Pinky Cheek/ Nomin

Chapitre 2

Jeno se retrouva seul dehors parce qu'il avait dû fuir ses parents. Cette situation n'était plus vivable. Il repensait à sa vie à l'université et à l'école en général, avant que tout ne dérape. Il aimait étudier, lorsqu'il en avait le temps il adorait apprendre. Et il en avait le temps lorsqu'il restait dans sa chambre pour ne pas tomber sur ses parents et de potentiellement subir les conséquences de leur énervement.

Il n'avait pas de téléphone portable, ses parents lui interdisait. Et il devait emprunter l'ordinateur du salon pour recevoir les cours de Ryujin. Ses parents ne le savant évidemment pas. Il n'avait pas d'argent pour s'en payer un. Il ne savait même pas quelle heure il était. Il commençait à faire jour donc il devait être six ou sept heures.

Il errait dans les rues sans aucun buts. Une âme perdue en quête de réconfort.

Il ne savait pas ou il se dirigeait. Il ne connaissait pas bien la ville parce que ses parents étaient souvent mutés et ne restaient jamais longtemps. Ce qui était pratique pour les parents de Jeno qui pouvaient alors cacher leurs violences envers leur fils. Quelques voisins s'en doutaient mais ne disaient rien. Dans ce quartier très aisé, il fallait savoir rester discret lorsqu'une déviance se présentait.
Une sorte de solidarité mal placée. Parce que ca pourrait compromettre le bon fonctionnement de leur sphère privée de richesse excessive.

Il marchait depuis quelques heures déjà. Il ne savait pas ou aller. Il avait faim, il avait soif. Mais tout ça, les besoins primaires comme les besoins tout court, il avait appris à les taire. Ne jamais se plaindre. Ses parents avaient-ils autant d'impact sur lui?

Le passé était de l'histoire ancienne maintenant. Jeno devait aller de l'avant. Se prendre en main. Mais il en avait tout sauf envie. Une partie de lui voulait toujours sauter du pont, l'autre voulait se battre et prouver au monde qu'il n'était plus qu'une simple victime de sa situation. Qu'est-ce qui le retenait en vie à présent? Il repensait aux violences de ses parents dont il gardait les cicatrices, ses brûlures par exemple. Il devait attendre qu'elles cicatrisent d'elles mêmes parce qu'il n'avait pas la protection necessaire pour bénéficier des aides de l'hôpital. Il n'avait pas non plus envie de se diriger vers les services sociaux. Il etait adulte donc il devait se débrouiller. Aux yeux de la société en tout cas, ça fonctionnait comme ça. Il était sans domicile fixe au même titre que beaucoup de personne qui traînaient comme lui dans les rues remettant en question le fonctionnement injuste de cette société, où le plus riche est le plus fort.

Jeno se dit qu'au début ce n'était pas difficile de vivre en étant sans domicile. Ce qu'il voulait dire par là, c'est qu'il n'avait plus besoin de courir partout pour répondre aux attentes de ses parents, le temps maintenant il en avait, beaucoup plus qu'avant.

Il devait aller à son travail aujourd'hui mais il avait décidé qu'il n'irai plus. Il n'en voyait pas l'intérêt. Étant donné que ses parents géraient son compte bancaire, il ne pouvait plus faire grand chose d'autre. De toute façon, ce n'était pas un travail passionnant et ses collègues n'étaient pas très accueillants de ce qu'il avait vu parce que la plupart du temps Jeno travaillait seul. Il ne s'en plaignait pas bien sûr, mais il se sentait un peu seul, au travail comme dans sa vie.

A part son amie de l'université qui paraissait elle aussi un peu à l'écart des autres, il ne connaissait personne.
Il ne pouvait pas faire de nouvelles rencontres à son travail, car déjà le lieu ne s'y prêtait pas, le contexte non plus et enfin ses clients étaient la plupart du temps des adultes qui dépassaient la quarantaine. Pas qu'il ne pouvait pas parler aux adultes mais il avait un blocage car il considérait que si ses parents étaient comme ça avec lui alors les autres adultes aussi.
Dans ces moments là, il n'avait pas le recul nécessaire pour penser clairement. Son corps réagissait avant son esprit.
Alors il ne faisait que de régler le montant de leurs achats, et il regardait les gens venir, partir et revenir parfois.