Bétharram

3

Heureusement cela n'arriva pas.

Enfin "heureusement" ne constitue sans doute pas la formule adéquate, car si mon corps n'atterrit pas dans les flammes, il s'écrasa tel un boulet de pierre sur le sol.

BOUM !

L'impact fit un bruit de tous les diables dont l'écho se propagea tout autour de moi, manquant de me faire perdre connaissance une seconde fois. Ma vision se troubla, quelques éclairs blancs et bleus illuminèrent mon champ de vision avant d'être dissipés par des battements de paupières. Enfin je pus observer ce qui m'entourait bien que je ne fusse pas plus avancé.

Je me trouvai dans une grotte, encore, où il faisait froid et humide sans oublier les ténèbres - bien que moins épaisses qu'auparavant. Grâce à cela je parvins à distinguer quelques formes aux allures étranges, paraissant à la fois immobiles et en mouvement, mais immenses pour mes yeux.

Mon corps était tellement meurtri par tous ces mauvais traitements que je parvenais à peine à bouger le petit doigt sans qu'une vive douleur ne fasse avorter ma tentative. Mon corps semblait recouvert de plomb incandescent alors que des frissons glacés le parcouraient. Mon souffle s'était fait rauque dans ma gorge et je sentais le minéral s'enfoncer dans ma chair.

Comment une telle chose avait pu se produire ?

La réponse m'échappait et seul un sentiment d'injustice m'enveloppait.

Pourquoi ? Pourquoi moi ?

Encore ces mêmes questionnements qui venaient polluer mon esprit. Aucune réponse ne vint et ne viendrait sans doute jamais. Une chose était sûre : je ne devais pas rester là.

De nouveau je sentis cette puissante vague déferler sur moi, mélange étrange de peur, d'instinct de survie et de souffrance.

J'exhortai alors à mon corps à bouger, ne serait-ce qu'un peu. Efforts qui demeurèrent vains.

Un flot de larmes involontaires se mit à couler sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. J'étais à leur merci.

Pourtant la volonté et l'espoir de parvenir à bouger ne m'avaient pas quitté. Réminiscence d'un instinct primaire.

Un bras fini par obéir, bientôt suivi par l'autre, et enfin les jambes malgré l'effort herculéen que cela requerra.

Ramper me semblait à nouveau possible.

Millimètre après millimètre, mon corps se mut avec encore moins de vélocité qu'une limace.

Ridiculement ironique.

Ma tête aussi suivait le mouvement sans que je n'ose tenter de la soulever.

Le temps n'avait plus d'emprise sur moi. Mon corps n'était plus capable de ressentir, anesthésié par la douleur. Le Néant. Seul l'écho de mon souffle rocailleux et les sons provoqués par mon avancée se faisaient entendre dans cette grotte caverneuse où j'étais tombé, me renvoyant à ma propre solitude. Pourtant après un temps, qui aurait pu être très long ou court, je commençai à entendre un son qui n'était pas émis par moi.

J'en étais sûr.

Au départ je crus l'avoir imaginé, mais non, il était bien là. Il semblait même se rapprocher.

Était-ce à nouveau cette entité qui m'avait attaqué plus tôt ?

Le doute, bien que mince, était permis.

Qu'était-ce ? Une bête ? Un homme ?

Tout ce que j'espérais c'est que ça ne soit pas la Chose.