Triste Célérité [Ｎｅｋｆｅｕ]

10 - Stoïque

Pensive, Serayah observait les étoiles emmitouflées sous une grosse couverture, sa fille à moitié endormie dans les bras. Sa semaine avait été compliqué et longue. C'était la dernière semaine de Ronnie avant qu'il retourne à sa véritable vie, à L.A.

Lundi, lorsqu'elle était rentrée après avoir posé Aliyah à l'école, c'était un Ronnie abattu qui l'attendait à son appartement.

Ils avaient alors parlé pendant des heures et des heures, expliquant chacun le pourquoi de leur colère. Ronnie avait exprimé sa jalousie vis-à-vis de Ken, il n'avait pas l'habitude d'autant les partager. Il se sentait délaissé, mis de côté, au profit de cet homme qui n'était qu'un inconnu il y a quelques mois pour lui.

Elle lui avait alors expliqué qu'il n'avait rien à craindre, que Ken ne prendrait jamais sa place de Papito dans le cœur d'Aliyah, mais ce n'était pas ce qu'il l'inquiétait. Non. Son inquiétude était causée par sa manière d'agir lorsqu'elle était près de son ex, la manière dont elle le regardait, la manière dont elle était gênée en sa présence.

Alors Serayah avait menti. Elle avait menti parce qu'elle n'avait pas d'autre solution. Elle n'allait tout de même pas lui dire qu'elle était retombée amoureuse du père de sa fille depuis plusieurs mois déjà. Alors elle avait promis qu'il n'avait pas à s'en faire et avait coupé court la conversation, enchainant sur une séance de câlins pour le réconforter.

Après ça, elle avait ignoré tous les messages de Ken la semaine qui suivie, bien qu'ils ne soient que très peu nombreux, elle ne voulait se laisser aucune chance de craquer une fois de plus alors que Ronnie était présent, à se battre pour sauver leur mariage.

Serayah serra un peu plus fort sa fille contre elle et soupira. Après ça, elle avait eu une réunion parent/professeur où on lui avait expliqué que sa fille s'acclimatait de moins en moins bien à sa nouvelle vie. Aliyah était très renfermée apparemment et se disputait régulièrement avec ses petits camarades, allant jusqu'à utiliser des mots virulents pour un petit enfant et la violence. Et lorsqu'on lui demandait pourquoi est-ce qu'elle agissait comme ça, elle disait que si elle était suffisamment méchante elle retournerait enfin à sa vraie maison.

Ça avait choqué Serayah. Elle qui n'avait d'habitude que des louanges au sujet de sa fille tombait de haut. Elle s'avait qu'elle avait eu du mal à se faire à sa nouvelle vie, mais Serayah pensait que c'était passé, que ça allait mieux. Visiblement elle avait eu tort.

Après ça, elle en avait parlé avec elle, calmement, cherchant à savoir ses réelles motivations. Alors autour d'un chocolat chaud et d'une tartine de pâte à tartiner, Aliyah avait avouer que ses copines lui manquaient, que sa maison lui manquait et qu'elle voulait plus être séparé de Ronnie. Elle avait avoué qu'elle trouvait ça injuste que Ken prenne la place de son Papito et qu'elle soit obligée de changer de maison chaque semaine.

Alors Serayah tomba encore plus bas lorsqu'elle comprit à quel point est-ce qu'elle avait merdé en acceptant de cacher la paternité de Ken. Elle n'avait pas su gérer la situation et clairement, les retombés étaient tranchants.

Bien sûr elle n'en n'avait parlé à personne, sa fille lui faisait confiance, elle ne voulait pas trahir ça. Alors elle lui avait réexpliquer la situation, que Ken avait toujours été son père, que ce n'était que temporaire, que bientôt tout rentrerait dans l'ordre. Aliyah accepta de faire des efforts et cela s'était soldé par un câlin mère/fille bien mérité.

Et pour couronner le tout, aujourd'hui, Ronnie et elle avait encore une fois passé la journée à faire des activités de couples sur Paris, pour renforcer les liens de leur mariage. Ils avaient fini la journée sur une balade et une fois arrivé au milieu du Pont des Arts, ils s'étaient arrêtés pour observer la magnifique vue qui s'offrait à eux. Et dans un élan de courage, Ronnie avait osé faire une demande plus qu'inattendue : un bébé.