écrire. Son écriture était beaucoup plus agréable à voir que celle de Seulgi. Ses lettres étaient dans une calligraphie parfaite, ses majuscules agrémentées de fioritures superflues. Lorsqu'elle mit le point final, elle secoua doucement le papier pour que son encre sèche plus vite. La petite carte glissée dans une enveloppe, elle inscrivit le prénom de sa destinataire dessus et elle se prépara pour faire ses courses.

Lorsqu'elle sortit de sa maison, sa porte fermée à clef, elle s'approcha des marches de son perron, et elle regarda de l'autre côté de la rue. La lumière était encore présente dans la demeure de la famille Kang. Elle traversa sa propriété, la route, et s'en rapprocha. La chambre de Seulgi donnait sur la rue, et si elle se penchait dehors, la vue était parfaite pour voir chez Joohyun. Cette dernière était d'ailleurs assise sur le rebord de sa fenêtre, comme à son habitude. Elle semblait complètement plongée dans son livre, et la jeune femme n'arrivait pas à en voir la couverture depuis l'endroit où elle était.

Sa présence n'allait pas facilement se voir, et ce n'était peut-être pas si mal. Elle souleva le rabat, et glissa sa lettre dans la fente. Sans faire exprès, Joohyun enleva sa main, et le choc des deux morceaux en fer la fit sursauter, ainsi que Seulgi qui venait de quitter sa page pour voir ce qu'il se passait. Ses yeux croisèrent ceux de Joohyun, même si elles étaient à plusieurs mètres, c'était comme si la lueur qui en émanait venait de la frapper en pleine face.

Joohyun ne savait pas pourquoi, mais le seul geste qu'elle fut capable de faire à part décamper à toute allure, piquée de honte, était de lever la paume de sa main vers Seulgi, comme pour lui dire bonsoir. L'adolescente lui offrit un sourire si chaleureux, qu'elle perdit toute sa bonne humeur, tournant finalement les talons pour quitter les lieux.

L'image de ses parents lui était revenue en tête sans crier gare. Des larmes étaient montées toute seule, et son nez la démangeait, comme si elle avait envie d'éternuer. Seulgi ne l'avait pas remarqué, et Joohyun aurait sûrement été rassurée de le savoir, mais elle n'avait pas envie d'avoir la confirmation de quoi que ce soit. Elle partit juste dans la direction de la supérette, sans perdre son temps.