F.U.T.U.R.E

Double Face

Un grand bruit la réveilla de son sommeil cotonneux. Des éclats de voix.

Sarah ouvrit difficilement les yeux, l’esprit encore embrumé. Après de grandes inspirations, elle se leva en titubant pour finir le visage collé à la grille, les mains enserrant les barreaux.

La scène qu’elle vit lui glaça le sang.

Un jeune garçon était couché au sol, subissant les coups des gardiens. La première chose que Sarah remarqua, fut la couleur de son uniforme. Il était d’un rouge identique au sien, d’un rouge sang. Ensuite, elle aperçut le visage du nouveau prisonnier. Elle serra les dents. Ce garçon avait un visage très doux, il devait certainement être plus jeune qu’elle. Mais ces traits étaient perturbés par une grimace de douleur et des trainées de sang.

Trop de sang.

Cela faisait bien longtemps que l’adolescent avait perdu connaissance. Malheureusement, ils s’en fichaient.

La jeune fille savait ce qu’elle risquait mais elle avait pris bien trop de vie. Alors si elle pouvait en sauver, ne serait-ce qu’une seule, elle devait agir.

-Vous n’avez pas honte de tabasser plus faibles que vous ? Oh, désolée, j’avais oublié à quel point vous l’étiez.

-Oh mais c’est la meurtrière qui défend la victime… Tu veux peut-être prendre sa place ? rétorqua un garde à la voix pâteuse.

Sa gorge se serra mais elle n’en démordit pas pour autant. Son plan marchait bien. Un peu trop en fait.

Les gardiens délaissèrent le corps du garçon pour venir former un arc de cercle autour de sa cellule. Le garde à la voix pâteuse déverrouilla sa porte et le trio avança lentement, menaçant. Ils sentaient l’alcool, et elle savait que ça ne présageait rien de bon pour elle.

Tout en les fixant, la jeune fille tenta de reculer. Mais c’était sans compter ses étourdissements. Elle se prit les pieds dans le maigre drap qui lui servait de couverture. Elle se retrouva vite acculé dans le coin de sa cellule.

Un des hommes empoigna sa matraque, déjà couverte de sang, et lui lança un regard mauvais. Elle détourna le regard, cherchant une échappatoire.

-Regarde-moi ! tonna celui-ci.

Avant qu’elle n’ait put esquisser le moindre geste, elle sentit la fraicheur du métal sous son menton. Il y donna un coup sec, ce qui lui fit relever la tête. Elle toisa ses agresseurs.

L’un d’eux se retourna. Elle crut naïvement qu’il allait partir et rompit donc le contact visuel pour se concentrer sur sa respiration. Mais, en 2087, le métier de gardien était très éprouvant, ils ne refusaient donc jamais une petite distraction, surtout en état d’ébriété.

Ce garde ne s’était détourné que pour rajouter de la puissance à son crochet. Malheureusement pour l’un comme pour l’autre, Sarah avait de très bons réflexes.

Elle intercepta le poignet de son agresseur et, d’un mouvement souple, le brisa. Son mouvement, décuplé par la rage, envoya son assaillant au sol.

Dommage qu’il soit matelassé, pensa amèrement la jeune fille.

-Tu as gagné un ticket pour le trou ! cracha-t-il, envoyant une gerbe de sang sur le sol immaculé.

Un de ceux encore debout lui envoya un violent coup de pied en plein visage. Elle eut vaguement conscience de heurter le sol, elle sombra avec l’image des paupières clauses de son protégé…

Le trou ? pensa-t-elle, avant de s’enfoncer dans un sommeil sans rêve.

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