- Je…je vais prendre l’air ! lança Azzeddine le souffle court.
Julien tenta d’ouvrir la bouche, de tendre le bras vers son ex amant, mais ni Baptiste, ni lui n’eurent le temps de le retenir. Il avait franchi les portes de l’appartement et était descendu à vive allure. Il n’était pas encore prêt. Pas aujourd’hui ! Pas maintenant ! De quel droit Julien choisissait le moment où ils devraient se revoir ? Il n’avait pas le droit de prendre cette décision à sa place ! C’était à lui de déterminer quand il voudrait à nouveau poser son regard sur lui !
En arrivant enfin à l’extérieur de l’immeuble, Azzeddine ne respirait pas mieux. Il tentait vainement de calmer les battements frénétiques de son cœur, mais c’était peine perdue. Ses deux amants, sa plus belle histoire d’amour n’étaient qu’à quelques mètres, c’était bien trop près. Il ne s’était pas préparé à ça. La journée avait été suffisamment chargé en émotion sans que Julien ne vienne en rajouter ! Pourtant, il savait bien qu’en venant à Angers, il allait le recroiser, qu’il allait devoir affronter tout ce qu’il avait passé quatre ans à refouler. Mais à cet instant, la colère l’aveuglait et l’empêchait de voir qu’au fond, il n’avait qu’à remonter ces marches, franchir cette porte d’entrée, dire ce qu’il avait sur le cœur et il respirerait beaucoup mieux.
*
Julien ne savait plus ce qu’il ressentait. Joie ? Tristesse ? Espoir ? Désespoir ? Colère ? Apaisement ? Il était submergé par trop d’émotions contradictoires. Il était venu ici pour pouvoir se calmer, pour obtenir enfin du soutien, il avait besoin de parler. Mais à la place, il avait l’impression de s’être jeté dans la gueule du loup. Le destin avait décidé de s’acharner. Comment pouvait-il même espérer gérer les propos de ses parents et le retour d’Azzeddine ? Il avait appelé ce retour de ses vœux, il l’avait voulu de tout son cœur, mais maintenant qu’il était là, que faire ? Azzeddine l’avait à peine regardé avant de quitter l’appartement. Était-ce un signe ? Cela voulait-il dire qu’il devait retourner vers sa famille ?
- Ju’, qu’est ce qui se passe ? s’inquiéta Baptiste.
Tiré de ses pensées, Julien releva les yeux vers lui le cœur serré. « Qu’est-ce qui se passe » ? Trop de choses Baptiste ! Trop de choses ! Il ne saurait même pas par où commencer désormais. Mais il savait qu’il n’arriverait pas à parler pour l’instant, alors il se réfugia à nouveau dans ses bras et Baptiste l’accueillit de bon cœur. Il laissa des larmes couler sur ses joues, sans vraiment savoir pourquoi. Était-ce de la colère contre ses parents ? La souffrance de ne pouvoir être soi-même ? La joie de retrouver Azzeddine et la déception de le voir fuir ? Sans doute tout ça à la fois. Et c’était tout ce dont il était capable pour le moment.
Il ferma les yeux un instant et tenta de se concentrer sur le positif. Il était venu chercher les bras de Baptiste et il les avait trouvés. Ils l’entouraient amoureusement, le protégeaient. Il se sentait à sa place, bien plus que quelques minutes plus tôt, chez lui.
Baptistine.
Il ne pouvait s’empêcher de voir sa fille dans son esprit. Si les propos de ses parents passaient en boucle dans sa tête, il se sentait également coupable. Il avait peur de ne pas réussir à la protéger comme il le devait, et aussi de lui faire trop porter le poids de son masque. Et ses parents ! Ils ne méritaient aucune excuse de sa part !
- Julien dis-moi, répéta Baptiste, il s’est passé quelque chose ?
Il posa son visage délicatement sur son épaule. Il avait besoin de ça.
- Depuis quand Azz est là ?
La voix de Julien était à peine audible. Tu ne t’en sortiras pas comme ça ! Azzeddine n’est pas le sujet.
VOUS LISEZ
On Fonctionne à Trois
RomanceJulien, Baptiste et Azzeddine vivent une magnifique histoire d'amour à trois, jusqu'à ce qu'un événement imprévu ne les sépare...