Chapitre 3 : Le deuxième rendez-vous

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Me revoilà devant cette même chambre d'hôtel. Un an, jour pour jour, s'était écoulé depuis ma première rencontre avec elle. Et je me maudissais intérieurement d'être ici. Je regardai cette porte contre laquelle il me fallait cogner et j'étais plus incertain que jamais. Pourquoi donc avais-je accepté ce rendez-vous ? Sa demande de réservation était arrivée il y a quatre mois. Lorsque son nom était apparu, mon cœur avait paniqué. Elle avait probablement suivi régulièrement mon agenda sur le site, car elle m'avait envoyé un message dès qu'il avait commencé à se remplir aux alentours de sa date d'anniversaire. Ma première intention avait été de refuser, mais je n'avais pas réussi à trouver le courage d'appuyer sur le bouton de rejet. Je m'étais torturé l'esprit pendant des jours entiers, partagé entre mon instinct qui voulait la revoir et ma raison qui me disait que ce n'était pas une bonne idée. Je m'étais alors demandé ce qu'elle ferait si je n'acceptais pas son rendez-vous. Aurait-elle contacté un autre escort ? Si oui, lequel ? Je m'étais mis à regarder les profils des autres mecs disponibles sur le site pour voir qui aurait pu être assez bien pour elle. Mais le simple fait de l'imaginer avec ces types m'avait foutu la nausée. Je ne pouvais pas les laisser la toucher. Elle était trop vulnérable pour être salie par des parasites pareils. Voilà pourquoi j'avais cédé. Voilà pourquoi je me retrouvai, une fois de plus, ici.

Je toquai. Elle avait choisi exactement la même chambre, comme si ce lieu nous appartenait. J'étais très nerveux. Cela ne m'arrivait jamais avec mes clientes. Pourquoi donc mon cœur ne voulait-il pas arrêter de battre si fort ? Elle ouvrit rapidement. Ce fut une Marissa gênée qui me fit face. Elle portait une robe rouge carmin qui moulait son corps à la perfection. Je ne pus empêcher mes yeux de se balader sur ses courbes qui avaient hanté mes rêves plus d'une fois. Habillée ainsi, elle était une véritable provocation. À moitié cachée derrière la porte, elle ne parvenait pas à soutenir mon regard.

— Bonsoir Marissa.

Elle hésita une seconde avant de me répondre.

— Bonsoir.

— Je peux entrer ?

Elle se poussa pour me laisser le passage libre. Tout comme la dernière fois, j'avançai jusqu'au milieu de la pièce. Tout comme la dernière fois, elle resta loin de moi, collée au mur. Elle attendait que je parle. Et je savais qu'il me fallait parler. Il me fallait prendre la situation en main. J'avais accepté le rendez-vous, il me fallait assumer et assurer. Il ne pouvait en être autrement. Mon métier n'était pas des plus honorables, mais j'essayais de le faire avec intégrité et professionnalisme.

— Bon anniversaire, lui dis-je d'une voix que je m'efforçai de faire douce.

Honteuse, elle baissa la tête et la rentra dans ses épaules. Ne comprendra-t-elle jamais que la honte n'était pas sur elle, mais sur moi ?

— Tu n'as pas changé, mon petit escargot, m'amusai-je, le sourire aux lèvres.

Elle me regarda, interloquée.

— Mon petit escargot ? s'étonna-t-elle.

— Tu n'aimes pas ton surnom ?

— Tu me compares à un escargot ? Est-ce que c'est pour te moquer de moi ?

Elle semblait peinée.

— Pas du tout, c'est affectueux.

— Un escargot, c'est dégueulasse. Ça bave partout et c'est lent.

Je rigolai. Je me rapprochai d'elle.

— Un escargot, c'est adorable, la contredis-je. Il porte tout le poids de sa maisonnette sur son dos et il est tellement craintif que dès qu'on le touche (je frôlai légèrement son front, elle rentra sa tête dans ses épaules) il se recroqueville sur lui-même pour se cacher dans sa coquille.

Escort boy ( en auto-édition )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant